EdF : Coucou, revoilà Trezeguet !

On imagine que David avait calé sa soirée TV de samedi soir sur deux matchs qui devaient lui tenir à cœur, Irlande-Italie et Argentine-Pérou, plus tard dans la nuit. Et les Bleus contre les Féroé ? Peut-être aussi, en zappant par moments le match de la Squadra. En tout cas, voir l’expérimenté Gilardino (28 ans) égaliser in extrémis contre l’Irlande (2-2) et voir surtout “l’ancêtre” Palermo (35 ans) donner la victoire in extrémis à l’Albiceleste (2-1), ça a dû le secouer, le David. Des buts décisifs dans le money time, c’est un peu sa marque de fabrique. Or, ça tombe bien, les Bleus viennent de décrocher héroïquement les barrages, soit deux matchs couperets nécessitant expérience, sang-froid et adresse devant le but. Bon dieu, mais c’est bien sûr ! Lundi soir, David (32 ans le 15 octobre, 71 sélections, 34 buts, marié, deux enfants, habitant Turin, champion du Monde et d’Europe, Permis B, trilingue français-espagnol-italien et des notions d’anglais) a relancé sa candidature : « Je n’ai pas fait une croix sur l’Equipe de France. Je suis toujours disponible dans cette période difficile. Pour se qualifier, l’entraîneur doit mettre toutes les armes de son côté. Si Domenech pense que je peux être utile, je suis prêt à jouer les barrages. Je sens que je peux apporter un plus » .

Question : est-ce que David a sa place chez les Bleus ? Oui, certes. MAIS !… S’il ressort encore son tableau Velleda et ses gros Stabilo Boss colorés sur Canal+ pour nous expliquer que les Bleus jouent trop bas pour lui, c’est non ! S’il n’a pas compris que ces deux dernières années, Raymond lui a préféré Briand, Gomis, Rémy, Hoarau et même Piquionne et Savidan, c’est qu’il croît encore au Père Noël (le vrai, pas Le Graët !). S’il a oublié que Raymond l’a aussi zappé de l’Euro 2008 et que somme toute, Raymond, c’est dans les matchs en bois de l’Équipe de France A’ qu’il apprécie le mieux notre Franco-Argentin, c’est qu’il est naïf ! S’il a oublié qu’il avait été de la série noire des trois défaites contre l’Ecosse et l’Argentine (0-1 pour les trois), beaucoup de ses détracteurs, eux, s’en souviennent. S’il a aussi oublié que son dernier match avec les Bleus remonte à mars 2008 contre l’Angleterre (1-0), soit une éternité, et que ça commence à dater… Bref, la cote de David n’est plus trop en hausse de ce côté-ci delle Alpi. Surtout, depuis ses nombreuses volte-face, David se traîne maintenant une sale réputation de “pleureuse indécise” !

Flash-back… Le 10 juillet 2008, suite à sa non-participation à l’Euro 2008, David annonce sa retraite internationale vu que Raymond Domenech est incroyablement maintenu à la tête de l’Equipe de France. Deux jours plus tard, à l’occasion du match-souvenir de France 98 contre une sélection mondiale, il revient sur sa décision en précisant qu’un retour est possible chez les Bleus… en cas de changement du sélectionneur ! Le déclic de ce revirement ? « Ce match avec France 98 au Stade de France m’a beaucoup fait réfléchir. Et puis le sondage de L’Équipe Magazine où je figure parmi les dix sportifs les plus appréciés. Tout cela m’a d’autant plus touché que je ne suis pas quelqu’un qui recherche les projecteurs » . Cœur d’artichaut, va !… Et puis, six mois plus tard, en décembre 2008, alors en contact avec Alain Boghossian, membre du staff Équipe de France, il émet le souhait de revenir chez les Bleus et se met à la disposition du sélectionneur en vue des qualifs du Mondial 2010 : « Je pense notamment à l’échéance d’un nouveau Mondial. Je ne mets pas une croix là-dessus. Les Bleus m’ont toujours manqué et me manquent encore aujourd’hui. Bogho, que j’apprécie beaucoup, m’a rappelé que les portes m’étaient ouvertes. Il m’a dit aussi qu’il avait confié à Domenech que j’étais le meilleur complément de Benzema en attaque. Mais je m’attendais plus à un appel de l’entraîneur que d’un membre du staff » .

Pauvre David ! D’abord, “Bogho” n’a justement pas le pouvoir de décision de Domenech. Ensuite, « être le meilleur complément de Benzema » , même l’ex-Lyonnais Fred do Brazil a compris que ce n’était pas un statut “viable” en tant que compétiteur. Et enfin et surtout, c’est qu’entretemps l’ouragan Gignac a balayé le front de l’attaque de la L1 (meilleur buteur 2008-09, 24 buts) et il s’est bombardé dans la ligne offensive des Bleus. Une grosse présence dans les 16 mètres, déjà trois buts dont deux de “renard des surfaces” en pivot contre les Féroé (certes !) : ça ne vous rappelle rien ? Alors dur pour David Trezeguet de jouer les recours. Le buteur de la Juve n’est pourtant pas fini, et quel que soit le système, il y aura toujours moyen de moyenner pour le mettre dans les conditions de marquer. Mais les circonstances lui sont de plus en plus défavorables, et pas seulement à cause de la défiance du sélectionneur. Car outre la bombe Gignac, Benzema fait aussi son trou et le duo Anelka-Heny cadenasse la baraque à double tour. Plus trop de place pour Trezeguet… L’avenir joue aussi plutôt pour Benz, Gignac, Rémy, Briand, Hoarau. Les matchs récents des Bleus, et notamment la kermesse de Guingamp contre les Féroé, ont visiblement soudé un groupe où Trezegol tient autant de place que Cantona et Ginola en avaient chez les Bleus d’Aimé Jacquet…

Conclusion : l’Eté Indien de Raymond Domenech se prolonge encore. Plus que jamais en position de force, Ray Zénith voit l’un de ses pires détracteurs lui faire publiquement allégeance. L’est pas belle la vie ?