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El Zhar : « Face au Barça, on va au moins essayer de prendre du plaisir… »

Propos recueillis par Robin Delorme, à Madrid
8 minutes
El Zhar : «<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>Face au Barça, on va au moins essayer de prendre du plaisir…<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>»

Après quatre ans à Liverpool puis un exil en Grèce, Nabil El Zhar a posé ses valises à Levante. La surprise de la dernière Liga fait encore cette année son petit bout de chemin. Ce qui a de quoi plaire à l'international marocain, qui s'apprête à affronter le Barça.

Vous sortez de deux grosses défaites face au Real Madrid et à La Corogne. N’est-ce pas la pire des préparations avant d’aller affronter le FC Barcelone ?Ah ça oui… On reste sur deux défaites durant lesquelles on a encaissé beaucoup de buts (5-1 au Real, 4-0 face au Depor, ndlr). C’est un euphémisme de dire que ce n’est pas la meilleure des préparations avant d’aller au Camp Nou. Mais, comme à chaque déplacement là-bas, on sait que l’on n’a rien à perdre. On va essayer de prendre du plaisir. Je dis bien essayer… De toute façon, que ce soit face au Real ou au Barça, tu sais d’avance que de faire un résultat est quasi impossible, que tu ne vas pas prendre de points. Pour sortir quelque chose de positif, il faut tenter de résister le plus possible et de faire la prestation collective la plus aboutie possible. Au niveau individuel, il faut prendre du plaisir car ce n’est pas tous les jours que tu joues la meilleure équipe du monde.
Votre chance est que le Barça prépare son match face au Bayern de la semaine prochaine…Exactement. On sait très bien qu’ils n’auront sûrement pas la tête à 100 % concentrée sur nous. Ce qui est totalement normal puisqu’ils vont préparer ce choc face au Bayern. Tito Vilanova devrait procéder à certains changements. Après, même avec une équipe bis, ce sera difficile.
Ce match peut ressembler à celui face au Real il y a deux semaines. Madrid avait fait tourner, vous n’avez pas fait un mauvais match, mais vous prenez une manita…On avait bien commencé le match. Mais vers la fin, on craque et on encaisse pas mal de buts. C’est vrai que cinq, c’est beaucoup… Au moins, tu peux te dire que tu n’as pas été « zéro » : tu as essayé de produire du jeu, tu as ouvert le score… Ce qui nous a le plus dérangés, c’est la défaite du week-end dernier face au Depor à domicile. Il faut que l’on remette la machine en route et surtout que l’on gagne le prochain match à la maison face au Celta.
Depuis que tu es arrivé à Levante, tu n’as connu que des défaites face au Barça : 5-0, 2-1 et 4-0. Que peux-tu espérer cette fois mis à part de « prendre du plaisir » ?
Difficile à dire. Déjà, à chaque fois que tu joues le Barça au Camp Nou, c’est un plaisir en soi. Si je peux faire un bon match, et, imagine, mettre un petit but, ce serait le top. Je ne te cache pas que marquer un petit but, surtout au Camp Nou, ce serait…
Génial ?Plus que cela même (il se marre).
Pour en revenir à Levante, vous êtes considérés comme une équipe « rugueuse » , surtout défensivement. A raison ?Oui, je pense. Notre jeu est fait de contres. Pour cela, il faut absolument que l’on ait une grosse assise défensive puisque l’on est positionnés bas sur le terrain pour ensuite profiter des espaces. C’était notre style l’an dernier, ça l’est toujours cette année. Peut-être que l’an dernier, cela fonctionnait mieux mais je pense que beaucoup d’équipes souhaiteraient être à notre place.
Actuellement, vous pointez à la douzième place du classement. Une place conforme au statut de Levante ?On est certes douzième avec quarante points mais seulement quatre points au-dessus de nous se trouve Getafe qui est huitième. On ne fait pas une mauvaise saison même si actuellement, on a perdu pas mal de matchs. Si quelques matchs avaient basculé en note faveur, on serait en haut du classement. Il reste sept matchs, dont encore quatre à domicile : si l’on se débrouille bien, on peut finir dans la première moitié du classement. Après, il ne faut pas croire qu’un club comme Levante peut jouer la coupe d’Europe tous les ans. L’objectif premier, c’est le maintien.
La mauvaise série actuelle dont tu parles n’est-elle pas due à la fatigue accumulée par votre parcours en Europa League ?On y a laissé des plumes. En plus, on a un effectif qui est assez âgé. Quand tu joues le jeudi, tu voyages, puis tu reviens pour le match du week-end… Plus que la fatigue, c’est parfois difficile de se remettre dans le bain. Sûrement que si nous n’avions pas joué en Europa League, on aurait pu grappiller des points en Liga. Et nous n’avons pas non plus le groupe pour jouer sur ces deux tableaux. Mais c’est une super expérience pour le club dont c’était la première qualification pour une compétition européenne.
