EdF : Domenech trompe son monde

Contre les Féroé, il faudra « marquer le plus de buts possibles » dit Raymond. « On entend ça partout : on va jouer les barrages, comme si les deux matches n’existaient pas. Ce qu’il faut que je rappelle aux joueurs, c’est que pour jouer les barrages, il faut battre les Féroé. Et ce n’est pas fait. L’autre aspect, c’est qu’il n’est pas sûr que les Serbes battent les Roumains. S’ils ne le font pas, tout se jouera sur le dernier match. Les Féroé, il faut donc les jouer à fond pour marquer le plus de buts possibles » .

Marquer le plus de buts possibles. Mar-quer-le-plus-de-buts-pos-sibles. Ces mots, dans la bouche de Raymond Domenech, on a beau dire, ça fait bizarre. C’est qu’il ne nous avait pas spécialement habitués à ça. Bon. Mieux vaut tard que jamais… Mais pourquoi maintenant ? Pourquoi pas avant ? Disons, et restons polis, que la FFF, pour ne pas avoir eu le courage de virer un sélectionneur en péril à la suite du naufrage de l’Euro, a maintenu un climat de merde au sein duquel Ray Charles a forcément davantage joué sa peau que l’audace.

Du coup, comme on ne l’a jamais vu jouer dans cette optique, mar-quer-le-plus-de-buts-pos-sibles, on est curieux de savoir comment RayMiFaSol va s’y prendre. Trois milieux défensifs ? Toulalan milieu droit ? Alou Diarra meneur ? Plus sérieusement, en l’absence de son meneur de jeu, Yoann Gourcuff, et de son accélérateur de particules, Franck Ribéry, Domenech va devoir se trouver une attaque. Et même un schéma de jeu. RayX a, depuis l’émergence du Bordelais, joué en 4231. Avec un 10 quoi. Poste qu’hormis Gourcuff, seul Ribéry peut occuper. Problème, on l’a vu, pti’ Franck est lui aussi forfait pour le sommet au stade du Roudourou. Alors ? Alors adios le 4231, welcome back le 442, schéma en place avant que Yoyo ne prenne le mic, avec deux milieux excentrés et… deux milieux défensifs. Faut pas déconner non plus. Un seul serait sans doute suffisant, mais il faudrait alors composer un 4132 inédit de chez inédit pour un match décisif, trouver qui faire jouer meneur (Anelka ?), qui sacrifier de Lass et Toul’, qui aligner devant, veiller à ce que les cinq joueurs offensifs (plus les latéraux) ne se marchent pas dessus… Bref, se casser la tête. Et puis, de toute façon, ce n’est pas le moment.

La France est maintenant là pour mar-quer-le-plus-de-buts-pos-sibles. Pour ce faire, autant s’inspirer de ce qui marche, on pourrait aussi imaginer un 433 à la barcelonaise, avec une attaque Henry-Benzema-Anelka et pour les alimenter un duo de relayeurs créatifs, mais bon, on les a pas. Parce que non, Benoit Cheyrou n’est pas Xavi. Pas plus que Nasri Iniesta. Et Pjanic est Bosniaque. Donc va pour le 442. Pourquoi pas. Doublette en pointe (Benzema puni, ce sera Anelka Gignac), côtés bien occupés, façon one+one, entre les milieux excentrés (sans doute Henry et Govou, chouette, Govou) et les latéraux (Evra-Sagna), cette organisation peut effectivement permettre de mar-quer-le-plus-de-buts-pos-sibles pourvu que l’espace entre les milieux centraux et les attaquants soit bien occupé. A toi de jouer, Lassana. Parce que bon, Toulalan joue maintenant défenseur central, son meilleur poste d’ailleurs. Mais ça c’est une autre histoire.

En attendant, en EDF, Jérémy joue toujours à l’un des deux postes de milieu défensif. Car, faut pas se leurrer, Raymond n’a pas vraiment changé : c’est simplement l’échéance qui se rapproche. Ray joue toujours avec les moyens du bord. De la survie en milieu hostile, de la violence des échanges en milieu tempéré : au fond, il s’agit toujours du même type, un peu seul contre tous, un peu touchant, pas mal exaspérant, qui joue toujours sans style de jeu mais avec sa bite et son couteau, pour sa survie (voire celle de son équipe, si affinités). Et cette fois plus que jamais (si si c’est possible), parce que là, si la France ne va pas en barrages, Ray n’y survivra pas. Quoique…