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El Shaarawy, un pacte avec le Diable
Alors que des rumeurs évoquaient déjà son départ pendant l'été, Stephan El Shaarawy a réaffirmé son intention de continuer avec le Milan AC. Le Pharaon a rencontré Adriano Galliani et s'est mis d'accord avec lui. Mais maintenant, il faut retrouver la confiance.
Il a été le tube de l’été. Sauf que son été à lui a duré de septembre à décembre. Stephan El Shaarawy, 20 ans, était bien parti, la saison dernière, pour être la nouvelle bombe du football italien, celle qui allait exploser tous les records de précocité. Lors des 17 premières journées de championnat, il inscrit 14 buts et caracole en tête du classement des buteurs. Une folie. C’est quasiment lui, tout seul, qui permet à Milan de survivre, alors que l’équipe milanaise est, à un certain point de la saison, au bord de la zone de relégation. Son doublé inscrit sur la pelouse du Napoli, le 17 novembre, qui permet à Milan d’arracher un nul 2-2, symbolise d’ailleurs le tournant de la saison rossonera. Oui, sauf que lors du mercato hivernal, Balotelli débarque à Milanello. Et pour El Shaarawy, c’est la fin de la période dorée. Le Pharaon n’arrive plus à marquer, à l’inverse de Balotelli, qui enchaîne les pions comme des perles sur un collier. Sur toute la phase retour, El Shaarawy n’inscrit que deux misérables buts : un sur la pelouse de l’Atalanta, et l’autre lors du derby milanais. Mais l’effet de surprise est passé. El Sha est redescendu sur terre, et termine la saison difficilement, dans l’ombre d’un envahissant Balotelli. Il faut désormais réenclencher la machine.
En surchauffe, mais pas surcoté
Il faut dire qu’El Shaarawy a débuté la saison tellement fort qu’il semblait compliqué de conserver un tel rythme pendant toute la saison. L’été dernier, le Milan AC a perdu de nombreux joueurs, et Massimiliano Allegri a dû tout reconstruire. Forcément, reconstruire, cela prend du temps. Et pendant que l’équipe tentait de trouver son équilibre, El Shaarawy, lui, carburait. À deux reprises, c’est d’ailleurs l’un de ses buts qui sauve la tête d’Allegri : le 27 octobre, à quelques minutes du terme, il inscrit le but de la victoire contre le Genoa, alors que tout autre résultat aurait certainement été fatal au coach. Trois jours plus tard, à Palerme, il récidive en égalisant en fin de rencontre. Mais lorsque Balotelli arrive, le jeune attaquant à crête relâche la pression. Presque inconsciemment, il passe le témoin à Supermario, et se met de côté, au sens propre comme au sens figuré. En effet, l’arrivée de Balo a contraint El Shaarawy à se décaler sur l’aile, un peu plus bas, alors qu’il était clairement en pointe lors des premiers mois de la saison. Plus bas, et donc moins tranchant dans la surface de réparation. Logique, quelque part.
De là à dire qu’il était au-dessus de ses véritables capacités en début de saison ? Non. Évidemment, l’ancien de Padova était légèrement en surchauffe sur les premiers mois de compétition. Mais il n’est certainement pas surcoté. Le Milan AC compte énormément sur lui pour l’avenir, et c’est d’ailleurs pour cela qu’Adriano Galliani a tenu à le rencontrer personnellement hier, après que des rumeurs ont commencé à circuler quant à un possible départ. Des rumeurs entretenues par le Milan AC lui-même, qui n’avait jamais fermé la porte à une éventuelle transaction en cas d’offre conséquente. Mais voyant que les rumeurs devenaient de plus en plus insistantes, le chauve a pris le taureau par les cornes et a convoqué le petit Stephan. Un colloque vite fait bien fait, et hop, comme par magie, un communiqué sur le site officiel du Milan AC : « Stephan, depuis toujours tifoso du Milan, a réaffirmé sa ferme intention de continuer à jouer avec le maillot rouge et noir. Une intention partagée par le Milan, avec conviction et confiance. Milan et El Shaarawy ensemble vers l’avenir, comme depuis juin 2011 » , peut-on lire. Cela a le mérite d’être clair et dissuasif, au moins.
Plus de caractère
Reste qu’El Shaarawy va devoir appuyer sur l’accélérateur. Mine de rien, il s’agit déjà de sa troisième saison au Milan AC. La première s’est disputée à l’ombre d’Ibrahimović, avec tout de même quelques apparitions remarquées. La seconde a été celle de la révélation. On le sait, la troisième doit être celle de l’explosion définitive. En Italie, on croit beaucoup au petit Pharaon, qui a fait preuve d’énormes qualités. Cesare Prandelli, lui-même, pense qu’El Shaarawy peut devenir un point fixe de la Nazionale, son entente avec Balotelli pouvant être l’une des clefs de l’avenir de la Squadra. Prandelli avait d’ailleurs décidé de l’emmener à la Coupe des confédérations (alors que l’Euro des moins de 21 ans se disputait en même temps) et lui a offert du temps de jeu lors du match face au Brésil, puis lors de la petite finale contre l’Uruguay. Au terme de la compétition, le sélectionneur a toutefois tenu à « pousser » son attaquant. « El Shaarawy a besoin d’afficher plus de caractère » , a-t-il affirmé, pointant du doigt le fait que le joueur avait souvent tendance à s’effacer derrière d’autres joueurs au caractère plus fort. Comme Balotelli, par exemple.
Plus qu’un manque de caractère, El Sha affiche surtout une énorme fatigue, aussi bien physique que mentale. Habitué à la Serie B ou à un statut de remplaçant, il a vécu sa première saison pleine au haut niveau, a disputé la Ligue des champions et a été, pendant plusieurs mois, celui sur qui tous les regards étaient fixés. Quelques semaines de vacances vont lui faire le plus grand bien pour recharger les batteries, et pour arriver dans les meilleures conditions possibles à la préparation du Milan AC. Le club lui ayant à présent réaffirmé toute sa confiance, le joueur va pouvoir se préparer physiquement et mentalement à une nouvelle saison où il campera le rôle de l’un des personnages principaux. Son talent est indéniable, mais gare à se brûler les ailes. D’autres, avant lui, ont porté sur eux l’étiquette de « futur crack pétri de talent » , avant de se perdre petit à petit, et de finir à Brescia ou à la Reggina. El Shaarawy n’a aucune intention de se diriger vers ce genre de carrière. Le Milan AC, qui l’a tout de même payé 10 millions d’euros, n’en a pas l’intention non plus, d’ailleurs.
Eric Maggiori