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- France-Angleterre (3-2)
Échec à la reine
Victorieuse sans offrir une copie totalement maîtrisée, l'équipe de France s'est doucement rassurée mardi soir en s'imposant face à une Angleterre pourtant en supériorité numérique tout au long de la seconde période (3-2). Les vacances feront du bien.
France 3-2 Angleterre
Buts : Umtiti (22e), Sidibé (43e) et Dembélé (78e) pour la France // Kane (9e, 48e, s.p.) pour l’Angleterre
Gary Cahill peut souffler, son supplice est terminé, et le défenseur de 31 piges peut refermer sa boîte à souvenirs. En 90 minutes, le successeur de John Terry aura tout connu, mais surtout la couleur de la pelouse du stade de France. Tout ça, à cause de ces foutus gosses. Ousmane Dembélé, d’abord, qui lui aura fracassé les reins tout au long du premier acte avant d’inscrire sous ses yeux son premier but international. Kylian Mbappé, ensuite, imprévisible comme prévu, mais insolent comme rarement au moment où Didier Deschamps avait décidé de lui filer les clés de la boutique, pour voir. On se souviendra de ce France-Angleterre avant tout pour ça, mais aussi pour une expulsion bizarre de Varane après la pause et pour les quelques flous persistants au-dessus de la tête des Bleus. Finalement, l’important est là : l’équipe de France a bouclé sa saison sur une note rassurante – bon, pas trop non plus – et débarquera le 31 août prochain face aux Pays-Bas avec un souvenir plus heureux que celui laissé à Solna vendredi dernier.
L’alternative politique
Comment reconnaître un match amical ? Simple, il faut d’abord tendre l’oreille pour entendre des enceintes crachées un vulgaire PNL lors de l’échauffement, puis il suffit ensuite de regarder les visages. Si l’équipe de France restait sur une défaite inquiétante en Suède vendredi dernier, elle n’avait pas grand-chose à perdre cette fois au moment de retrouver sa meilleure ennemie anglaise. En réalité, la bande de Didier Deschamps avait surtout beaucoup à gagner quelques jours après avoir relancé le suspense dans une course à la qualification à la Coupe du monde où elle devait l’éteindre. Cette dernière sortie de la saison était avant tout pour trouver des réponses aux nombreuses questions et, cette fois, la Dèche n’a pas hésité à dégainer ce qu’il appelle ses « alternatives » . Soit les promesses Mbappé, Lemar, Dembélé et le meilleur joueur du championnat d’Angleterre, N’Golo Kanté, préféré mardi soir à Blaise Matuidi. Seul souci, quand on n’a rien à perdre et tout à gagner, on peut perdre du temps à se mettre dedans, surtout dans une période où, lorsqu’elle n’a pas de compétition majeure à disputer – soit lors des années impaires –, l’équipe de France aime bien faire surtout du n’importe quoi. On l’avait vu en 2013, on l’avait vu en 2015, alors pourquoi 2017 serait différent ?
Sur la première incursion anglaise de la soirée, Dele Alli ouvre pour Raheem Sterling, seul face au laxisme tricolore, avant de lancer Bertrand qui n’a plus qu’à déposer le petit four dans le bec d’Harry Kane (0-1, 9e). Une baffe qui réveille des Bleus encore dans le gaz, mais emmenés par un bon Pogba et une folie offensive retrouvée. Ousmane Dembélé fait glisser un premier frisson sur la nuque de Tom Heaton, il en allumera plusieurs autres par la suite, notamment entre les hanches de Gary Cahill, mais laissera d’abord Samuel Umtiti remettre ses copains dans le match à la retombée d’une tête repoussée de Giroud (1-1, 22e). L’Angleterre est touchée à son tour, le match est lancé, Mbappé alerte une nouvelle fois Heaton à la demi-heure de jeu, Kanté et Pogba balancent des cartouches dans le vide et Sidibé se charge finalement de soulever le peuple franchouillard avant la pause (2-1, 43e). Pas totalement convaincant, mais comme Deschamps se contente souvent d’un but de plus que l’adversaire, soyons heureux.
The Mystery Machine
Heureux, mais pas trop, car les Three Lions ont un soufflet offensif également assez sexy et sur la première danse post-entracte, Alli s’offre un délire dans la défense approximative des Bleus et fait dégager Varane – avec l’aide de la chouette vidéo – aux vestiaires. Kane couche Lloris, l’Angleterre a repris le contrôle de la joute (2-2, 48e). De quoi plomber le rythme, les plans de Deschamps, obligé de faire sortir Giroud pour envoyer Koscielny au front, et les enseignements d’une seconde période mal embarquée. Jack Butland, débarqué comme prévu à la pause, s’offre bien l’occasion de briller devant Kylian Mbappé, la copie est désormais tachée malgré les quelques douceurs acidulées de Pogba et les coups de scalpel de ce cochon de Phil Jones. On en a désormais l’habitude, dans l’incertitude, il faut plutôt s’en remettre aux éclairs des jeunes pousses : à vingt minutes de la fin, Mbappé dérouille une nouvelle fois l’arrière-garde anglaise et s’en va exploser la barre Butland, impérial ensuite sur la reprise de Lemar. Southgate en profite alors pour redessiner un 4-2-3-1 qui va mieux à son armée dans le dernier quart d’heure, mais peu importe, Dembélé sniffe les espaces et claque un troisième but next gen (3-2, 78e), alors que Mbappé bute une dernière fois sur Butland. Suffisant pour assurer un succès bienvenu pour les Bleus. Pas totalement pour gommer les doutes.
Par Maxime Brigand, au Stade de France