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Edinson Cavani, idole contrariée

Par Mathieu Faure
5 minutes
Edinson Cavani, idole contrariée

Une semaine après Thiago Silva, le couperet est également tombé pour Edinson Cavani. Dans un entretien accordé au JDD, le directeur sportif du PSG Leonardo confirme que l’Uruguayen, en fin de contrat le 30 juin, ne sera pas prolongé. À 33 ans, le meilleur buteur de l’histoire du club va partir sans avoir pu savourer un dernier match au Parc des Princes.

Le Covid-19 aura décidément fait un mal fou aux légendes du PSG. Après Thiago Silva, c’est Edinson Cavani qui va quitter le club de la capitale sans un dernier match au Parc des Princes. Meilleur buteur de l’histoire du club (200 buts en 301 matchs), Cavani ne sera pas prolongé. « Ça a été une décision très difficile à prendre, a expliqué Leonardo dans les colonnes du JDD en parlant de Thiago Silva et Cavani. Ce sont des joueurs qui ont marqué l’histoire du club : on se demande toujours s’il faut continuer un bout de chemin ensemble ou s’il ne vaut pas mieux éviter l’année de trop. Les histoires étaient tellement belles. Mais, oui, on arrive à la fin. Il fallait prendre une décision logique, même au niveau économique ou au regard de la génération qui arrive. Peut-être qu’on se trompe, je ne sais pas, il n’y a jamais de moment parfait. Maintenant, la Ligue des champions est encore en ligne de mire, et l’idée, c’est de poursuivre la compétition avec eux jusqu’à la fin août. Mais la manière dont on peut y parvenir n’est pas encore claire(juridiquement). » Difficile de faire plus limpide comme message. C’est donc ainsi que les routes de Cavani et du PSG vont se séparer après sept ans de vie commune.

200 pions, 19 titres

Sur le papier, le club de la capitale perd gros : 200 buts – meilleur buteur du club donc – dont 30 en Ligue des champions et un palmarès hors norme depuis son arrivée en provenance du Napoli en 2013 avec pas moins de 19 titres. Cavani, c’est une chanson à sa gloire au Parc des Princes – un fait rarissime dans l’histoire du club –, une grinta, une crinière toujours huilée, des buts de la tête à la pelle, des contrôles aléatoires, des replis défensifs, de l’instinct, des « Dommage Edi » à foison et des moments de grâce. Ce but contre Ajaccio pour son premier match avec le PSG, ce bijou face à Bastia, ce coup franc qui met la clim’ au Vélodrome dans les arrêts de jeu contre l’OM, ce but de l’espoir déchu au Camp Nou lors de la remontada. C’était un renard des surfaces. Un numéro neuf clinique même si parfois maladroit. En forme, c’était surtout un buteur incroyable capable de planter des triplés en touchant trois ballons.

Il y a l’homme, aussi, enfin le personnage médiatique qu’il a subtilement réussi à construire. L’habitant de Salto qui se retrouve toujours proche d’une caméra quand il tond un mouton, pêche à la ligne ou savoure un bout de bidoche, béret sur la tête et crocs aux pieds. Le soldat du Parc a réussi à cultiver cette appartenance au peuple. Sans rien dire, il est devenu cette anti-star que l’on oppose au mercenaire Neymar où à l’égoïste Mbappé. Cavani a ce côté populaire au sens large du terme. Malgré des émoluments indécents, il avait gardé cette humanité prolétaire. Il respirait la simplicité, l’humanité, le respect. C’est sans doute l’un des rares joueurs du PSG à faire l’unanimité partout en France. Partout… sauf au PSG. D’ailleurs, dans quel autre club d’Europe le meilleur buteur de l’histoire est-il à ce point contesté ?

Aucun but en quarts de C1…

Car oui, Edinson Cavani va partir du PSG avec un totem d’immunité à vie pour certains et entouré de gros doutes pour d’autres. Un peu comme Thiago Silva, le Matador traînera toujours avec lui certains ratés. Déjà, il y a eu ces bouderies – passées inaperçues –, mais qui avaient donné lieu à un recadrage assez fort de la part de Laurent Blanc en janvier 2016 : « Edi est un garçon généreux, collectif dans le jeu. Quand il est sur un terrain, il n’y a rien à lui reprocher. Dans la vie d’un groupe, voilà… Il n’a pas fait ce qu’il fallait faire. C’est comme ça, je pense qu’il en est conscient et j’espère que, dans le futur, il aura conscience qu’il doit se comporter plus collectivement que ce qu’il a fait. » Il y a eu aussi des sorties maladroites dans la presse réclamant un positionnement axial avant un gros match de C1, des retards après des trêves internationales et la manière dont il a laissé la crise économique glisser sur lui durant la crise sanitaire liée au Covid-19. Et puis il y a ses petits couacs sportifs, comme ce bilan à zéro but en quarts de finale de C1 depuis son arrivée en 2013 que personne ne peut cacher sous le tapis.

Il y a donc l’homme, le joueur, et la légende. Cavani est un subtil mix des trois. Il a su profiter, intelligemment, de l’amour impossible entre les fans du PSG et le duo Neymar-Mbappé pour devenir l’idole d’une partie des supporters, chose qu’il n’avait pas réussi à faire sous Ibrahimović, par exemple. Fameux « marqueur » de buts avec Laurent Blanc, Cavani aura parfaitement rempli sa mission avec la liquette du PSG. Mais avec le poids des ans, les soucis physiques récurrents, l’arrivée de Mauro Icardi et un salaire en inadéquation avec son rang actuel au PSG, cela semblait difficile de poursuivre l’aventure. Et à l’instar de Thiago Silva, il était peut-être temps de tourner la page. De regarder devant. De passer à autre chose. L’Uruguayen partagera avec son ancien capitaine le même regret, celui de ne pas avoir eu droit à une dernière danse. En public. Avec son public. Alors oui, ils reviendront sans doute en marge d’un match récupérer l’immense standing ovation qu’ils méritent. Mais quand ? C’est sans doute ça le plus triste. Non pas que Cavani quitte le PSG. Mais que Cavani quitte le PSG comme ça. Dommage Edi…

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Par Mathieu Faure

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