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Elche-Eibar, c’est quoi ce match ?
Loin de la grandeur titanesque d'un Camp Nou ou de l'effusion d'un San Mamés, le Stade Martínez-Valero d'Elche sera ce soir le théâtre d'un duel entre son club résident, l'Elche CF, et le promu Eibar. Des clubs avec des difficultés économiques et des joueurs inconnus... C'est aussi ça, la Liga.
Ok. Pas la peine d’essayer de vendre le match de l’année. La rencontre entre Elche et Eibar qui se profile, ce vendredi soir au stade Martinez Valero, n’est pas la plus sexy que la Liga ait à offrir cette année. Toujours est-il que l’affrontement pourrait valoir cher en fin de saison. Pas en haut du classement, forcément, mais dans la partie du tableau où il faut « scroller » pour découvrir les noms des clubs. Cet Elche-Eibar, c’est un peu notre Caen-Metz ou notre Évian-Guingamp. Le soleil en plus. Elche contre Eibar, c’est aussi le match entre deux des plus petits budgets de Liga : environ 12 millions d’euros. Les problèmes économiques ont d’ailleurs alimenté l’intersaison des deux équipes. Du côté des Basques d’Eibar, où ont évolué jadis Xabi Alonso et David Silva, il manquait 1,7 million d’euros pour pouvoir boucler le budget et accéder à la Liga. Champions de Segunda Division, les hommes du Guipúzcoa ont créé leur site de crowdfunding en mai dernier afin de trouver les fonds nécessaires et ne pas se retrouver rétrogradés en troisième division. Mission accomplie avec 1,98 million d’euros récoltés, donnant droit à ce club d’une ville de 27 000 habitants de participer à la Liga. Une première pour une bourgade aussi petite au sein du championnat espagnol. Du côté d’Elche, des problèmes administratifs et financiers ont également plombé le début de saison du club, qui s’est ainsi vu privé de quatre de ses nouvelles recrues pour son premier match. Manque de bol, les Ilicitanos se déplaçaient au Camp Nou où ils ont été corrigés 3-0. En cause : un budget excédé par les dépenses engagées, notamment suite au versement d’une prime à l’équipe pour avoir réussi à se maintenir en Liga. Le club a donc été obligé de prendre certaines mesures pour se conformer à ses moyens. Il a fallu par exemple rechercher des soutiens financiers pour trouver les 830 000 euros manquants et réduire temporairement les salaires des joueurs pour se mettre en conformité avec le budget prévu. Le tout, afin de pouvoir valider le transfert des recrues telles que Enzo Roco ou Cristian Herrera. L’entraîneur, Fran Escribá, a quant à lui accepté de repousser le versement d’une partie de son salaire de cette saison à la saison prochaine. Plutôt sympa, ce sacrifice du coach.
Elche et Eibar, même combat
Ces deux clubs ont donc connu récemment des galères extra-sportives. Elche et Eibar ont aussi ça en commun qu’ils ne sont pas rompus aux joutes de la Liga moderne. Une absence pure et simple de tout championnat de première division pour Eibar depuis sa création en 1940 et une incapacité à remonter pour Elche qui aura duré 24 ans, avant que le club ne rompe la malédiction en se glissant dans l’ascenseur il y a deux saisons. Une saison en Liga de plus dans les jambes qui permettra, peut-être, à l’ECF de faire la différence ce soir face au novice des novices. Car Elche-Eibar, c’est surtout un match « à six points » entre deux équipes qui rêvent de poursuivre l’aventure dans le même championnat que Messi et Cristiano. Elche n’a été relégable qu’à deux reprises la saison dernière. Les hommes de Fran Escribá se sont maintenus avec 40 points, soit une petite unité de plus qu’Osasuna, première équipe dans la zone rouge. Sans grand génie, mais en remportant des matchs à la vie à la mort face à des concurrents directs tels qu’Almería, l’Espanyol, Getafe ou le Rayo Vallecano. C’est d’ailleurs sur le terrain du Rayo qu’Elche est allé chercher sa première victoire cette saison après deux défaites contre le FC Séville et le Barça, et un match nul à domicile face à Grenade. Nul doute que Fran Escribá a depuis longtemps coché ce match face à Eibar dans son tableau de marche, en vue du maintien. Mais les Basques ont montré de belles choses depuis le début de saison, malgré leur inexpérience, traduite par des erreurs naïves lors de leurs deux défaites sur la pelouse de l’Atléti (2-1) et dans leur stade de 5000 places contre La Corogne. Une victoire historique en ouverture face au voisin de la Sociedad, grâce à un but de Javi Lara, leur a tout de même permis d’engranger de la confiance en ce début d’exercice.
Eibar, la filiale d’Elche
Javi Lara, ce nom dira d’ailleurs quelque chose aux supporters franjiverdes. L’Espagnol, qui a évolué à Elche en 2009/2010, n’est pas le seul joueur de l’effectif basque à avoir porté le maillot vert et blanc. En effet, les deux clubs se ressemblent et partagent autre chose que leurs difficultés financières : leurs joueurs. Eibar est ainsi présenté par la presse espagnole comme la « filiale » d’Elche. Et pour cause, six joueurs de l’équipe ont auparavant porté les couleurs de ce club du Sud de l’Espagne : Raúl Albentosa, Jaime, Angel Rodríguez, Del Moral, Lillo Castellano et donc Javi Lara, l’un des plus gros dangers offensifs des Armeros, avec Angel Rodríguez et Arruaberrana. Des blazes qui ne disent forcément pas grand-chose, comme ceux des attaquants d’Elche : Jonathas, Corominas et Rodrigues. Ce soir, le remuant trident offensif devra faire plier la muraille basque pour prendre trois points qui ne seront pas de trop dans la besace d’Elche, avant de se déplacer à Bernabéu le week-end prochain. Un match qui rappellera des souvenirs aux bouillants fans franjiverdes. L’an passé, après avoir perdu sur la pelouse du Real dans les arrêts de jeu sur un pénalty imaginaire, 120 supporters des Vert et Blanc avaient appelé la police pour signaler un hold-up à Bernabéu.
Par Morgane Carlier, Aurélien Renault et Antoine Beneytou