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Élection présidentielle de la FFF : on vous fait le topo
Ces mardi et mercredi se déroule l’élection présidentielle de la Fédération française de football, pour laquelle les listes de Pierre Samsonoff et Philippe Diallo s’affrontent. On vous fait le topo.
Sur le papier, cette élection présidentielle de la FFF est censée représenter une petite révolution. Car pour la première fois, les clubs amateurs peuvent directement participer au scrutin – même si, comme indiqué par RMC Sport, tous ne semblent pas au courant de la tenue de ces élections – alors qu’ils étaient seulement représentés, jusqu’ici, par le vote des districts et ligues régionales. Voilà le schéma : un tiers des votes pour nos clubs amateurs, un tiers des votes pour les ligues et districts, un tiers des votes pour les clubs professionnels (60% pour la Ligue 1, 40% pour la Ligue 2 et les deux clubs pros de National). Tout se joue ces mardi et mercredi, sauf dans le cas d’une improbable égalité parfaite qui aboutirait à un second tour, jeudi et vendredi. En grand favori, évidemment, se pose le candidat sortant Philippe Diallo (61 ans), président par intérim de janvier à juin 2023 (après l’éviction de Noël Le Graët) avant d’être élu à 91%, après avoir été trésorier général (2021) puis vice-président (2021-2023) de l’instance. Avant la FFF, il avait aussi accédé à la présidence de l’Union des clubs professionnels de football (UCPF).
Diallo défend son bilan
Le Nazairien brigue donc désormais un mandat complet à la tête du football hexagonal, avec un renouvellement « à 60% » de sa liste, Jean-Michel Aulas en numéro deux, et ce slogan de campagne : « Le football qu’on aime. Une fédération engagée au service des clubs. » Dans son programme, il promet une augmentation des dotations au football amateur (pour passer de 100 à 150 millions d’euros), veut la création d’un conseil consultatif des clubs amateurs « qui pourra saisir directement le comex de la FFF » et d’un « fair-play financier à la française », parle d’un changement de format de la Coupe de France, suggère pour la sécurité des arbitres la généralisation de caméras sur les maîtres du jeu (« testés dans des districts et que j’aimerais généraliser avec l’accord de la CNIL»), et dédie tout un volet à ses ambitions pour le football féminin : 500 000 licenciées, des indemnités de formation pour les clubs formateurs ainsi qu’un département lié aux féminines au sein de la Direction technique nationale. Et la crise du foot pro et ses droits TV, dans tout ça ? « Si je suis élu, je demanderai à mettre autour de la table toutes les parties prenantes : la Ligue, les clubs, la DNCG et CVC, pour qu’on partage ensemble un constat afin de définir ensuite le modèle que l’on peut construire, pour avoir un rebond de notre foot professionnel. »
Le très médiatique Diallo s’appuie également sur son bilan, qu’il présente ainsi : « Record de licenciés, 2,4 millions, et record de licenciées féminines, 250 000 ; bonnes performances de toutes nos sélections nationales de très haut niveau, que ce soit chez les jeunes ou chez les A […]. Et puis, économiquement, la Fédération s’est renforcée et a réussi à avoir des partenariats qui lui permettent d’avoir non seulement une visibilité sur les dix prochaines années, mais, surtout, une perspective de croissance forte. » Il parle aussi d’une « image restaurée », d’une « gouvernance qui s’est apaisée » et d’une « modernisation » de la Fédé qu’il souhaite poursuivre.
L’ombre de Noël Le Graët
Face à Philippe Diallo se présente Pierre Samsonoff (47 ans), ancien directeur général de la Ligue du football amateur, actuellement en charge des relations extérieures au conseil d’administration de l’US Saint-Malo et, pour la partie chiante, à la tête d’une société de conseils en ressources humaines et management. Mais surtout quelqu’un qui connaît plutôt bien les us et coutumes du boulevard de Grenelle, puisqu’il fut directeur général adjoint à la FFF, pendant le mandat de Noël Le Graët, de 2016 à 2021 – année lors de laquelle il démissionne pour des divergences de point de vue avec la direction (« La grande différence entre Philippe Diallo et moi, c’est que lorsque la FFF s’est mise à dévisser, je suis parti », balance-t-il d’ailleurs).
