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Dybala, la Joya moins joyeuse
Un temps propulsé numéro 10 et star en puissance de la Juventus d'Allegri, Paulo Dybala n'est plus tout à fait aussi indispensable au collectif bianconero, où sa place de titulaire ne semble plus garantie. Drôle de trajectoire pour la Joya, qui devra probablement batailler pour redevenir un acteur central du système de jeu turinois.
Une gueule d’ange, un pied gauche velouté et cette petite étincelle de génie imprévisible, propres aux fantasisti qui ont toujours su régaler le public de Serie A. Sans oublier ce numéro 10 qui lui colle désormais au dos depuis la saison dernière. Sur le papier, Paulo Dybala coche toutes les cases d’un leader d’attaque en puissance de la Juventus. Comme Alessandro Del Piero, Giampiero Boniperti, Roberto Baggio ou Omar Sivori en leur temps. Ou presque. Car le petit Argentin n’est actuellement plus au centre de l’équation tactique de Massimiliano Allegri, dont il reste une variable importante, mais plus tout à fait indispensable.
L’appel du banc
Ce début d’exercice 2018-2019 en est la confirmation. Dans la continuité de la fin de la saison précédente, où il avait alterné entre titularisations et passages sur le banc de touche, la place de l’ex-Palermitain dans le onze type d’Allegri ne semble pas encore acquise. Aligné d’entrée de jeu lors de la première journée face au Chievo dans un système en 4-2-3-1 taillé pour exploiter son profil de neuf et demi, l’Argentin est ensuite resté sur le banc face à la Lazio, puis a dû ronger son frein en entrant en cours de rencontre face à Parme. Avant de seulement retrouver une place de titulaire lors des quatrième puis cinquième journées, face à Sassuolo puis Frosinone. Pas dans son rôle préférentiel.
Face aux Neroverdi, il était alors contraint d’évoluer plus loin de la cage, en position de meneur de jeu d’une formation en 4-3-1-2. Contre les Canarini, l’Argentin était aligné sur l’aile droite du trio d’attaque juventino. Hasard ou pas, Dybala a livré deux prestations quelconques, seulement rehaussées par quelques inspirations techniques encore trop rares. Un début de saison mollasson, qui avait conduit l’Argentin à expliciter sa petite forme dans les colonnes de la Gazzetta dello sport : « Je reconnais que j’ai assez mal commencé comparé aux années précédentes, mais je veux clarifier une chose : je reviens à Turin pour me battre pour une place de titulaire. »
« Pour devenir un joueur crucial de la Juventus, il doit trouver quelque chose en lui-même »
Une sortie plutôt clairvoyante, puisque la Juve se retrouve avec un énorme problème de riche sur les bras, qui pourrait la voir parfois reléguer au banc de touche un joueur pourtant valorisé à 110 millions d’euros. Si l’Argentin sera sûrement appelé à monter en puissance dans les semaines à venir, c’est son rôle au sein de cette Vieille Dame d’un nouveau genre qui reste encore à déterminer. Avec l’arrivée de Ronaldo, Dybala n’est de fait plus la pièce centrale de l’échiquier bianconero. Notamment si Allegri tranche, comme cela a souvent été le cas en ce début d’exercice 2018-2019, pour l’utilisation d’un système en 4-3-3. Une formation où deux ailiers de métier, à savoir Ronaldo et un autre joueur, seront appelés à accompagner Mario Mandžukić. Le cas échéant, l’Argentin devra soit se résoudre à un statut de joker de luxe, soit prouver sa flexibilité tactique, en démontrant qu’il est également capable de faire la différence en évoluant sur un côté. La concurrence s’annonce néanmoins particulièrement salée sur l’aile, puisqu’il devra se mesurer à Douglas Costa, Cuadrado ou encore Federico Bernardeschi.
« Paulo doit prouver qu’il a sa place dans l’équipe de départ, a asséné Allegri mi-septembre. C’est vrai pour tout le monde, sans exception. Quand on a une équipe avec autant de talents, certains sont obligés de s’asseoir sur le banc… Il doit faire comme tout le monde, s’entraîner dur et retrouver son pic de forme… » Une déclaration bienveillante, mais pas tout à fait innocente, qui semble indiquer que le Mister attend plus de travail et d’efforts au quotidien de la part de son attaquant. Il n’est d’ailleurs pas le premier à pointer le problème du doigt. Talent naturel, Dybala semble expérimenter une relative stagnation au plus haut niveau. Peut-être parce qu’il se repose encore trop sur ses facilités, à écouter certains anciens de la maison bianconera, comme Andrea Pirlo : « Quand vous ne jouez pas, c’est parce que vous devez faire plus. Ce ne sont pas les qualités de Dybala qui sont remises en question… S’il s’entraînait avec l’envie de Ronaldo, ce serait très difficile de le sortir du onze… Pour devenir un joueur crucial de la Juventus, il doit trouver quelque chose en lui-même. » Quelque chose que Dybala tentera de toucher du doigt dès ce mercredi soir face à Bologne. Pour peut-être retrouver le feu sacré qui l’avait habité en début de saison dernière et démontrer qu’il reste indispensable à cette Juventus-là.
Par Adrien Candau
Tous propos issus de la Gazzetta dello sport et Tuttosport.