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D’un Z qui veut dire Zaniolo
Quasi inconnu il y a même pas six mois alors qu'il évoluait encore à l'ombre de la Primavera de l'Inter, Nicolò Zaniolo est le rayon de soleil d'une première partie de saison romaine plutôt terne et décevante. Et semble parti, à même pas vingt piges, pour faire son trou dans l'entrejeu de la Louve. Fort, au sein d'une Serie A réputée pour être sans pitié avec ses jeunes joueurs.
Nicolò Zaniolo est un heureux accident. Une bizarrerie tombée du ciel. Un grand type dégingandé au sourire d’enfant, débarqué au bon endroit, au bon moment. À 19 ans, le gamin vient déjà de disputer un total de douze matchs en professionnel avec la Roma, aussi bien en Serie A qu’en Ligue des champions. C’est peu et beaucoup à la fois, au sein d’un championnat italien où les jeunes joueurs doivent souvent bouffer leur pain noir un bon paquet d’années, avant d’enfin avoir leur chance en équipe A. Nicolò Zaniolo le sait bien. Alors le bonhomme se protège. Le regard est reconnaissant, mais rares sont les mots qui veulent bien descendre de son mètre 90 pour satisfaire la curiosité des micros tendus des journalistes. Zaniolo ne s’enflamme pas. Car il sait que tout a réellement commencé pour lui il y a trois mois à peine.
Le baptême du Bernabéu
19 septembre 2018. Nicolò Zaniolo joue son premier match professionnel avec la Louve. En face de lui, le Real Madrid. Si les Giallorossi sont nettement dominés (3-0), le louveteau, lui, fait plutôt bonne figure. La Roma n’a pas les armes pour battre ce Real-là, mais l’adolescent va quand même au mastic. Facile, une fois qu’il est entré sur le pré. À l’entendre, le plus dur était « de préparer le match. À 11 heures, je savais que je débuterais, et le match était à 21 heures. Toute la journée, j’ai pensé que j’allais jouer le soir contre une équipe de champions que j’affrontais jusqu’ici à la Playstation. »
La suite ? Zaniolo fait son trou, dispute sept matchs de Serie A – dont trois en tant que titulaire lors des trois derniers matchs de championnat – et tente depuis de maîtriser les paramètres de sa nouvelle célébrité. Pas toujours évident, au regard de l’avalanche de folies qui lui sont tombées dessus ces derniers mois. Un bref résumé ? Le 9 juin, Zaniolo disputait la finale du championnat Primavera avec le maillot de l’Inter. Le 25 juin, il passait ses examens médicaux et signait à la Roma. Le 29 juillet, il disputait la finale de l’Euro des moins de 19 ans (défaite aux tirs au but face au Portugal, N.D.L.R.) et le 1er septembre, il recevait sa première convocation en Nazionale, sans avoir joué une minute en Serie A. Avant, donc, de faire ses débuts avec la Roma au Bernabéu.
Family business
L’ascension est prodigieuse et Zaniolo le sait : « Le risque était de perdre la tête et de perdre l’envie. » Coup de pot, Nicolò semble être un type plutôt bien entouré. Le ragazzo vit à Rome avec sa mère, tandis que son père, Igor Zaniolo, ancien footballeur professionnel, réside à Spezia, où il tient un bar. « On se voit souvent lui et moi… Il m’aide à savoir comment me comporter, quelles attitudes adopter dans le vestiaire, car il a déjà été confronté à ces situations. » Le clan Zaniolo est soudé : sur le poignet de Nicolò, on distingue le mot « famille » , tatoué. Sur sa cuisse droite, on peut aussi remarquer d’autres tatouages, où figurent entre autres les dates de naissance de sa mère et de sa sœur.
Pour le reste, l’éclosion de Zaniolo ressemble à une petite revanche. Après sept ans de formation à la Fiorentina, Zaniolo, comme de nombreux jeunes espoirs italiens, est considéré comme trop tendre pour l’élite de la Botte. Les Viola veulent le balader de prêt en prêt en attendant qu’il se fasse les os, mais son padre refuse. Le fils signe successivement au Virtus Entella, où il découvre la Serie B, avant d’être acheté deux millions d’euros par l’Inter, avec laquelle il remporte la Primavera 2017-2018. Avant, donc, de rejoindre la Roma pour 4,5 millions d’euros l’été dernier.
La morsure du Z
Rome, où Zaniolo devait au départ n’être qu’un joueur d’avenir, censé suppléer occasionnellement les titulaires habituels en attendant d’éclore réellement. L’entrejeu de la Louve, enrichi des arrivées estivales de Javier Pastore, Bryan Cristante et Steven Nzonzi, est très fourni, puisqu’on y retrouve aussi Lorenzo Pellegrini et Daniele de Rossi. Mais Zaniolo a su profiter des méformes et blessures des uns et des autres pour se faire un nom. Au culot. Car le jeu de l’Italien dégage une vraie personnalité. La puissance l’emporte sur l’élégance, les chevauchées balle au pied sont hargneuses, conquérantes. Les passes sont tendues, souvent verticales. Comme un symbole de la force naturelle qui se dégage de son jeu, il laissait Jordan Veretout s’accrocher à deux reprises à son short pour tenter de l’arrêter, lors d’un match face à la Fiorentina le 3 novembre dernier.
Quand on l’interroge sur son rôle sur le pré, l’adulescent n’hésite pas une seconde : « Je dois faire lamezzala, m’occuper des deux phases, défensive et offensive, et, bien évidemment, me projeter quand il y a une possibilité… » De fait, Zaniolo semble précisément savoir quel joueur il est et sera appelé à devenir : « Moi, je pense que dans le football actuel, il faut être agressif… Honnêtement, je pense d’abord être un joueur physique. J’ai une bonne technique, mais je dois améliorer beaucoup de choses. » En attendant, le teenager devrait probablement débuter dans le onze type romain ce samedi, face à la Juve. Une nouvelle étape dans la vie d’un type qui n’a décidément plus envie de s’arrêter de grandir : « Je dois continuer de m’entraîner jour après jour. Car ce qu’il y a de plus beau ne m’est peut-être pas encore arrivé… »
Par Adrien Candau
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