EDF : Mandanda toujours N°1

Fabien Barthez est un expert. Il admire également Steve et Hugo. Il aurait une petite préférence mais il l’a toujours tue. En tous cas, il le répète : les deux garçons sont hyper doués et leurs qualités intrinsèques sont quasi identiques. Et il en va de même pour beaucoup d’observateurs du foot français (joueurs, coaches, gardiens) : les deux gardiens sont très proches.

Actuellement, la côte de Lloris remonte en flèche après son match parfait contre Sochaux et après le match raté de Mandanda contre l’Argentine… Moralité : on n’est guère avancé. Pour être plus précis, Ray Strange a indiqué comment ses deux gardiens étaient départagés : « Bruno Martini choisit et moi je décide. On est toujours en harmonie » . Formule ambiguë. On pourrait croire, quand on connaît Ray Lune, que ce dernier aime contredire son adjoint délégué aux gardiens, du genre : « Bruno choit Lloris mais moi je décide que c’est Mandanda » . Mais, la vérité serait sans doute que Martini Dry et Raymond Frappé soient réellement “en harmonie” et qu’ils votent tous les deux Mandanda. Objectivement, le choix n’est pas facile.

En fait, dans l’idéal, il aurait fallu qu’après la vieille génération Barthez-Coupet émergent des gardiens d’âge mûr (entre 26 et 28 ans, environ). On avait donc dans cette tranche d’âge Landreau et Frey. Le problème, c’est que Landreau s’est troué, aussi bien avec le PSG la saison passée qu’avec les Bleus : le France-Écosse du Parc (0-1) et le France-Maroc (2-2) ont été désastreux. D’où l’hélico à Tignes avant l’Euro… Pour Seb Frey, c’est plus compliqué : c’est vraiment lui qui aurait pu succéder aux Barthez-Coupet. Il en avait l’âge et le talent, vu qu’il est considéré comme l’un des trois meilleurs portiers du Calcio par la presse italienne. Même sa bourde en Ukraine n’était pas rédhibitoire. Reste que le courant n’est jamais passé entre lui et Ray Coco. Pourquoi ? Mystère… En fait, des bisbilles qui remonteraient aux Espoirs (selon le gardien de la Fio). Sentant un manque de considération de la part du sélectionneur, qui a mis Mandanda n°1, Frey a décidé de ne plus revenir chez les Bleus. Mauvaise gestion sans doute de Ray Flash : il se retrouve maintenant avec deux très jeunes gardiens (Lloris 22 ans et Mandanda 23), très forts mais inexpérimentés.

Donc, voilà, on se retrouve avec un duel Hugo-Steve. Le problème, c’est qu’à ce très jeune âge, on ne peut pas trop les bousculer. Après la perf’ très moyenne de Steve contre l’Argentine, enquiller direct avec Hugo aurait pu être ravageur. Logique, mais ravageur. Le but n’est quand même pas de casser l’un des deux en agissant aussi brutalement. Elle est peut-être là la faute de Ray Floppy : il doit maintenant gérer deux jeunots. Et il ne faut pas se mentir : quand Hugo ou Steve déclarent qu’ils sont costauds et qu’ils respectent les choix du coach, c’est faux. Les deux sont des compétiteurs et ils sont besoin d’être rassurés. Car c’est aussi le poste qui veut ça : le turnover y est moins recommandé que dans d’autres secteurs de jeu. On est loin des chocs de (vieux) Titans Lama-Barthez puis Barthez-Coupet : sachant qu’en 1998 puis en 2006, celui qui ne serait pas n°1 (Lama en 98 puis Coupet en 2006) verrait finir sa carrière sans avoir joué un grand rendez-vous majeur vu leur âge, il y avait eu une tension épouvantable chez les Bleus. Là, avec Steve et Hugo, ils ont plus le temps de saisir leur chance à tour de rôle et “d’attendre”, tout simplement.

Maintenant, on sait que Barthez a bouffé Lama et Coupet au mental. Résultat : Lama a mis la merde à Clairefontaine en 98 et Coupet s’est “sauvé” de Tignes avant le Mondial 2006… En vrai sélectionneur machiavélique, Ray Bath guette sans doute celui des deux, Steve et Hugo, qui sera le plus fort mentalement. Déjà, on peut constater que Seb Frey a “craqué” tout seul et qu’il n’était dons pas assez costaud… On ne peut pas reprocher à Ray Domino de jouer à ce jeu cruel : tous les entraîneurs du monde observent au quotidien la guerre psychologique que se livrent certains de leurs joueurs en concurrence pour un poste précis. A ce titre, Alex Ferguson observe TOUT. Y compris une anodine partie de ping-pong entre deux de ses joueurs : Sir Alex regarde rapidos lequel des deux a le plus la gniac pour remporter la partie avec la petite balle blanche…

Voilà. Tout ça pour dire que pour l’avenir, le choix dans la durée pour le poste de gardien va aussi se jouer sur les nerfs et le sang-froid. On peut penser que Mandanda est le plus costaud des deux. En tous cas, c’est sans doute ce qu’en pense Ray Frappé. A la vérité, c’est aussi ce que beaucoup pensent. Du coup, on sent bien que Lloris est dans la peau du challenger. Celui qui doit prouver sans cesse… Même si on a le droit de penser que Mandanda ne s’est pas encore vraiment imposé chez les Bleus. Pas facile pour Hugo. D’autant plus que, mine de rien, Steve en est déjà à 7 sélections (contre une seule pour Hugo, contre l’Uruguay, 0-0) et qu’il commence à trouver ses marques avec la défense des Bleus, des “habitudes”… Et puis, en parlant de défense, on ne peut pas dire que Mandanda ait évolué avec une défense très rassurante. Au contraire, elle a été plutôt calamiteuse et Hugo aurait sans doute morflé lui aussi à Vienne (1-3) ou à Stockholm (3-2).

Alors ? Alors rien n’est figé. A un an de la Coupe du Monde, tout reste possible : Hugo peut très bien devenir le n°1 dès la saison prochaine et enchaîner sur le Mondial (si on y va). Rien ne s’y oppose. On observera donc la lutte psychologique entre les deux duettistes et surtout, les performances. A savoir le championnat et puis, malheureusement pour Hugo, la Coupe d’Europe. Si l’OM fait très fort en Coupe de l’UEFA (ce qui est probable en plus de gagner le championnat), Steve prendrait alors un avantage quasi décisif. Enfin, quand on dit que rien n’est figé, il y a aussi la solution Carrasso. Ne rigolez pas : il a l’âge qu’il faut (27 ans), il est revenu au top après une blessure et un échec à l’OM (Mandanda, bien sûr) et il semble avoir repris sa progression naturelle, stoppée justement par sa blessure. Reste qu’il manque d’expérience internationale.

La vérité vraie, unique et incontournable, c’est qu’il faut attendre encore un peu. En 98, Jacquet avait attendu le tout dernier moment (Finlande-France, 1-0, du 5 juin !) pour choisir définitivement Barthez plutôt que Lama pour la Coupe du Monde. Aimé avait alterné tout au long du début d’année 98 avant de choisir. Avec Barthez, Aimé avait plutôt fait le bon choix. Le choix au poste de gardien est vraiment très difficile. Sur ce sujet, pas besoin de taper sur Ray Solo. Stabilité et continuité : ça se tient encore, pour l’instant. Time will tell…