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Économiquement, que changerait une victoire française en C1 ?

Par Pierre Rondeau
5 minutes
Économiquement, que changerait une victoire française en C1 ?

Parti comme c’est parti, avec deux clubs français en demi-finales de Ligue des champions, on peut parfaitement imaginer une finale 100% bleu-blanc-rouge. Et, au-delà du rêve, quelles seraient les conséquences de cet événement historique ? Fiction.

Dimanche 23 août, il est un peu plus de minuit et, après une difficile prolongation, l’Olympique lyonnais soulève, pour la toute première fois de son histoire, la coupe aux grandes oreilles au nez et à la barbe de l’ogre parisien. La foule, restée place Bellecour à Lyon, est en furie. Les fans célèbrent la victoire de l’OL, les mesures de distanciation physique ne sont plus du tout respectées. C’est la folie dans la capitale des Gones. Après avoir battu, par le plus petit des écarts, le Bayern Munich, Lyon est parvenu à retourner la tendance face au Paris Saint-Germain, avec quasiment la même physionomie que la finale de la Coupe de la Ligue, disputée en juillet dernier. Sauf que, cette fois-ci, c’est la tactique de Rudi Garcia qui l’a emporté.

Lyon est sur le toit de l’Europe, et Nasser al-Khelaïfi en a les larmes aux yeux, de rage. Après avoir dépensé plus d’un milliard 392 millions d’euros en transferts et salaires mirobolants depuis 2011, Paris n’a pas été capable de remporter la Coupe d’Europe cette saison, supposée imperdable depuis les chamboulements perpétués par l’épidémie de coronavirus. Des matchs secs, sans aller-retour, sur terrain neutre, avec un tirage au sort plutôt clément, entre Dortmund, l’Atalanta, Leipzig et Lyon, ils ne pouvaient pas perdre, ils ne devaient pas. Et pourtant ! Il va encore falloir retenter sa chance l’année prochaine et, enfin, espérer mettre une Ligue des champions dans leur vitrine déjà bien garnie de trophées.

Victoire sportive et victoire économique

Il y a néanmoins un point où les dirigeants parisiens peuvent se rassurer, c’est au niveau économique. En atteignant la finale de la compétition, le PSG cumule 133 millions d’euros de gains, entre ses performances sportives, ses qualifications successives et son market-pool droit TV. Soit quasiment 50 millions de plus par rapport à la saison dernière. Bien que cette somme ne soit qu’hypothétique, l’UEFA ayant déjà averti qu’une partie des droits TV serait remboursée aux diffuseurs, après le confinement, la modification du calendrier et la réduction du nombre de matchs, le pactole est bel et bien là.

Si l’on rajoute à cela la valorisation du contrat avec son équipementier Nike, la signature d’un nouveau deal, l’année dernière, avec le sponsor Accor, les différentes primes négociées avec les partenaires et le renforcement de sa visibilité internationale, le PSG n’a plus rien à craindre niveau fair-play financier. Alors que l’université d’Harvard avait estimé la valeur du club à plus d’un milliard de dollars, sa valorisation et sa réputation ont encore pris plus de valeur. L’instance de contrôle financier des clubs n’a aucune raison de lui chercher des noises et va pouvoir le laisser, un temps, à son développement fastueux.

Les contrats de Mbappé et Neymar pourront être renégociés, une enveloppe d’au moins 100 millions d’euros pour le mercato pourra être ouverte, Cristiano Ronaldo a même réitéré ses appels du pied sur Instagram pour rejoindre le club. Imaginez cette triplette sur le front de l’attaque… Quant aux pertes, estimées à 225 millions d’euros, à cause du coronavirus, elles seront épongées rapidement. Le seul déboire est sportif : Paris ne sera pas, encore pour cette fois, champion d’Europe, mais il trustera les premières places au classement Forbes.

Le modèle économique de Lyon sauvé en cas de succès

Au palmarès, c’est donc Lyon. Son président Jean-Michel Aulas jubile et compte fêter ce titre toute la nuit en boîte de nuit. Celui qui avait mené une campagne médiatique pour la reprise du championnat de France aura finalement été celui qui a le plus profité de l’arrêt. En suspendant dès le mois de mars la compétition, la récupération aura été meilleure, et les joueurs ont eu le temps de se préparer. Et surtout, bien que l’OL ait fini 7e, il jouera l’Europe la saison prochaine. L’EBITDA est sauvé, les actionnaires sont rassurés, le comptable respire. Le gain final en Ligue des champions se chiffre à 108 millions d’euros et la qualification à 40 millions d’euros minimum, entre la prime de participation à 15,25 millions d’euros, les primes sportives et historiques et une partie des droits TV à partager avec Paris, Marseille et Rennes. Ne restera plus qu’à faire bonne figure en Ligue des champions et en Ligue Europa l’année prochaine, les points se cumuleront, la France pourra talonner l’Italie à l’indice UEFA et enfin espérer 4 places qualificatives en C1 ? Ce n’est plus un vœu pieux.

Autre point important, le cours du titre OL Group en bourse : il a explosé de 25% dès jeudi, au lendemain de la victoire contre Munich. Lyon, qui avait fait le pari de racheter des actions pendant le confinement, lorsque le titre dévissait de 33%, se retrouve avec un trésor incommensurable. Les investissements vont pouvoir gonfler. Memphis Depay a annoncé qu’il restait, l’ex-international Mamadou Sakho devrait débarquer, et la presse locale parle déjà de Lionel Messi au Groupama Training Center. Dream bigger. Et ne parlons même pas des effets d’aubaine pour le futur diffuseur Médiapro qui, malgré un chèque de 800 millions d’euros signé à la LFP, va voir débarquer des milliers de nouveaux fans, tombés sous le charme du football français après cette finale bleu-blanc-rouge. La rentabilité est assurée, les 25€ demandés pour l’abonnement les valent bien, la Ligue 1 est devenue reine du continent. On pousse un ouf de soulagement dans les bureaux de la ligue. Alors vivement le 23 août prochain. En espérant que la réalité puisse rattraper la fiction.

Dans cet article :
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