Vous êtes allés chercher cette qualification après une saison dernière bluffante. Vous aviez un porte-bonheur ?C’est l’ambiance, la cohésion dans le vestiaire qui a créé tout ça. J’ai vécu des moments dans ce vestiaire… Je ne pense pas que tu aies cela dans beaucoup d’autres clubs. On est une petite famille, on travaille tout le temps dans la bonne humeur. Au-delà de ça, on a quand même des joueurs qui ont fait de belles petites carrières, qui ont de l’expérience. Tu y rajoutes quelques jeunes et ça te fait un beau cocktail. Encore cette saison, tu sens cette force collective. Il y a énormément de matchs où on a été menés et où on a réussi à inverser la tendance. Cette année, il y a face à l’Espanyol Barcelone, la Real Sociedad, l’Athletic Bilbao… Si le groupe n’est pas uni, tu ne reviens jamais dans des matchs comme ça.
Et pour toi, personnellement, la saison dernière reste comme l’un de tes meilleurs souvenirs ?Oui… (Il hésite) Pour moi, c’était une année de transition. Je venais tout juste d’arriver à Levante. Je n’ai pas eu beaucoup de temps de jeu… Perso, je préfère cette saison car je joue plus, j’ai un rôle plus important dans l’équipe. Mais collectivement, l’année dernière était fabuleuse : quand tu gagnes contre le Real, tu te retrouves tout seul premier du championnat… Pour une équipe que personne ne connaissait, c’était le top. En plus, quand je suis arrivé, on m’avait dit que l’objectif était le maintien. Cette saison, on a joué l’Europe League où l’on a fait bonne figure (éliminé en huitième par le Rubin Kazan, ndlr). En ce moment, je suis en fin de contrat et le club souhaite me prolonger pour trois ans. On verra bien où nous mènent les discussions : je suis bien ici mais si un beau challenge m’est proposé…
Il n’y a jamais de retard dans les salaires à Levante ?Il n’y a aucun problème. Avant de signer, je m’étais renseigné car le club avait déjà eu des ennuis par rapport à des retards. Aujourd’hui, on peut dire que c’est un club vraiment sain. Je n’ai jamais eu un jour de retard sur le versement de mon salaire. Et en Espagne, ce n’est pas mal du tout ! L’environnement fait que tu peux travailler sereinement.
Un beau challenge, tu en as déjà connu un pendant quatre ans à Liverpool. Qu’est-ce que tu retiens de cette aventure ?Quand tu signes dans un grand club comme Liverpool, ça te marque à jamais. Je n’ai pas eu énormément de minutes mais tu t’entraînes au quotidien avec des grands joueurs, un grand coach.
Justement, ce n’était pas frustrant ?Frustrant ? Oui et non. Non, car tu te dis : « Je suis dans l’une des meilleurs équipes du monde, avec des grands professionnels » . Et oui, car tu as toujours envie de jouer, et il n’y a que ça qui te fait vraiment progresser : le terrain. Tu vas voir ton agent et tu lui dis que tu as envie de bouger pour retrouver du temps de jeu. De l’autre côté, tu as ton entraîneur – qui n’était autre que Rafael Benítez – qui te demande de rester et qui te promet plus de minutes car il est content de toi… Bref, ce n’est pas du tout évident de dire à un club comme Liverpool que tu t’en vas. Surtout qu’ils m’ont prolongé à deux reprises. Au bout de quatre ans, tu fais le bilan : je n’ai aucun regret car même si je n’ai pas beaucoup joué, j’ai énormément appris.
Tu as été formé à Nîmes, puis es parti à Saint-Étienne avant de traverser la Manche. Tu n’as aucun regret de ne pas avoir connu la Ligue 1 ?Déjà, j’avais des regrets de partir de mon club formateur. J’ai grandi là-bas, j’y ai tout appris au football. Nîmes, c’est mon club. Je suis parti car Nîmes avait perdu le statut pro. C’était dommage puisqu’on venait de faire un super parcours en Gambardella où nous avions seulement perdu en finale face au Mans. Je commençais à jouer en Première à l’époque, le club était en National. Bref, je suis ensuite parti à Saint-Étienne. Je jouais en CFA et je faisais des bons matchs, je marquais pas mal de buts. Mais je n’ai jamais eu ma chance en équipe première.
Comment se fait-il que Liverpool t’ait courtisé si tu ne jouais qu’en CFA ?J’avais fait un bon Mondial des moins de 20 ans avec le Maroc où nous avions seulement perdu en demi-finale… La FIFA avait un classement bizarre, les « 14 tulipes » je crois, pour les meilleurs joueurs du tournoi. J’étais à côté des Messi, Obi Mikel… C’est durant ce Mondial que Liverpool m’a approché et que j’ai décidé d’y aller à la fin de saison. Même si Sainté me proposait un contrat pro, j’ai choisi Liverpool.
Tu vas quand même supporter Sainté ce samedi en finale de la Coupe de la Ligue face à Rennes ?Bien sûr. J’ai passé deux ans là-bas. Même si tu pars, tu suis toujours l’actualité de tes anciens clubs. Je suis content pour le club : quatrième en championnat, en finale de la Coupe de la Ligue. Ce serait super qu’il joue l’Europe la saison prochaine. Avec les supporters qu’il y là-bas, ils ne méritent que ça. Et le club est armé pour ça : il y a de bonnes structures, solides. J’espère vraiment qu’ils vont gagner.

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