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Égypte : Mohamed Salah, fidèle au poste
Pour défier le Cameroun en demi-finales de la CAN, l’Égypte pourra de nouveau compter sur son capitaine Mohamed Salah. Irréprochable depuis le début de la compétition, l’attaquant a pris la pleine mesure de son rôle au sein de la sélection. En quête d’un huitième sacre.
Mahrez, Zaha, Kessié, Pépé, Haïdara, Khazri ou Iheanacho. Autant de noms attendus, autant de grands joueurs sortis prématurément de cette Coupe d’Afrique des nations. À l’inverse, l’Égypte, solide comme une pyramide, a retrouvé son goût de la victoire. Celui qui la ramène à sa renommée d’antan. Un outil collectif, peu élégant dirons-nous, mais extrêmement cohérent. Et au bout de la chaîne, le liant idéal : Mohamed Salah.
La revanche de « Mo »
L’histoire entre Mohamed Salah et la CAN relève de l’inachevé. Un parcours stoppé net dans son élan, souvent par des adversités pourtant loin d’être supérieures. En 2017 d’abord, c’est le Cameroun (déjà) qui mettait un terme aux illusions égyptiennes en s’imposant en finale (1-2), malgré un « Mo » au rendez-vous, auteur de deux chefs-d’œuvre face au Ghana et au Burkina Faso. En 2019, c’est le tremblement de terre sud-africain qui a frappé Le Caire dès les huitièmes de finale, évinçant la bande à Salah (1-0) et laissant ce dernier seul, en larmes, sur la pelouse de l’International Stadium.
Trois ans plus tard, force est de constater que la donne a enfin changé. Capitaine totalement assumé, le joueur de Liverpool n’a jamais semblé aussi serein qu’aujourd’hui, au moment d’enfiler son autre tunique rouge. Il faut dire que le buteur s’est activement acharné à devenir un élément global en sélection. Leader technique d’une équipe loin d’être expérimentée, le natif de Basyoun a dû faire évoluer son jeu afin de répondre aux attentes, dont celles de Carlos Queiroz, son sélectionneur pas avare en exigence. « Sur le terrain, nous ne sommes pas dépendants d’un seul joueur, clamait ainsi le technicien portugais. Ce que je lui demande, c’est de mettre toutes ses qualités techniques au service de ses coéquipiers. Non de faire la différence seul. » Pas étonnant, dès lors, de le voir passer d’un rôle d’ailier droit exclusif comme face au Nigeria, à celui de finisseur, tel qu’il a pu l’être devant la Guinée-Bissau.
Le tremplin égyptien
Au four et surtout au moulin, Mohamed Salah a en réalité la charge de former et de mettre en lumière la nouvelle génération. Lui que l’on aurait assurément voulu voir briller aux côtés de Zidan, Aboutrika, El Mohamady, Ahmed Hassan ou Mido se retrouve en effet propulsé au sein d’une sélection longtemps reléguée au second plan, qui avait perdu de sa superbe après une décennie de domination continentale. Dans sa tirade, Queiroz n’a ainsi pas oublié de rappeler le rôle de son homme de base : « Il sait ce que j’attends de lui en tant que capitaine. Il est entouré de jeunes joueurs et d’autres évoluant au pays, donc je veux qu’il les accompagne, sur et en dehors du terrain. Qu’il les hisse au plus haut niveau. » Un défi relevé depuis près de quatre ans maintenant et une triste élimination au premier tour de la Coupe du monde 2018.
Dans cette CAN, et aux côtés de ses bras droits Mohamed Elneny et Trezeguet, Salah est donc devenu le précepteur de talentueux coéquipiers, en manque de rigueur. Parmi eux, les chiens fous Mostafa Mohamed et Omar Marmoush, désignés garants de l’avenir du football local. Autrefois râleur, voire individualiste en club, le voilà désormais pleinement conscient des responsabilités qui lui incombent, transposées à sa chère équipe nationale. Celles qui le poussent à distiller conseil sur conseil à ses protégés, malgré le déchet technique de certains ou les périodes de doutes des autres. Une maturité infaillible et une autorité naturelle, observées dans une opposition tendue face au Maroc en quarts, durant laquelle il aura permis de calmer les esprits.
Buteur à deux reprises depuis le début du tournoi, le numéro 10 doit donc maintenant faire aboutir le chantier entamé. « Il est hors de question que je rentre en Égypte sans la coupe ! », déclarait-il même, ému, en conférence de presse. Cela tombe bien, les supporters égyptiens n’attendent que ça. Accrocher une huitième breloque à une armoire à trophées qui ne demande qu’à s’agrandir.
Par Adel Bentaha