Comment vous est venue l’idée de cette rencontre ?
Je regarde un petit peu de football, plus souvent le Barça, parce que cela ressemble à la sélection japonaise. Le joueur japonais est généralement plus petit que ses opposants, tout comme les joueurs barcelonais. Eux utilisent des passes et leur technique pour dominer l’adversaire. C’est aussi ce que nous voulons faire. Du coup, j’ai toujours admiré Guardiola. J’ai lu quelques livres à son sujet, et quand l’opportunité de le rencontrer s’est présentée, je n’ai pas hésité. En revanche, je pense qu’il est trop occupé pour faire partie de notre staff.
Comment était la session d’entraînement ?
La chose qui m’a vraiment le plus frappé, c’est l’intensité avec laquelle ces gars-là s’entraînent. Ils ont beau être les meilleurs du monde, ils donnent tout sur le terrain. Il y avait ce buteur hollandais, Robben, et le Français, Ribéry, et puis Thomas Müller. Ils n’arrêtaient pas de courir. En regardant la session, je me disais qu’ils travaillaient tellement dur, avec tellement d’énergie et de passion. L’envie de bien faire les pousse vraiment à se surpasser.
Et comment se comportait Guardiola ?
Guardiola les poussait sans cesse à s’améliorer. Il voulait toujours qu’ils travaillent dur, mais toujours dans leur intérêt. Il les soutenait vraiment. Il parlait beaucoup avec eux, les encourageait sans cesse. Il n’était pas du tout méchant ou autoritaire. Il savait seulement ce qu’il voulait et ce dont ses joueurs étaient capables. Il veut tirer le meilleur d’eux.
Que s’est-il passé ensuite ?
Nous avons eu une longue discussion au cours de laquelle nous avons échangé nos philosophies d’entraîneur, comment nous voulons que notre équipe joue. Guardiola a une vision faite de mouvement. Pour lui, tout est créatif. Et il travaille pour atteindre cette vision. Nous avons aussi discuté de la manière de mettre en place cette vision, de comment la transmettre aux joueurs, comment les faire adhérer.
Que retenez-vous de cette discussion et de votre visite en général ?
Il faut être sûr d’avoir une vision. Il faut absolument savoir dans quelle direction vous voulez aller. Je retiens aussi la nécessité que les entraînements soient aussi intenses que les matchs. J’ai beaucoup appris au niveau de la méthodologie de l’entraînement. Guardiola utilise des ateliers très spécifiques, notamment pour les passes, et c’est ce vers quoi nous devons tendre pour nous améliorer. Le Japon doit inventer une manière de jouer unique pour gagner, et c’est en cela que l’apport de Guardiola est important.
Pensez-vous que Guardiola ait appris quelque chose de vous ?
Il faudrait lui demander. En tout cas, il m’a dit qu’il regardait un peu de rugby, qu’il s’intéressait notamment à la manière dont l’espace est créé. Les hommes intelligents à travers le monde cherchent toujours de nouvelles manières de s’améliorer. Guardiola est très ouvert d’esprit, il est très à l’écoute. Quel que soit le sport, il faut toujours s’améliorer. Le sport est quelque chose de toujours en mouvement. Vous pouvez gagner un jour et perdre le lendemain. C’est pourquoi il faut toujours se remettre en question pour s’améliorer, encore et toujours.
Quelles sont à votre sens les similarités entre le football et le rugby ?
Au football, vous avez une formation de départ que vous avez choisie. Mais une fois que le ballon est en mouvement, tout est perdu. Au rugby, nous avons toujours la même organisation au départ, mais c’est la même chose. C’est en cela que le football peut nous apporter. On peut organiser deux, trois temps de jeu, mais après c’est les joueurs qui doivent décider. C’est là que la vision qu’on leur a inculquée entre en jeu. La notion de soutien au porteur de balle est notamment très importante, au football comme au rugby. Il doit toujours y avoir une solution pour le porteur. Il est aussi important d’avoir un relais. Guardiola a son milieu, nous nous avons notre demi d’ouverture.
Est-ce courant dans le monde du rugby de faire appel à des entraîneurs de foot ? On pense notamment à Clive Woodward, qui a eu un poste à Southampton.
Je crois que ça ne s’est pas très bien terminé pour lui. Toujours est-il que cela est de plus en plus fréquent. Le rugby se développe, les études se multiplient. Les gens cherchent de nouvelles idées et regardent logiquement vers les autres sports. Le rugby est encore un jeune sport professionnel, de même pas 30 ans, alors que le football a plus de 100 ans. La quantité d’informations qui a été acquise est énorme. Nous devons nous servir de cette base pour progresser.
==> Pour en savoir plus, ruez-vous sur l’article Basket, Hand et Rugby : les faux frères paru dans le SO FOOT Hors-Série TACTIQUE, en kiosque depuis le 18 décembre.
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