Après 29 matchs, le Slovan Bratislava n’est que 4e cette année en Super Liga. Qu’est-ce qui vous arrive ?
L’année dernière, nous avons été champions et nous nous sommes qualifiés en Ligue Europa. C’était une belle réussite, mais cela nous a coûté beaucoup de forces. Nous ne sommes pas heureux de notre parcours en championnat cette saison. Faute de résultats, nous avons déjà changé deux fois d’entraîneur. J’ai été nommé il y a deux semaines, juste avant le derby contre le Spartak Trnava. Pour l’instant, j’ai la responsabilité de l’équipe jusqu’à la fin de la saison. Cet été, nous aviserons avec le président pour voir comment on s’organise.
Vous ne comptez pas rester longtemps ?
Personnellement, j’aime bien être coach. Je prends du plaisir à être chaque jour sur le terrain avec les joueurs, mais je suis aussi directeur général du club donc cette double casquette n’est pas évidente à porter. Je vais voir en fonction des résultats. Si le président est satisfait de mon travail et de notre style de jeu, on verra. Actuellement, je n’ai aucune certitude. Mais notre objectif est clair pour les quatre derniers matchs : il s’agit de terminer dans les quatre premiers, afin de jouer l’Europe. C’est le minimum qu’on puisse faire pour sauver la saison.
Comment expliquez-vous la crise que traverse le Slovan ?
Le véritable problème de notre club depuis plusieurs années, c’est que notre ancien stade, situé à Tehelné Pole, nous manque énormément. Le gouvernement a annoncé sa destruction en 2009 pour le remplacer par un écrin plus moderne de 22 000 places. À l’origine, le nouveau stade devait être prêt en 2012, mais ce sera plutôt pour 2017 finalement. En attendant, nous sommes exilés au Pasiensky stadion, qui n’est pas très confortable. Nos fans le détestent. Nous jouons à domicile, mais nous ne jouons pas à la maison. Cela nous pénalise.
Comment faire pour relancer la machine ?
Il y a eu trop d’erreurs de faites au niveau du recrutement ces dernières années. Cet hiver, 11 joueurs ont quitté le club, pour renouveler l’effectif. Nous voulons redevenir une étape indispensable pour la progression des jeunes joueurs slovaques, avant qu’ils ne partent à l’étranger. Historiquement, le club est le plus grand pourvoyeur de joueurs en sélection. En 1976, quand la Tchécoslovaquie a remporté l’Euro, elle comptait sept joueurs du Slovan dans ses rangs. Aujourd’hui, nous n’avons qu’un seul international slovaque dans l’effectif. Pour y remédier, nous avons recruté cinq espoirs qui vont s’aguerrir. Il y a aussi l’académie que nous montons qui doit nous permettre de progresser. L’objectif, c’est de se qualifier pour la Ligue des champions en 2018.
En attendant, le titre va se jouer entre Trencin et Zilina…
L’AS Trencin est un club qui a beaucoup progressé depuis six ou sept ans, ils travaillent dur. Leurs efforts paient, c’est la première fois en vingt ans qu’ils vont terminer devant le Slovan Bratislava. Le MSK Zilina, au contraire, a déjà été champion plusieurs fois dans les années 2000. Ils sont habitués aux premières places, mais je pense que Trencin a une meilleure équipe cette année. Le propriétaire du club est un ancien international néerlandais, il a de super relations aux Pays-Bas. Il a recruté plus de neuf joueurs étrangers qui sont vraiment au-dessus du lot en championnat. Pour moi, cela fait d’eux les favoris logiques pour le titre de champion.
Quand il jouait à Manchester United, Cantona m’a invité à passer Noël avec famille et enfants. De très bons souvenirs.
Parlons un peu de vous. Avant de devenir entraîneur, vous avez été la grande star du club dans les années 90, en récoltant notamment trois titres de meilleur joueur slovaque d’affilée en 1995, 1996 et 1997…
Quand j’ai commencé, j’étais numéro 7. Kevin Keegan était mon idole, avec ses longs cheveux au vent. Mais petit à petit, mes entraîneurs m’ont fait reculer. J’ai fini libéro, notamment à Nîmes où j’ai eu la chance de jouer deux saisons. Quand je suis revenu en Slovaquie, j’ai enchaîné les très bonnes performances. Je me sentais rapide et je jouais dans la meilleure équipe. J’avais cette expérience du plus haut niveau grâce à mon passage en France.
Parlons-en justement. C’était comment le Languedoc-Roussillon?
C’était une magnifique expérience, j’étais très heureux. J’ai pu côtoyer des joueurs exceptionnels comme Éric Cantona, Philippe Vercruysse, Laurent Blanc… Mais aussi William Ayache ou José Luis Cuciuffo… À l’époque, René Girard était le coach, Michel Mézy le président. Je me souviens de matchs magnifiques au stade des Costières contre Marseille ou le PSG, il n’y avait que des top players. Nous, on était un petit club qui essayait de se battre et de résister, avec notre mentalité de sudistes. Je me souviens avoir marqué un but lors de mon premier match, contre Sochaux.
Quel joueur vous a le plus impressionné ?
Le meilleur, évidemment, c’était Éric Cantona. En plus, c’était un mec adorable, on s’entendait très bien. Quand il jouait à Manchester United, il m’a invité à passer Noël avec famille et enfants. De très bons souvenirs. Il m’a aussi beaucoup aidé quand j’ai débarqué. On avait des chambres voisines à l’hôtel. Je ne parlais pas français et lui avait du mal à parler anglais… Les langues, ce n’est pas sa spécialité, mais on a fini par réussir à communiquer (rires).
C’était comment, vos premiers pas en France ?
Spécial. En 1989, c’est la fin du communisme en Slovaquie. En 1991, je suis transféré. C’était un énorme changement pour moi. Non seulement je suis passé de l’Est à l’Ouest, mais j’ai aussi découvert le professionnalisme. Ce qui m’a le plus surpris, c’était l’organisation de la Ligue, la qualité des stades, ça n’avait rien à voir avec la Slovaquie. C’était une nouvelle culture, un nouveau style de vie. À l’époque, il n’y avait pas de portables, pas d’internet, alors pour communiquer, ce n’était pas facile comme aujourd’hui… J’envoyais des lettres à ma famille, cela prenait une semaine pour arriver.
Au fait, il était cool, René Girard ?
Oui, il était super, vraiment gentil et compétent. Je sais qu’il n’a pas une si bonne réputation en France (rires), mais il a vraiment été sympa avec moi. C’était encore un très jeune coach, il débutait dans le métier.
Pourquoi vous êtes parti alors ?
Je ne suis resté qu’un an et demi, car le club commençait à avoir de gros problèmes financiers. Ils n’avaient pas payé toute l’indemnité de mon transfert en France. Alors le Slovan m’a demandé de revenir en cours de saison. Derrière, ça s’est mal terminé pour Nîmes qui a été relégué en seconde division, puis en National l’année d’après.
Le National, justement, Nîmes va bientôt le retrouver…
Oui, j’ai entendu parler de l’affaire des matchs truqués. Même si je ne connais plus les joueurs, je regarde les résultats chaque semaine et je me tiens au courant de l’actualité du club. C’est dommage pour eux, mais j’espère qu’ils vont rebondir à l’avenir, comme le Slovan.
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