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Effenberg, le tigre est en lui
Trois ans après avoir obtenu son diplôme, Stefan Effenberg occupe son premier poste d'entraîneur, au SC Paderborn. Bien qu'inexpérimenté, « der Tiger » compte (dans un premier temps) sur son expérience de joueur et son charisme pour motiver ses troupes. Et ça pourrait fonctionner.
La saison passée, le SC Paderborn a payé au prix fort son baptême dans l’élite. Malgré une saison somme toute correcte pour un néophyte, le SCP n’a pu grapiller ces quelques points en bout de course qui lui auraient peut-être permis de disputer les barrages. Résultat : une 18e et dernière place synonyme de descente. Du coup, cette saison, l’objectif était de remonter le plus vite possible. Mais cela n’a pas fonctionné comme prévu : au bout de dix journées, voilà que le club de l’Est de la Westphalie se retrouve à une curieuse 15e place. Le jeune Markus Gellhaus se retrouve donc vite démis de ses fonctions, et débute alors la recherche d’un nouvel entraîneur. Il se trouve que, par le passé, les dirigeants du SCP ont déjà eu le nez creux. Ces dernières années, Jos Luhukay, Roger Schmidt (actuellement à Leverkusen) et André Breitenreiter (FC Schalke 04) sont passés par là. Alors une nouvelle fois, ils tentent un coup et finissent par convaincre Stefan Effenberg de prendre les rênes du club.
Franchise player
C’est ce qu’on pourrait appeler un coup de poker. Car bien qu’il ait obtenu son diplôme d’entraîneur depuis 2012 (il faisait partie de la même promotion que ses anciens coéquipiers Mehmet Scholl et Thomas Strunz, dont il a « piqué » la femme, Claudia), l’ancien milieu de Gladbach et du FC Bayern n’a jamais été sur le bord d’un terrain. Ou plutôt si, mais en tant que consultant. Depuis quelques années, « Effe » officie pour Sky, où il régale par ses analyses à la fois très succinctes et très minutieuses, comme le font par ailleurs Scholl et Oliver Kahn sur d’autres canaux. Cela est bien loin de l’image qu’on avait gardée du joueur, mais néanmoins, on se rend vite compte que – comme à l’époque – lorsqu’il parle, il ne se prend pas pour un autre. Dans une Allemagne bloquée dans un mode très « politiquement correct » , Effenberg dit ce qu’il pense, sans fioritures. Et il assume ce qu’il fait. Comme quand il s’est fait choper le 21 septembre dernier au volant avec un taux d’1,4g d’alcool dans le sang après avoir fêté de manière bien arrosée l’anniversaire de sa femme à l’Oktoberfest. « J’ai fait une grosse erreur, rien à dire » , avait-il déclaré quelques jours après dans Bild. « La plupart du temps, je m’énerve après moi-même, et ça n’arrivera plus. »
Deux matchs, deux victoires 2-0
Ce côté authentique, voilà peut-être ce qui a séduit les dirigeants de Paderborn, qui ont donc décidé de l’engager quelques semaines seulement après s’être fait retirer son permis. Car des erreurs, « The New One » (comme il s’est surnommé lors de sa première conférence de presse) en fera d’autres, notamment en tant qu’entraîneur. Il est également là pour apprendre. Mais son charisme semble déjà avoir conquis ses joueurs, qui lui ont offert deux victoires pour ses deux premières rencontres sur le banc, face à l’Eintracht Braunschweig et à Berlin sur le terrain de l’Union, pour à chaque fois le même score : 2-0. « Il nous prend comme on est et nous montre comment il faut faire » , expliquait Süleyman Koç au micro de Sky après la victoire à Berlin. « Vous voyez comme on a été agressifs sur le terrain. Il nous fait confiance, et on donne tout. » Un nouveau job qui commence à plaire à Effenberg. « Depuis quelques jours, je vois à quel point il est tendu » , racontait Claudia, sa femme, toujours au micro de la chaîne en pay-per-view. « Mais il m’a dit quelque chose de très mignon : « Claudia, le feu est de nouveau là, le feu brûle de nouveau en moi comme à l’époque où j’étais joueur. » Ça m’a impressionnée. »
De jolies retrouvailles en perspective
À Dortmund, Paderborn devra une fois de plus brûler son cosmos pour aller chercher la victoire face à un BvB retrouvé cette saison. Car malgré la différence de classe, « der Tiger » et ses troupes ne comptent pas se cacher. « On y va pour gagner, c’est logique. On n’y va pas pour s’amuser » , rapporte Kicker. En tout cas, son arrivée au stade risque d’être animée. La dernière fois qu’Effenberg a foulé la pelouse du Westfalenstadion, c’était en avril 2001, lors d’un match heurté entre Dortmund et le Bayern. Expulsé, le capitaine du club bavarois avait envoyé un bisou plein d’ironie en direction des tribunes. L’ambiance risque donc d’être un peu hostile quand il sortira du tunnel. Mais « Effe » s’en fout, et ses joueurs devront en faire de même. Car comme dit le proverbe chinois : « Quand on suit quelqu’un de bon, on apprend à devenir bon ; quand on suit un tigre, on apprend à mordre. »
Par Ali Farhat