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El Niño passe à l’âge adulte
En fin de contrat le 30 juin prochain, Fernando Torres ne sait toujours pas de quoi son futur sera fait. Un flou qui, à défaut de le faire douter, lui permet de retrouver la forme et de s’imposer, de nouveau, comme le pendant d’Antoine Griezmann.
Des multiples cérémonies de clôture que vit le Vicente-Calderón cette saison, une soirée thématique devait bien entendu être consacrée à Fernando Torres. Face au voisin du CD Leganés, le 4 février dernier, El Niño s’offre ainsi un cadeau symbolique. Pour sûr, alors que seize ans plus tôt, il débutait avec l’équipe première de l’Atlético de Madrid face à ces mêmes banlieusards madrilènes en Segunda Division, il fête ces retrouvailles par un doublé décisif que salue l’aficion des bords du Manzanares (2-0). Durant cette période, le sieur Torres est enterré plusieurs fois, mais renaît toujours de ses cendres.
Tel un phœnix qui a vieilli, il troque son statut d’éternel enfant pour celui d’un avant-centre arrivé à maturité. L’âge adulte est enfin atteint pour l’homme aux 115 banderilles sous la liquette rojiblanca, ce qui le place à la hauteur d’un certain Adelardo, autre légende des Matelassiers. Reste désormais un nouveau défi à surmonter pour le natif de Fuenlabrada : convaincre Diego Simeone et la direction des Colchoneros de le prolonger encore une fois pour qu’il vive le déménagement du Calderón vers la Peineta de l’intérieur.
« Fernando donne toujours tout »
Pour ce, Fernando Torres se sort les doigts. A contrario d’une première moitié d’exercice poussive, qui voit la recrue Kevin Gameiro le supplanter dans la hiérarchie des pointes du Cholo, il réalise un début d’année canon. De par ses statiques, déjà, il prend le meilleur sur l’ancien Sevillista, puisque lors du mois de février, il dégaine à trois reprises – un doublé face à Leganés et un golazo en retourné face au Celta. Mais plus encore que ses pions, c’est son attitude sur le pré qui convainc Diego Simeone d’en faire son titulaire de 2017. « Déjà à Vitória, face à Alavés, Fernando est très bien entré dans la rencontre. On peut discuter pour savoir s’il est meilleur ou pire qu’avant, mais une chose est certaine : il donne toujours tout. Cet apport dans le jeu s’est matérialisé par un doublé ce soir face à Leganés, les attaquants ont besoin de ces soirées » , analyse Diego Godín, second capitaine de l’Atlético, dans les arcanes du Calderón à la suite du succès contre le voisin du sud de la capitale estampillé El Niño. Malgré un corps vieillissant, le canterano a toujours les crocs et tient à le faire savoir.
Depuis son retour à la maison il y a un peu plus de deux ans, Fernando Torres ne veut se voir comme une relique que l’Atlético trimbale aux quatre coins de l’Espagne. Ainsi, il fait de sa prolongation de contrat son objectif personnel à décrocher. Rien de mieux, donc, que de répéter les préceptes du décideur Simeone tous azimuts. De fait, en moins d’un mois, il se fait le porte-parole par deux fois du Cholismo devant les médias : « Je joue chaque match comme si c’était le dernier et j’essaye de profiter de chaque minute passée sur le pré. » Un retour à l’amateurisme, ou presque, qui sied à un entraîneur argentin tiraillé quant à la prolongation du contrat de son canterano – avec qu’il partage le terrain lors de sa dernière étape en tant que joueur colchonero. Comme la saison passée, le Cholo s’en remet donc au rendement de Torres pour peser le bien-fondé de le conserver dans ses rangs. Prolongé seulement pour une saison en mai dernier, il espère ne pas revivre de telles négociations : « Durant les discussions, nous avions parlé d’autres scénarios possibles qui étaient peut-être mieux pour moi. »
La FIFA au secours du Niño
Toujours sur le fil du rasoir, sa seconde carrière à l’Atlético de Madrid lui réserve, à coup sûr, encore des surprises. Car même s’il ne souhaite pas rempiler pour devenir la quatrième pointe dans la hiérarchie des Colchoneros et enfiler l’unique costume de symbole, sa volonté est de s’imposer comme le pendant de l’indéboulonnable Antoine Griezmann – avec qui il entretient une relation presque fusionnelle. Pour ce, il se doit de répéter une fin d’exercice comme la précédente, lorsqu’il avait relégué Vietto sur le banc et poussé Jackson Martínez vers la sortie. À en croire ses dernières sorties, et notamment la demi-finale de Copa del Rey face au Barça, il en prend en tout cas le chemin. Mieux, il peut également profiter des tracas judiciaires des Colchoneros : pour l’instant privé de mercato estival, sanction de la FIFA concernant l’enrôlement de joueurs mineurs oblige, l’Atlético n’a d’autres cartouches en poche que celles de conserver Kevin Gameiro et Fernando Torres. Tant mieux pour le Niño qui est devenu adulte et qui voit toujours en « l’Atlético le lieu parfait pour que je profite » . Leverkusen est prévenu, Fernando a la dalle.
Par Robin Delorme