Pour autant, Samsonoff, qui a grandi à Guingamp, n’hésitait pas à défendre son ancien président, il y a une semaine : « Ça s’est terminé dans de mauvaises conditions et sur des accusations qui ont été démenties par la justice… Mais c’est aussi une période où la fédération fonctionnait bien, une période où elle performait. Il y a un bilan qui est plutôt positif. » Il faut dire qu’aujourd’hui, NLG se place en fervent soutien de l’outsider… ou fervent opposant à Philippe Diallo, c’est selon : « (Samsonoff) est un bon candidat, meilleur que Diallo. Je le soutiendrai. […] Je ne vois pas Aulas numéro 2 de Diallo. Ils vont peut-être changer d’ordre… » « Avoir comme principal soutien Noël Le Graët, je n’ai pas le sentiment que ça donne un sentiment de modernité », réplique Diallo.
🇫🇷 🔱 Membre du conseil d’administration de l’USSM depuis 4 ans, Pierre Samsonoff, candidat à la présidence de la FFF avec sa liste « @Touslesfootball« , reçoit tout le soutien de l’US Saint-Malo.#PrésidenceFFF #SengagerPourTousLesFootballs #FFF2024
— US SAINT MALO (@USSAINTMALO) November 20, 2024
Premier footballeur professionnel en activité à s’engager lors d’une élection présidentielle de la 3F, le vieux routier de la Ligue 1 Benjamin André a expliqué, dans L’Équipe, pourquoi il figurait sur la liste (en 15e position) de son « ami » Pierre Samsonoff : « C’est une liste d’ouverture […] pour que le foot français aille mieux alors qu’il est dans une situation délicate. Et notamment en restaurant la place du foot amateur à qui l’on doit tout […]. Il y a un manque de transparence. Et il faut aussi davantage parler foot, se rappeler que c’est un jeu […]. Des questions se posent aussi sur les calendriers. » À noter que Romain Danzé (n°14) et l’ex-internationale française Valérie Gauvin (n°18) figurent eux aussi parmi les candidats titulaires. « Avec Romain Danzé (directeur de la section féminine du Stade rennais), on veut sortir du cliché dans lequel les femmes s’occupent du foot féminin et les hommes du foot masculin. » Comme numéro deux, Samsonoff a désigné Jérôme Boscari, président du District de Tarn-et-Garonne. Le credo : « décentraliser » et « moderniser une fédération éloignée du terrain et bureaucratique ».
Dans son programme, il est évidemment question des clubs amateurs (« Ce qui est prévu dans le cadre de la réforme de la gouvernance qui a été portée par Philippe Diallo, c’est que les clubs amateurs disparaissent du paysage fédéral et ne participent plus aux assemblées. Nous, on est convaincus que les clubs amateurs doivent être associés aux décisions fédérales qui les concernent »), mais aussi du désintérêt du public pour la Ligue 1 (« Comment se fait-il que la Fédé ne s’appuie pas sur les licenciés pour diffuser des offres intéressantes et leur permettre d’accéder à la diffusion dans de bonnes conditions ? »), de l’équipe de France (« Quels que soient les résultats, il y a tacite reconduction de ce qui s’est fait. Ça montre qu’il n’y a pas véritablement de cap sportif qui est fixé ») et des histoires de gros sous (« Les choix économiques des clubs leur appartiennent dans le cadre de la LFP, la FFF n’a pas à interférer auprès de structures qui sont finalement des entreprises privées »). Reste à savoir s’il pourra surpasser « le canard sans tête » Philippe Diallo.
Par Jérémie Baron
Propos de Pierre Samsonoff tirés de Midi Libre, RMC, France Bleu, RTL, L’Équipe et Le Figaro, ceux de Noël Le Graët tirés de L’Équipe, ceux de Philippe Diallo tirés du Figaro, de L’Équipe, du Monde et de RTL.