- COUPE DE FRANCE – QUART DE FINALE – LENS/BORDEAUX
Écran noir pour la Coupe de France
Ce mercredi, la Coupe de France sera en panne de télé. Du moins, dans le Nord. Car Bollaert, qui accueillera l’un des quarts de finale de l’épreuve opposant le RC Lens aux Girondins de Bordeaux (19h00), sera privé de caméras. La faute à un beau bordel instauré par tous les protagonistes. Si c’est pas triste tout ça…
À l’origine, ce quart de finale devait se jouer à 17h00. Et être retransmis à la télé. Mais sous la pression des Lensois, peu enclins à se passer d’une partie de leur public occupé au travail, l’horaire a été repoussé à 19h30. 1-0. Les Girondins qui, sur le principe, ne voyaient alors pas d’inconvénient à ça, ont finalement fait machine arrière, car ils ont été spoliés de toute conciliation par les officiels. Donc, par principe : pas consultés, pas d’accord ! Ce qui ne plaisait pas non plus aux Marine et Blanc, c’est que, de fait, France Télévisions avait finalement prévu de déprogrammer la diffusion du match ! Bordeaux s’offusquait, ses supporters étaient lésés. 1-1, prolongation. Mais la Fédé revenait finalement sur sa décision et calait la rencontre à 19h00, avec pour proposition de diffuser le match sur internet, uniquement. À une tolérance près, toutefois, puisque la chaîne du club aquitain pouvait retransmettre sur son canal privé. Le compromis semblait accepté par tous. Mais in fine, la donne changeait encore, et revirement total de situation : aucune retransmission n’était possible. Verdict définitif de France Télévisions ! Communiqué bordelais en guise de réponse : « Le club regrette vivement cette décision qui privera ses supporters d’une affiche attrayante. » Et ceux du grand Nord, aussi, du coup, hormis les 40 000 spectateurs – et des broutilles – de Bollaert, lesquels ont tous réservé leur strapontin avec plus de trois semaines d’avance. C’est dire l’engouement pour ce rendez-vous attendu.
Des équipe pas « bankable »
Mais connaître un écran noir pour un quart de finale de Coupe de France est presque unique dans l’histoire. Qui plus est, lorsque ce sont deux anciens champions de France de l’ère moderne qui se donnent rendez-vous, dans ce qui constituait il y a encore peu, un match de haut de tableau en Ligue 1. Bref. Il faudra faire sans. Cela dit, hormis face à Châteauroux en 32e de finale, les Bordelais n’ont pas été retransmis ; normal : Raon-l’Étape et Moulins (CFA), c’est pas franchement bankable. Bordeaux, non plus, d’ailleurs. Le Racing, lui, s’est défait d’Armentières (DH), du Stade Rennais (L1), du Stade Bordelais (CFA), et d’Épinal (National). Bof, moyen pour un pedigree télévisuel. Mais la faute en incombant au diktat de France Télévisions, pas le choix. Et Francis Gillot, qui connaît bien la vallée de terrils, a les boules. « C’est un tirage embêtant parce que ça fait deux ans que l’on ne dispute pas un match chez nous… Et pour nos supporters, c’est ennuyeux, car jouer à domicile aurait été mieux pour nous tous, expliquait-il début mars. Après, Lens, c’est pas mal (comme tirage, ndlr) ! C’est ma région, je vais revoir beaucoup d’amis, et c’est donc une satisfaction de retourner là-bas. Comme ils ne sont plus en Ligue 1, je ne les rencontre plus, alors c’est l’occasion. » Heureusement qu’on connaît le garçon, parce que sinon, on aurait pu croire à de la langue de bois…
Scandale, diktat et transistor
« Pour nous, c’est pas un problème, c’est surtout pour les supporters, et pour la famille, explique de son côté Benoît Trémoulinas. Je trouve ça scandaleux ! Qu’un quart de finale ne soit pas télévisé, avec un stade plein, je pense qu’en termes d’audimat, ils auraient pu faire un gros score, parce que beaucoup de gens auraient regardé ce match… Je ne comprends pas, ajoute-t-il. C’est vraiment bizarre, surtout à ce stade de la compétition, mais ce n’est pas nous qui décidons. » Justement, ceux qui décident, ont donné leur vision des choses. « Nous ne sommes pas dans l’état d’esprit du bras de fer, explique dans La Voix du Nord Sven Lecuyer, en charge des retransmissions pour la chaîne publique. En choisissant de jouer à 17H00, nous ne voulions pas imposer un diktat aux supporters. C’est un créneau qu’on utilise depuis sept ans. Ce n’était pas innovant. Après, nous n’avions pas tant de solutions que ça en raison des carrefours des journaux télévisés du soir. » Mouais… « Et force est de constater qu’il y a de plus en plus de problématiques de programmation, précise-t-il. Aussi va-t-on en parler calmement avec la FFF, sachant qu’au-delà des 32e, les matches ont lieu en semaine. Faire la rencontre sur France 4 était une possibilité. Mais, derrière, il y avait d’autres problèmes… » Tant mieux pour « Plus belle la vie » , et tant pis pour les amateurs de foot. En attendant, ce qui est certain, c’est qu’il va falloir écouter le rendu du match sur le net ou à la radio, l’oreille collée au transistor. Un peu comme il y a vingt ans, quand tous les matches n’étaient pas diffusés…
Par Laurent Brun