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Camavinga, le soleil de juin
Déjà à son avantage face à Gibraltar, le milieu du Real Madrid a de nouveau été le joueur français le plus en forme, lundi soir, face à la Grèce, venant confirmer les bonnes choses distribuées depuis le début de l'année 2023.
« Non, toujours pas ! » Debout face à une caméra de Canal+, Eduardo Camavinga se poile. En soirée à Stamford Bridge, mi-avril, pour disputer un quart de finale retour de Ligue des champions avec le Real Madrid, le jeune international français avait profité d’un micro tendu pour rappeler à qui voulait l’entendre que non, il ne rêvait toujours pas d’être latéral gauche en se rasant le matin, et ce, malgré de belles copies rendues au poste. Interrogé quelques semaines plus tard sur le sujet par L’Équipe, Didier Deschamps s’en était aussi amusé : « Le lendemain de nos deux premiers matchs au Qatar, on a vu ses aptitudes : à ce moment-là, il ne sautait pas au plafond à l’idée de jouer arrière gauche, mais il est bon dans les duels, il est efficace, il griffe sur le plan défensif, et il faut ajouter sa touche technique, sa capacité à répéter les efforts sans problème, ce qui fait beaucoup. (…) Il prend moins de plaisir qu’au milieu, où il touche beaucoup le ballon, alors qu’au poste d’arrière gauche, il peut être frustré quand l’action se développe de l’autre côté. »
Sympa, Deschamps avait quand même pris le temps d’échanger avec son joueur, fin mars, et l’avait même fait entrer au milieu face aux Pays-Bas avant de le titulariser devant la défense en Irlande, où Camavinga avait (déjà) distribué un paquet de bonnes choses. Convoqué parmi les milieux pour ce rassemblement de juin, le natif de Cabinda a pu souffler et de nouveau retrouver son poste originel avec les Bleus. Il l’a fait vendredi dernier, lors du match sans goût remporté par l’équipe de France contre Gibraltar (0-3) – match où il a été l’un des rares joueurs au rendez-vous –, et lundi soir, à Saint-Denis, face à la Grèce (1-0). Posé en relayeur gauche d’un 4-3-3, Eduardo Camavinga a alors gratté de nouveaux points et a, encore une fois, été l’un des rares éléments tricolores soucieux de mettre du rythme à une drôle de rencontre.
Une personnalité qui n’est plus à prouver
Seul élément de l’effectif du Real à avoir participé à 37 des 38 rencontres de Liga disputées par le club madrilène cette saison, Camavinga a attrapé les regards, comme à son habitude, par sa capacité à être régulier tout au long d’un match, là où d’autres se contentent de flashs éparpillés. Si la personnalité du bonhomme n’est plus à prouver, son profil est de plus en plus précieux dans l’entrejeu des Bleus, d’autant plus dans un tableau tactique comme celui de la nuit, où la bande de Didier Deschamps a peiné, malgré sa domination, à vraiment secouer Vlachodimos (19 tirs, 5 cadrés, dont un penalty). Toujours en mouvement et constamment capable de s’offrir le temps nécessaire pour s’orienter afin de combiner efficacement avec ses cibles (il suffit de revoir sa déviation pour Mbappé à la 19e pour s’en convaincre), le numéro 6 de l’équipe de France, 101 ballons touchés, a également été vital pour tirer par séquences sur la corde défensive grecque grâce à ses appels dans la profondeur, ce que Rabiot fait un peu moins lorsqu’il est aligné. En fin de rencontre, on l’a également vu tenter deux fois sa chance, ce qui est venu s’empiler sur une feuille de stats déjà bien fournie, notamment par 6 ballons récupérés, dont un le long de la ligne de touche qui a été au départ d’une tête à côté de Kolo Muani (25e), et quelques dribbles intéressants. À plusieurs reprises, sa faculté à connecter avec Mbappé et Griezmann a aussi été à noter.
En 2023, il est clairement le Tricolore qui a donné un intérêt supplémentaire aux sorties internationales par sa différence, ce qui vaut aussi pour Coman, déjà très remuant à Faro et encore très actif lundi soir, même si le joueur du Bayern a, comme pas mal de ses potes, parfois fait la touche de trop dans le dernier tiers. La suite devrait s’écrire avec Camavinga, reste à savoir dans quel rôle, Rabiot gardant une place de choix dans la tête du staff. L’idée d’un double pivot durable avec Aurélien Tchouameni, sobre et efficace lundi soir, sera aussi à étudier. Prochain acte : début septembre, avec la réception de l’Irlande. Avant ça, place aux cocotiers.
Par Maxime Brigand, au Stade de France