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Eddy Lecygne : « Je ne voulais plus retourner dans le foot pro »

Propos recueillis par Victor Launay
8 minutes
Eddy Lecygne : «<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>Je ne voulais plus retourner dans le foot pro<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>»

Passé par l'En Avant de Guingamp et le Stade rennais, Eddy Lecygne est parti à Stoke City à l'âge de quinze ans où il a ensuite signé un contrat pro. Après trois sélections en équipe de France U19 et sept années passées en Angleterre, le milieu de terrain est finalement revenu à Lamballe en R1. Alors qu'il s'apprête à entamer sa deuxième saison avec le club des Côtes-d'Armor, Eddy Lecygne évoque son parcours, ce qui l'a poussé à revenir en Bretagne et les objectifs du club.

Est-ce que tu pourrais nous résumer ton parcours ?J’ai commencé le foot à Plounérin. Puis, j’ai été à Guingamp pendant deux saisons et je suis ensuite passé par le Stade rennais pour mes quatre années de collège. À l’âge de quinze ans, plusieurs clubs en Angleterre s’intéressaient à moi. J’ai alors fait un essai à Stoke, et ils m’ont pris. Je n’ai pas continué à Rennes, car le contrat qu’ils me proposaient ne m’intéressait pas. Ils voulaient me faire signer un an de convention, mais je recherchais un contrat plus long. Le temps que ma situation se décante en Angleterre, j’ai joué à Lamballe pendant environ six mois, puis je suis parti à Stoke. Ils me proposaient de signer trois ans, en tant que stagiaire. Au bout de deux ans, j’ai finalement pu signer un contrat professionnel à 17 ans. J’ai joué pendant sept ans en Angleterre, avant de revenir à Lamballe.

Est-ce que tu parlais anglais, avant de partir à Stoke ? Qu’est-ce qui t’a finalement décidé à franchir le pas aussi jeune ?

J’ai pu côtoyer Shaqiri, Bojan, Owen qui était là pendant une année, Zouma, Diouf… et également Imbula et Nzonzi. Je suis d’ailleurs toujours en contact avec Steven Nzonzi, on se parle de temps en temps.

Je ne parlais pas un mot d’anglais. (Rires.) Mais là-bas, tout s’était bien passé, j’avais été super bien accueilli. Même si je ne parlais pas la langue, ils avaient tout mis en place pour que je me sente bien. Stoke, ça ne m’a pas fait peur du tout. Au début, mon père était un peu moins emballé. Mais ensuite, cela s’est très bien passé. J’ai appris très rapidement la langue.

Comment s’est passée ton intégration ? Quelles différences as-tu ressenties là-bas, par rapport à la France ? Concernant le jeu, c’est beaucoup plus intensif qu’en France. Physiquement, cela n’a rien à voir : l’intensité dans les matchs, les entraînements, les duels… C’est vraiment autre chose. Quand je suis arrivé, j’étais le seul Français. Mais il y avait Mamady Sidibé, un joueur malien de l’équipe première qui m’a pris sous son aile. J’allais chez lui tous les week-ends. C’est vraiment devenu quelqu’un qui compte pour moi, c’est une super personne.

Tu t’entraînais avec le groupe professionnel ?Oui, j’ai fait des matchs de préparation avec l’équipe première, mais je n’ai malheureusement pas pu disputer de matchs de Premier League. Je jouais avec les U23 de Stoke City. Mais j’ai pu côtoyer Shaqiri, Bojan, Owen qui était là pendant une année, Zouma, Diouf… et également Imbula, et Nzonzi. Je suis d’ailleurs toujours en contact avec Steven Nzonzi, on se parle de temps en temps. Il m’a également pris sous son aile, quand il était à Stoke. Il me parlait beaucoup, et me donnait des conseils. Ça m’a bien aidé, surtout que l’on jouait au même poste.

Tu as également été prêté à Doncaster, en 2016…

À partir de la dernière année à Stoke, j’allais un peu à reculons à l’entraînement. À partir de là, j’ai commencé à me poser des questions et à me dire qu’il y avait quelque chose qui n’allait pas.

C’était compliqué, là-bas. Le club allait descendre, et c’était déjà la galère quand je suis arrivé. Mais ça reste une bonne expérience, il y avait entre 10 000 et 15 000 personnes à chaque match en D3, donc ça changeait de la réserve. J’avais un bon coach, c’était le fils d’Alex Ferguson. Il connaissait bien le foot, mais il n’est plus à Doncaster maintenant.

Ensuite, tu n’as pas été prolongé par Stoke et tu as finalement quitté l’Angleterre. Pourquoi as-tu décidé de revenir en France ?Pendant l’été 2018, je suis rentré passer mes vacances en Bretagne et je ne savais pas trop ce que je voulais faire. J’avais des contacts avec un club allemand, mais j’ai finalement décidé que je ne voulais plus retourner dans le foot professionnel. Ce n’était plus forcément ce que je voulais, j’étais loin de tous mes amis qui étaient en France… Repartir, ça ne me disait pas trop. Puis faire du foot de haut niveau tous les jours, avec l’ambiance qu’il y a autour, ça ne m’intéressait plus. J’ai préféré rester à Lamballe, et je ne regrette pas du tout. Il y avait un peu un ras-le-bol du foot, ce n’était plus pour moi.

