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Ecker : « J’aimerais que Marseille gagne »
Tout juste retraité après une dernière pige en DH avec son équipe de Beaucaire, Johnny Ecker s'apprête à vivre une soirée mouvementée. Ce soir, au Stadium Nord, s'affrontent ses deux équipes de cœur. Ca valait bien une interview.
Johnny, à 38 ans, votre vie de footballeur est derrière vous. Que faites-vous aujourd’hui ?
Jusqu’à l’année dernière, je poursuivais ma carrière en DH, chez moi, sous les couleurs du Stade Beaucairois. Cette année, j’ai mis un terme définitif à ma carrière de joueur et je m’occupe des gamins à Beaucaire. J’ai toujours su m’arrêter au bon moment dans tout ce que j’ai entrepris, dans ma carrière et dans ma vie, et là, je pense que l’heure était venue. J’avais un deal sur deux années, avec pour objectif de faire monter le club en DH et de se maintenir la seconde année. L’objectif a été atteint, et maintenant, j’ai mes fils qui sont dans le football, alors je le suis, je lui donne tout ce que j’ai. C’est pour ça que je me suis investi là-dedans.
Et ça vous plait cette nouvelle vie d’éducateur ?
Oui, vraiment. En fait, j’ai passé mon diplôme d’entraîneur, mais à la base, je l’ai fait comme ça, parce qu’on me disait que c’était bien. Et honnêtement, j’ai bien fait d’écouter ces conseils, parce que je me suis régalé. J’y ai appris beaucoup de choses. Si j’ai sauté sur cette occasion de devenir éducateur, c’est pour transmettre le gout du football à mes fils. A six ou sept ans, c’est bien beau de leur dire ce qu’est une passe de l’intérieur et un bon contrôle, mais à cet âge-là, il faut surtout qu’ils soient passionnés par le ballon, qu’ils aient l’envie de venir à l’entraînement. Je me suis pris au jeu et c’est un plaisir.
Un plaisir, comme aller dans les tribunes du Vélodrome, où on vous voit souvent…
(Rires). J’ai mis longtemps avant d’y remettre les pieds, car je voulais vraiment couper avec le monde du football. Mais un jour, l’OM star club m’a sollicité pour jouer et j’ai répondu favorablement. J’ai bien fait, car j’ai pris mon pied. Depuis, je retourne au Vélodrome. En plus, les saisons passées, j’avais un super pote dans l’effectif en la personne de Fabrice Abriel, alors j’en profitais pour aller le voir à la fin du match. De toute façon, je suis supporteur de Marseille, car je suis de la région. Mais j’ai également le LOSC dans mon cœur. J’ai passé trois années magnifiques là-bas.
Trois années à Lille, trois années à Marseille. D’où gardez-vous les meilleurs souvenirs ?
Des deux, sans hésitation. On me pose souvent cette question, mais c’est ma carrière entière qui est un beau souvenir. J’ai vécu de très beaux moments à divers endroits. A Marseille, c’était tout simplement la folie. Et Lille a été un tremplin pour moi, j’y ai passé des instants magnifiques, avec des coéquipiers supers et un entraîneur emblématique en la personne de Vahid Halilhodzic. Et puis, sur le plan social, j’ai vécu trois belles années avec ma femme et mes enfants, dans une ville et dans une région que j’ai pris beaucoup de plaisir à découvrir. Sur le plan footballistique également, j’ai été comblé. On monte en D1 la première année, et on se qualifie pour le tour préliminaire de la C1, c’est exceptionnel. Le seul petit regret que j’ai, et je suis content qu’il s’efface aujourd’hui, c’est que l’on n’avait pas un grand stade. Grimonprez-Jooris, c’était sympa hein, il y avait une belle ambiance. Mais j’aurais voulu jouer au Stadium Nord et dans le grand Stade qui arrive. C’est autre chose.
Lille champion de France, ça vous inspire quoi ?
Je suis allé les voir l’an dernier au Vélodrome, et pour moi, ce titre est logique. C’était la plus belle équipe de championnat l’année dernière. Ils ont réussi à avoir un groupe, à jouer en tant qu’équipe malgré les excellentes individualités. Quand on y réfléchit bien, il y a eu très peu de joueurs défaillants au cours de la saison, ils ont été extrêmement constants. C’est un titre on ne peut plus logique, il n’y a rien à redire là-dessus.
