- C3
- 8es
- Monaco-Braga (1-1)
Élimination en Ligue Europa contre Braga : AS Monaco, illusions perdues
Deux semaines. C'est le temps qu'il aura fallu à la saison de Monaco - déjà pas si bien embarquée - pour chavirer, de l'élimination en Coupe de France à Nantes à celle contre Braga en Ligue Europa, en passant par un triste revers chez un concurrent direct en Ligue 1, Strasbourg. Toujours aussi perfectible dans le jeu, la formation de Philippe Clement n'avance pas et ne propose pas grand-chose, match après match.
Nous sommes le 6 mars, Philippe Clement peut exulter et taper dans la main de chaque membre de son staff avec détermination. Dominée en première période, son AS Monaco vient de réussir un joli coup sur la pelouse du Vélodrome grâce à un pion de Gelson Martins (0-1), avant de mettre en échec les quelques velléités phocéennes. Trois jours après sa sortie de route en Coupe de France à Nantes (2-2, 4-2 TAB), le club de la Principauté accrédite la thèse de l’accident et se relance une énième fois dans la course à la qualification européenne en championnat. Oui, mais en fait non. Trois matchs plus tard, ce Monaco-là peine toujours à produire du jeu et n’a trouvé la faille qu’une seule fois, sur une tête de Disasi ce jeudi soir à l’orée du temps additionnel.
Deux semaines en enfer
Trois rencontres venues prolonger le calvaire : une nouvelle désillusion en Ligue Europa et un revers à Strasbourg (1-0). Depuis le 3 mars, Monaco a donc pris la porte dans les deux coupes et vu les places européennes s’éloigner encore un peu plus en championnat, faisant montre de leurs – nombreuses – limites à la Meinau face à un concurrent direct inattendu. Pire, la formation de Philippe Clement n’a montré aucune envie, aucune révolte, aucune personnalité. Contre Braga encore, Aurélien Tchouaméni et consorts n’ont jamais su allumer la flamme, comme ont pu le faire Lille ou Rennes, malgré un déficit de deux buts avant la manche retour. Ni Nordistes ni Bretons n’ont finalement pu renverser la vapeur, mais eux pourront dire qu’ils ont tout essayé.
Cette nouvelle prestation insipide s’inscrit dans la lignée de ce Monaco qui vivote depuis le début de la saison, bien loin de la formation flamboyante de Niko Kovač qui avait illuminé le premier semestre 2021, au point de venir chatouiller les mollets du PSG sur le podium. Remercié pendant la trêve, le Croate doit bien se demander ce qu’a apporté la venue de Philippe Clement. « Nous avons fait une analyse très approfondie de la situation, avec beaucoup plus d’informations que n’importe quel commentateur. Parfois, il faut prendre des décisions sur le long terme », justifiait le directeur sportif Paul Mitchell ces derniers jours dans les colonnes de Nice Matin. Juste avant de voir son entraîneur tancer pour l’une des premières fois ses ouailles avant ce match décisif pour l’avenir européen du club. « Je veux voir une équipe qui se bat jusqu’au bout à chaque fois. J’ai dit les choses comme je le pensais dans le vestiaire, a lancé Clement en conférence de presse. L’attitude de ne pas se battre, c’est impossible ensuite de gagner face à une équipe qui a une bonne mentalité. Je suis déçu, en colère. » Sans effet, en tout cas pour le moment.
Et maintenant ?
Le bilan de Philippe Clement depuis son arrivée est de cinq victoires, quatre nuls et cinq défaites toutes compétitions confondues depuis sa nomination. Mais l’entraîneur semble bien accroché à son Rocher, malgré trois petites victoires en Ligue 1 depuis janvier (Clermont, Lyon et Marseille, donc). « J’ai une totale confiance en lui. C’est un gagnant, un coach extrêmement studieux et travailleur, l’a défendu Mitchell. Nous lui apporterons tout notre soutien. Il faut être patient et lui laisser du temps. Le dernier coach a eu notre soutien pendant seize mois, Philippe a besoin du même. Il sera un excellent investissement dans les saisons à venir pour le club. »
Il n’empêche : Monaco va de nouveau terminer la saison sans trophée. Et se demande surtout auxquels il pourra prétendre l’an prochain, alors qu’une qualification européenne – pourtant déterminante dans la politique du club – est désormais hypothétique. Dix matchs à jouer, six points et trois places à combler sur… Strasbourg : tout est encore possible, mais il va falloir se retrousser les manches au risque de voir le ciel s’assombrir encore un peu. En espérant également que Dmitri Rybolovlev ne soit pas à son tour sanctionné en représailles de l’invasion russe en Ukraine, à l’image de Roman Abramovitch à Chelsea. En attendant, c’est contre le PSG que les Rouge et Blanc vont devoir relever la tête, et ce, dès dimanche. Quel peut bien être le plus malade des deux ?
Par Tom Binet