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Dussuyer : « Les vertus morales sont indispensables pour une équipe comme le Bénin »
Le Bénin a dégommé le Maroc en 8es de finale (1-1, 4-1 aux t.a.b), après avoir posé des problèmes au Cameroun et au Ghana au premier tour. Autant dire que le Sénégal, qui va se coltiner les Écureuils mercredi (18 heures), est prévenu. Michel Dussuyer, le sélectionneur du Bénin, a sûrement prévu quelque chose pour pourrir la vie des Lions de la Téranga.
Quels étaient vos objectifs avant cette CAN ?Gagner un match. Et essayer de se qualifier pour les huitièmes de finale, ce que le Bénin n’avait jamais réussi en trois participations.
La qualification, c’est bon. Mais vous n’avez toujours pas gagné…
Bah, on peut considérer que notre qualification aux tirs au but contre le Maroc, c’est une victoire, non ? Même si je sais que statistiquement, c’est considéré comme un match nul. Mais l’essentiel, après tout, c’est d’être là, et de continuer à croire en nos chances. Nous n’avons pas envie de repartir maintenant. Même si c’est chiant de sans cesse changer les billets d’avion pour le retour. (Rires.) Non, sérieusement, on vit une très belle aventure, sportive et humaine…
Que personne ou presque n’imaginait possible…C’est assez logique, après tout. Le Bénin ne s’était pas qualifié depuis 2010, il n’avait jamais passé le premier tour, et nous avions des adversaires de haut niveau, avec le Ghana et le Cameroun. Pourtant, depuis quelques mois, on fait de bonnes choses. Les victoires en qualifications face à l’Algérie (1-0) – un match référence – et au Togo (2-1). Puis celles en matchs amicaux, contre la Guinée (1-0) et la Mauritanie (3-1). À chaque fois, on prend de la confiance. Surtout quand on fait des résultats face à des équipes qui sont meilleures que nous. Nous sommes dans une forme de continuité. Et il se dégage de ce groupe une vraie sérénité.
Un groupe qui découvre l’ambition…L’avantage d’une phase finale de CAN, avec la préparation qui la précède, c’est qu’on peut bosser sur la durée.
On a le temps de bien travailler sur les détails. Moi, je regarde ce groupe vivre, et ça se passe bien. L’état d’esprit est vraiment bon, et je crois que cela se répercute sur le terrain. Nous savons tous très bien que nous n’avons pas la meilleure équipe d’Afrique. Individuellement, il y a beaucoup plus fort que nous. Cela ne signifie pas que le Bénin n’a pas de joueurs talentueux. Mais on sait qu’il faut miser sur d’autres vertus pour se hisser au niveau des meilleurs. Contre le Ghana (2-2), on a montré des choses intéressantes dans le jeu. Car j’aime que mes équipes jouent bien. Mais quand on sait qu’un point contre le Cameroun peut nous suffire pour passer, on joue autrement.
Idem face au Maroc…Contre ce genre d’équipe, on sait que techniquement, nous sommes inférieurs. Que nous n’aurons pas la possession. Alors, on défend bien, et on se projette le plus vite possible vers l’avant quand on le récupère. L’idée, c’était d’être efficace. C’est ce qui s’est produit. Donc, on doit faire preuve de beaucoup de solidarité, très bien faire ce qu’on sait faire. Les vertus morales sont indispensables pour une équipe comme le Bénin.
Est-ce que votre équipe vous surprend ?
Cela fait presque un an que je suis là. Il y a des joueurs que je connaissais déjà, puisque je les avais dirigés lors de la CAN 2010 en Angola (Sessegnon, Imorou, Adenon, Poté). Ils savent comment je travaille. Mais sincèrement, même si c’est fantastique de se retrouver en quarts de finale, je ne suis pas si étonné que ça. Les mecs affichent une mentalité exemplaire, que ce soit sur le terrain ou en dehors. C’est vraiment agréable de travailler au quotidien avec eux, car ils sont ambitieux, à l’écoute. Vous savez comment je fonctionne : je ne vais pas citer de noms, pour dire qu’untel ou untel tire l’équipe vers le haut. J’ai un leader technique, Stéphane Sessegnon, qui, grâce à son talent, est capable de débloquer une situation. Mais derrière, j’ai tout un groupe qui ne calcule pas ses efforts.
Et si on vous dit que le Bénin est capable de faire tomber le Sénégal ?Comme je vous l’ai dit, on a de l’ambition. Nous venons d’éliminer le Maroc, un des favoris. Aujourd’hui, on va se mesurer au Sénégal, qui est la meilleure équipe d’Afrique au classement FIFA. Et les Lions seront favoris, ce qui est tout à fait normal. Je sais qu’il faudra faire un très grand match pour avoir l’espoir de se qualifier, faire le moins d’erreurs. On devra faire sans Adenon, qui est suspendu, et c’est évidemment ennuyeux, car c’est un des piliers de la défense et de l’équipe. Mais depuis le début de la CAN, nous avons eu à gérer les absences de Sessegnon face au Ghana, puis de Mounié contre la Guinée-Bissau. On va s’adapter, et essayer de poser des problèmes au Sénégal. Et puis, à titre personnel, je n’ai jamais dépassé les quarts de finale de la CAN. J’aimerais bien voir plus loin…
Propos recueillis par Alexis Billebault