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Éder Militão est-il vraiment le meilleur défenseur du monde ?
Indiscutable au Real Madrid à 25 ans, Éder Militão peut être considéré comme l’un des meilleurs défenseurs du monde. Du moins, c’est comme cela qu’il se décrit. À juste titre ?
« Avec David Alaba, nous formons la meilleure charnière du monde. Nous avons tout gagné sans jamais avoir subi de dégâts, donc j’estime que nous sommes les meilleurs. » Le 15 juin 2022, Éder Militão livrait ses vérités dans les colonnes de Marca, n’hésitant pas à mettre en avant sa valeur sportive. Rien de moins logique, pour un garçon alors fraîchement vainqueur de la Liga et de la Ligue des champions, pour sa troisième saison avec le Real Madrid. Un an plus tard, la donne a-t-elle changé ? Pas vraiment. « Je suis actuellement sur le bon chemin pour devenir le meilleur défenseur du monde. » Voilà ce que le Brésilien martelait, le 17 avril dernier cette fois, avant de défier Chelsea en quarts de finale retour de C1 (victoire 0-2). Une assurance notable pour celui à qui l’on reprochait justement de ne pas en avoir à ses débuts au sein de la Maison-Blanche, traduisant une solidité nouvelle.
Cadre supérieur
Sur ses dernières sorties, Militão a pourtant semblé loin de toutes ces certitudes. La faute à trois matchs poussifs fin avril – contre Gérone, Almeria et la Real Sociedad – où se sont condensés l’ensemble des points de progression lui restant encore à engranger. Erreurs d’anticipation, mauvaises relances, duels perdus : les huit buts encaissés par le Real Madrid durant ce triptyque infernal (deux défaites, une victoire) sont à mettre dans la besace malheureuse de l’Auriverde. Interrogé en conférence de presse après la déroute face à la Real Sociedad, Carlo Ancelotti n’a d’ailleurs pas mâché ses mots : « Éder doit se réveiller, et vite. » Mais alors, qu’en est-il de ce potentiel de meilleur défenseur du monde rabâché depuis un an ? On y arrive.
Utilisé à 45 reprises durant cette campagne 2022-2023, Militão n’aura manqué que huit rencontres, parmi lesquelles trois seulement ont résulté de choix tactiques. Mieux, sur ces deux dernières saisons, il est le troisième joueur préféré d’Ancelotti avec 96 matchs disputés (derrière Vinícius Júnior, 102, et Rodrygo, 100). Des chiffres comme symboles de la confiance témoignée à l’égard d’un garçon désormais cadre. Rassurant par son aspect athlétique et une présence assez imposante dans ses zones de marquage, le Pauliste ne semble jamais pris de court. Au point de s’offrir plusieurs montées par match, façon Sergio Ramos, pour faire régner ce même gabarit dans la surface adverse (sept buts inscrits cette saison) et soulager Antonio Rüdiger à la couverture. Cette occupation de l’espace vise aussi (voire surtout) à pallier l’absence de David Alaba, habituel essuie-glace défensif, mais devenu blessé chronique depuis douze mois.
Un latéral d’axe
Des allures de couteau suisse, que Militão doit à une grande polyvalence tactique. Positionné en axe droit dans le 4-3-3 classique et figé du Real Madrid, il prend en effet souvent le couloir de ce même côté en phase offensive, comblant de manière quasi automatique les montées de Dani Carvajal. À l’aise dans la relance, notamment sur jeu long, Militão a su affiner un profil de déménageur et devenir l’un des premiers relais offensifs, en croisant notamment le jeu pour Vinícius Júnior. Normal, pour un joueur formé au poste de latéral.
De ses 37 matchs disputés à São Paulo à ses débuts, 26 l’auront par exemple été dans ce rôle. Idem sous les ordres de Sergio Conceição au FC Porto comme pendant d’Alex Telles. Quand il claque 50 millions d’euros pour s’attacher ses services à l’été 2019, Zinédine Zidane finit alors de compléter la métamorphose. Préférant utiliser le mètre 86 et l’excellent jeu de tête de sa recrue pour défendre, ZZ a donné aux Merengues un tout nouveau joueur. Rúben Dias, Ronald Araújo, Kim Min-jae, Ibrahima Konaté : les grosses têtes défensives se comptent actuellement sur une main, et Éder Militão semble plus que jamais assis à la table de cette caste. Ne reste donc qu’à savoir s’il en est le meilleur.
Par Adel Bentaha