Tu ne ressentais plus du tout l’envie de jouer ? Tu expliques cela comment ?À partir de la dernière année à Stoke, j’allais un peu à reculons à l’entraînement. À partir de là, j’ai commencé à me poser des questions et à me dire qu’il y avait quelque chose qui n’allait pas. Je ne pense pas que ce soit lié au fait que je sois rentré tôt en centre de formation, c’est juste que j’ai mûri et je me suis rendu compte que le foot n’était pas quelque chose que j’avais envie de faire sur le long terme. Après, je ne regrette rien de mon parcours. J’ai fait beaucoup de voyages, j’ai connu beaucoup de choses. Mais continuer comme ça toute une carrière, je ne me voyais pas faire ça.

C’est quand même un choix assez radical et peu commun, de tout arrêter à 22 ans. Tu avais pu discuter de cette lassitude avec d’autres joueurs pros ?J’en ai parlé, oui. Certains joueurs ressentent un peu la même chose que toi, d’autres pas du tout. Après, c’est un choix personnel. C’est toi qui ressens les choses avant de prendre ta décision, donc tu ne peux pas non plus écouter tout le monde.

Qu’est-ce qui t’a motivé à revenir à Lamballe plus que dans un autre club ? Ici, je connais tout le monde et je joue avec mes potes. C’est sérieux, mais il y a beaucoup moins de pression. J’ai le sourire quand je m’entraîne et quand je joue, c’est cela que je cherchais en priorité.

S’il y a un projet intéressant, je suis prêt à écouter. Mais dans l’immédiat, je ne suis pas prêt à repartir dans le monde professionnel.

Je voulais retrouver le plaisir. Mon retour est aussi lié à la présence de Nicolas Laspalles (ancien joueur de Nantes, Guingamp et Paris, il est aujourd’hui entraîneur de Lamballe), que j’avais déjà eu comme entraîneur à Guingamp. C’est vraiment quelqu’un de bien, et c’est très intéressant de travailler avec lui.

Dans une interview à Ouest-France en 2018, tu avais dit que tu étais ouvert à d’autres propositions, notamment de clubs pros. C’est toujours le cas, ou tu te projettes à Lamballe pour plusieurs saisons ? Actuellement, je ne suis pas dans l’optique de me relancer ou quoi que ce soit. Je me projette à Lamballe. S’il y a un projet intéressant, je suis prêt à écouter. Mais dans l’immédiat, je ne suis pas prêt à repartir dans le monde professionnel.

Quels sont tes objectifs sur le plan personnel ? Pour Lamballe, la N3, ça peut le faire cette année, ou pas ?

Des fois, c’est vrai que c’est assez fatigant d’enchaîner les entraînements après de grosses journées de travail. Mais bon, ça reste largement surmontable.

Sur le plan personnel, j’espère juste aider l’équipe à finir le plus haut possible. Après, on verra. Il faut juste essayer d’avoir les meilleurs résultats possibles, enchaîner les matchs un par un et voir ce qu’il se passe après. C’est vrai qu’on a peut-être un groupe qui a la qualité pour monter, mais je ne veux pas trop me projeter au début. Mais c’est sûr que si on peut monter, on ne se gênera pas.

Tu travailles, à côté du foot ? Oui, je travaille dans une entreprise qui construit des réseaux électriques souterrains. On pose des câbles sous terre, et on fait les branchements pour les maisons. Mon père travaillait déjà dans la boîte, quand j’ai commencé. Au début, je faisais ça « pour bosser » , un mois ou deux. Et en fait, ça m’a beaucoup plu dès le début. Maintenant, cela fait un an que j’y travaille et j’aime vraiment ça.

Ce n’est pas compliqué de gérer ton travail et le foot à côté ? Comment s’est faite la transition d’un quotidien où tu pensais au foot en permanence vers une vie « normale » ?

C’était vraiment une bonne expérience, l’équipe de France. Il y avait des joueurs de grande qualité, dans l’équipe : Lucas Hernandez, Maxwel Cornet…

Des fois, c’est vrai que c’est assez fatigant d’enchaîner les entraînements après de grosses journées de travail. Mais bon, ça reste largement surmontable. Et bizarrement, la transition s’est faite naturellement. Je n’ai pas trouvé ça dur du tout, je pense que j’avais besoin de voir quelque chose d’autre que le foot.

Tu as aussi eu trois sélections avec l’équipe de France U19. Quel souvenir en gardes-tu ?C’était vraiment une bonne expérience, l’équipe de France. Ça fait toujours plaisir de voir son travail récompensé. C’était un tournoi avec de grosses équipes, dont l’Allemagne et l’Espagne. Il y avait des joueurs de grande qualité, dans l’équipe : Lucas Hernandez, Maxwel Cornet… Patrick Gonfalone était l’entraîneur. Mais je n’ai pas gardé contact avec mes coéquipiers.

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