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Édouard Mendy remplaçant à Chelsea : Kepa sa ?
Il y a eu l'arrivée de Thomas Tuchel, le début d'un règne, la Ligue des champions, les distinctions individuelles, et puis plus rien. Depuis début septembre et l’intronisation de Graham Potter, Édouard Mendy a complètement perdu sa place dans la cage de Chelsea. La raison s’appelle Kepa Arrizabalaga : le portier espagnol a profité de la méforme de l'un des deux meilleurs gardiens du monde en 2021 pour repointer le bout de son nez et, enfin, justifier son transfert mirobolant. L’un passe de tout à rien. Et l’autre, de rien à tout.
« Il vaut mieux laisser le football décider. Kepa a très bien fait les choses jusqu’ici et il a été soutenu de manière fantastique par Edu(Édouard Mendy). Son retour en forme est vraiment une bonne nouvelle pour tout le monde. » Beaucoup auraient eu le sourire aux lèvres, lui semble plutôt gêné. Interrogé sur la possibilité de remettre en question la hiérarchie des gardiens après la victoire de Chelsea à Aston Villa (0-2) il y a plus d’une semaine, Graham Potter souffle un coup avant de tempérer : « C’est bien que nous ayons de la concurrence à ce poste, nous avons besoin que les joueurs se poussent les uns les autres, car c’est ainsi qu’ils s’améliorent. » Depuis qu’il a pris la place de Thomas Tuchel le 8 septembre dernier, le tacticien anglais fait entièrement confiance au portier espagnol. Le Sénégalais, élu meilleur gardien The Best pas plus tard qu’en janvier dernier, est sur la touche. Et sa situation pourrait ne pas s’arranger de sitôt.
Kepa à la chasse, perd sa place
Dans l’ombre de Mendy le temps du règne de Thomas Tuchel, Kepa – acheté par les Blues contre 80 millions à l’été 2018 – retrouve enfin la lumière. À l’image de son statut d’homme du match, à Villa Park. Et quand on vole la vedette à un double buteur (Mason Mount en l’occurrence), c’est qu’on a crevé l’écran. Avec six parades en première période, Kepa a écœuré les Villans et réalisé son record d’arrêts en une mi-temps. Dans la forme de sa vie ? Sa triple parade dantesque à la vingtième minute de jeu témoigne en tout cas d’une grande confiance. Et avec le match nul et vierge face à Brentford (0-0) la journée suivante, et le but de dernière minute de Casemiro lors de la réception de Manchester United (1-1) ce week-end, le portier le plus cher de l’histoire du football n’a encaissé que quatre buts en neuf apparitions toutes compétitions confondues, comptabilisant cinq clean sheets. Le milieu brésilien a d’ailleurs mis fin à une invisibilité de 623 minutes pour le Basque.
Énorme numéro de Kepa sur cette quadruple occasion pour Villa ! #AVLCHE pic.twitter.com/DOOyxqQGGf
— CANAL+ Foot (@CanalplusFoot) October 16, 2022
De l’autre côté, pour Mendy, qui a récemment terminé à la quatrième position du trophée Yachine lors de la fameuse soirée du Ballon d’or du peuple, le tableau est forcément un peu plus sombre. Indiscutable pendant près deux ans, Édouard Mendy n’est plus aussi performant depuis février dernier et le retour de la CAN remportée par les Lions de la Téranga. Tout juste de retour à Londres, le Sénégalais avait été particulièrement fautif face à Brentford lors d’une lourde défaite à Stamford Bridge (1-4), et surtout lors du quart de finale aller de C1 face au Real Madrid (1-3) quelques semaines plus tard. Sa fin de saison avait été mitigée, avec peu de clean sheets, une rouste à domicile contre Arsenal (2-4) et une séance de tirs au but perdue en finale de FA Cup face à Liverpool (0-0, 5-6 TAB). Mendy avait entamé le nouvel exercice avec les mêmes difficultés : dans un fauteuil, sans faire de bruit, et en laissant le costume de sauveur – tant porté par le passé avec Chelsea – au vestiaire. Légèrement touché au genou début septembre et indisponible pour deux petites rencontres, le Havrais avait alors laissé sa place à Kepa pour le dernier match de Tuchel, à Zagreb : il ne l’a jamais retrouvée. Près de deux mois après un mercato où l’Espagnol avait toutes les raisons d’aller voir ailleurs, le voilà sorti d’un placard que l’on croyait fermé à double tour.
Le spectre de la League Cup
« J’ai été vraiment impressionné par son caractère et sa personnalité. Il prend ses responsabilités et c’est bien quand ce genre de personnes sont récompensées de leurs efforts », confiait Potter il y a deux semaines au sujet d’Arrizabalaga. Un discours qui tranche avec ce que lâchait le principal concerné à l’été 2021, après un exercice à sept petites apparitions en Premier League pour neuf ballons récupérés au fond de ses filets : « Peu à peu, j’ai perdu confiance et j’ai fini par commettre quelques erreurs. J’accepte les critiques, évidemment. On joue toujours sous pression. Vivre avec les commentaires négatifs les soirs de mauvais matchs fait partie du métier. Mais parfois, ça va trop loin », lançait-il pour The Players’ Tribune. Plus tôt dans son aventure sous la tunique bleue, Kepa s’était maladroitement illustré lors de la finale de League Cup 2019 – perdue aux dépens de Manchester City (0-1, TAB) – en refusant de sortir à la fin de la prolongation, puis en se montrant incapable d’empêcher la défaite des siens lors de la séance de tirs au but.
Rebelote en février dernier : toujours en finale de cette même coupe, en février dernier, Kepa avait été lancé par Tuchel à la 199e minute pour transformer ce coup de poker en un véritable désastre, laissant filer les onze tentatives de Liverpool avant d’envoyer la sienne dans les tribunes de Wembley (0-0, 11-10 TAB). De quoi se mettre à dos tous les supporters de Chelsea ; ce sont pourtant eux, il y a neuf jours qui ont applaudi leur héros au coup de sifflet final à Villa Park, alors que Thiago Silva et tous ses coéquipiers avaient d’ores et déjà pris la direction du tunnel. « Je me sens vraiment bien maintenant. Je me sens à l’aise, confiant, tout fonctionne, et je veux que ça continue », avait-il expliqué au micro de Chelsea TV après cette standing ovation. L’histoire de Kepa Arrizabalaga ne ressemble décidément à aucune autre.
Par Matthieu Darbas