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DYSTINCT : « Les Marocains étaient conscients de marquer l’histoire »
À 24 ans, le chanteur belge d'origine marocaine est bien décidé à conquérir le monde. Et il bénéficie d'un soutien inattendu, celui de la sélection marocaine, qui a fait de son tube "Ghazali" l'hymne officieux des Lions de l'Atlas.
Comment est-ce que votre single « Ghazali » est devenu l’hymne officieux de la sélection marocaine, lors de la Coupe du monde au Qatar ?
Cela s’est fait très naturellement. Après le quart de finale face à l’Espagne, alors que j’étais encore dans le stade, j’ai reçu des vidéos des joueurs en train de chanter ma chanson dans les vestiaires. J’étais content, mais sans plus. Et je n’ai pas tout regardé, car je n’avais pas beaucoup de réseau. Mais quand je suis rentré à l’hôtel et que j’ai rallumé mon téléphone, j’ai vu toutes les vidéos arriver. Ça ne s’arrêtait pas. La chanson est devenue virale et a connu une nouvelle vie, car elle avait déjà été le tube de l’été 2022 au Maroc. Ce qui est beau, c’est que désormais, à chaque fois que l’équipe du Maroc joue, elle écoute cette chanson pour se remémorer son succès lors de cette Coupe du monde. C’est devenu leur chanson fétiche.
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Vous étiez au Qatar car vous êtes un fervent supporter des Lions de l’Atlas ?
Oui, mais ce n’était pas prévu. Je regardais le match contre la Belgique en studio, et quand ils ont gagné, j’ai regardé mon manager et je lui ai dit : « Demain on file au Qatar. » J’ai appelé mon pote Ilias Chair (milieu de terrain du Maroc), alors que je les voyais fêter la victoire en direct à la télé, pour savoir s’il pouvait m’avoir des billets pour les matchs, et il m’a dit : « Ne t’inquiète pas, je m’occupe de tout. » Je tiens à le remercier pour tout. On a acheté les billets d’avion directement, et le reste appartient à l’histoire.
Vous êtes resté au Qatar jusqu’à l’élimination en demi-finales face à la France. Vous étiez proche de la sélection durant son parcours ?
Oui, particulièrement d’Ilias Chair et d’Abdelhamid Sabiri, qui a filmé la vidéo qui est devenue virale. On s’envoyait beaucoup de messages, mais c’était difficile pour moi d’avoir accès à l’équipe, car en raison d’un virus qui traînait, la sécurité avait été renforcée. Seules les familles des joueurs avaient accès à leur hôtel.
À travers les messages que vous échangiez avec eux, comment sentiez-vous l’équipe ?
Ils n’avaient peur de rien, c’était des lions ! Ils étaient très enthousiastes. C’est une bande de jeunes mecs, pour eux c’était un moment spécial. Ils étaient conscients de marquer l’histoire. Dès le début de la compétition, ils étaient persuadés qu’ils pouvaient remporter cette Coupe du monde. À travers nos échanges, je les ai sentis confiants tout au long de la compétition, pas du tout stressés.
Quelle a été la clé de leur succès, d’après vous ?
La confiance en eux et le soutien de leurs supporters. J’ai assisté à d’autres matchs et je n’ai rien vu de comparable aux supporters marocains. C’était vraiment les meilleurs. Ils y croyaient tous.
En plus des Marocains, ils avaient tout le monde arabe derrière eux, non ?
Pas seulement. Tout le monde supportait le Maroc ! Jamais une équipe africaine n’était allée aussi loin en Coupe du monde, donc le monde entier les admirait.
Vous ne trouvez pas que pendant et après le tournoi, les joueurs ont oublié de mentionner Vahid Halilhodžić ?
Qui ?
Le sélectionneur qui les a qualifiés pour la Coupe du monde en remportant tous les matchs de qualification…
Je ne sais pas. En revanche, de ce que j’ai vu depuis les tribunes, les joueurs aiment beaucoup Walid Regragui. Il est comme un père pour eux. Tous les Marocains l’adorent, il mérite ses fleurs. Il ne faut pas regarder le passé, mais profiter du présent.
Sur votre dernier album, Layali, vous avez invité MHD et Naza qui sont dingues de foot. Vous avez eu l’occasion de parler ballon avec eux ?
Pas du tout ! (Rires.) On s’est contentés de parler de musique. Je sais que Naza est un excellent joueur de FIFA, mais en studio, on n’a pas eu le temps de jouer. Peut-être qu’on le fera en ligne, une prochaine fois.
Depuis quand suivez-vous le football ?
Depuis très jeune, parce que mon père regardait beaucoup de matchs. Petit, j’étais fan de Ronaldinho, je m’envoyais des vidéos de ses skills sur YouTube. Ce n’était pas que du football, c’était tout un show. Il donnait l’impression de s’amuser. Mes premiers souvenirs de foot sont une victoire du Maroc face à la Belgique 4-1, en 2008, et la finale de la Coupe du monde 2006, entre l’Italie et la France. Ces deux matchs me rappellent mon enfance, une période vraiment heureuse de ma vie.
Vous suivez le championnat belge ?
Plus maintenant. Avant, j’étais un gros fan d’Anderlecht, quand ils avaient Mbark Boussoufa et Romelu Lukaku. Aujourd’hui, je suis tout le temps sur la route, donc je ne regarde plus que la Ligue des champions et la Coupe du monde.
Propos recueillis par Mathias Edwards