Vous pensez qu’aujourd’hui, Lille est plus fort que l’OM ?
Au jour d’aujourd’hui, je le pense. Je le pense parce que leur effectif est sensiblement le même que la saison dernière. Ils sont sur une bonne dynamique, ils ont un bon coach et je pense qu’ils sauront gérer la Champion’s League. S’ils ne perdent pas Hazard et Sow, je pense qu’ils peuvent faire aussi mal que la saison passée. Cela étant, Marseille n’a pas dit son dernier mot. Déjà, il faut le souligner, les Marseillais ont gagné un premier titre, ce qui n’est pas rien. Ensuite, malgré les carences défensives actuelles, l’OM possède un très bel effectif. Il suffit qu’un réel leader émerge pour faire avancer ce groupe. Moi je suis du coin, alors on en discute souvent. J’entends les « ça y est, on n’avance pas, c’est reparti comme l’année dernière » , mais il faut savoir que ces matches-là, notamment celui contre Sochaux, l’année dernière, on les perdait. Ce sont des matches compliqués, surtout à domicile où le public est extrêmement exigeant. Certes, ce ne sont que des matches nuls, mais en fin de saison, ce sont des points qui comptent. Pas forcément deux de perdus.
Ces carences défensives, à quoi sont-elles dues ?
Disons que l’on a un joueur d’expérience, Souleymane Diawara, qui n’est pas dans une très bonne période. On a un jeune joueur, Nicolas N’koulou, qui sera, je pense, un futur grand. Mais on a toujours besoin d’un joueur pour encadrer la défense et si vous voulez le fond de ma pensée, je pense que sportivement, je ne parle pas de l’aspect financier, l’OM a perdu beaucoup avec le départ de Gabriel Heinze. Au niveau tempérament, expérience et encadrement, c’est quelqu’un exceptionnel.
J’imagine que vous avez suivi le tirage au sort de la phase de poule de la Ligue des Champions, vous en avez pensé quoi ?
Très difficile pour l’OM. J’ai été très étonné quand j’entendais dire que pour l’OM, c’était du 50/50, parce que même si l’OM a ses chances, je trouve son groupe extrêmement compliqué. Les déplacements à venir ne sont pas des cadeaux. Arsenal, bon, on connaît, pas de surprise. Mais j’ai eu l’occasion de jouer à l’extérieur face à Dortmund, et je peux vous dire que c’est un calvaire, d’autant plus qu’ils sont champions d’Allemagne en titre et qu’ils disposent d’un effectif aussi jeune que talentueux. L’Olympiakos, même combat. J’ai joué là-bas avec Lille, il y a une ferveur énorme, une pression terrible. Cela étant, je pense qu’au niveau du football, l’OM a sa qualification dans les pieds. Mais il faudra faire attention. Etre efficace à domicile.
Revenons au match de ce soir. L’OM n’a pris que trois points en trois matches, peut-on déjà parler de match décisif ?
Oui. Déjà parce que l’OM joue le titre, tout comme Lille. Je pense que celui qui perdra ce soir, même si nous ne sommes qu’à la quatrième journée, sera touché psychologiquement. D’ailleurs, sur ce point, Lille a déjà perdu des plumes après le trophée des Champions. Ils pensaient avoir le trophée dans la poche et au final, un retournement de situation a eu raison d’eux et de leurs ambitions, ils ont un peu craqué. A dix minutes de la fin, ils étaient persuadés d’avoir gagné. L’OM c’est trois points en trois matches, mais s’ils viennent à gagner à Lille, c’est de très très bonne augure pour la suite de la saison.
Pour finir, je ne peux pas résister à l’envie de vous demander un petit pronostic…
C’est difficile car ce sont mes deux clubs de cœur. Cela étant, j’aimerais que Marseille gagne pour lancer sa saison. Mais je vais dire un match nul, un bon 2-2, avec des occasion et du spectacle. Peu importe le résultat final, je sais que l’OM ne s’arrêtera pas à ce match-là. Allez, disons 2-2, avec la cause acquise à l’OM (rires).
Propos recueillis par Swann Borsellino
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