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Dugarry : « Il devient quoi, Julien Faubert ? »
Quand il gambadait sur les prés, Christophe Dugarry servait de réceptacle à crachats. Depuis qu'il est passé derrière le micro de Canal +, Duga récolte des louanges, beaucoup. Des crachats, un peu moins. Et comme il se sent bien dans son rôle, il a rempilé sur la chaîne cryptée pour quatre saisons.
Il paraît que d’autres clubs sont venus te voir… (sourires). J’étais en fin de contrat en juin. C’est vrai qu’Al-Jazeera, par l’intermédiaire de Charles Biétry, m’a fait passer un message.
Du genre ?Charles m’a tout simplement dit : « J’aimerais que tu me laisses la possibilité de te faire une proposition. » Je suis poli, j’écoute. Mais à partir du moment où Canal Plus gardait les droits télé sur le football, la question ne se posait plus. Ça me paraissait évident de rester ici. Je suis à l’endroit idéal pour parler de football.
La Ligue 1, c’est ton leitmotiv ?C’est mon pain quotidien. C’est une histoire à suivre. Les championnats anglais ou espagnol, ce n’est pas mon truc. Je le regarde, je prends du plaisir d’ailleurs, mais mon boulot, c’est le championnat de France, et j’aime ça.
Tu es de plus en plus souvent sur le plateau du Canal Football Club et moins aux commentaires.C’est une volonté de la chaîne. Je préfère les matches, clairement, mais je comprends la logique qui consiste à régulièrement m’insérer sur le plateau quand il ne s’agit pas de grosses affiches. J’aime ce côté talk show.
Tu l’as sentie comment, ta conversation musclée avec Noël Le Graet ?Sereinement. Je ne pense pas qu’il s’attendait à un tel accueil. J’ai peut-être été un peu sec, mais il fallait dire certaines choses. Domenech, Knysna, le contrat de Laurent Blanc, ce sont des choses dans lesquelles il a œuvré, il ne peut pas venir sur un plateau de télé et ne pas assumer. J’essaie de comprendre comment fonctionne le football français, et parfois, ce n’est pas évident.
Comment as-tu vécu ta sortie médiatique sur les Girondins de Bordeaux ?J’ai été maladroit en répondant à la provocation. J’ai répondu à une question, mais je n’ai pas su anticiper les réactions. Je me suis fait piéger, il n’y avait aucune mauvaise intention de ma part. J’ai simplement dit que s’il fallait que je mette les mains dans le cambouis, autant le faire en prenant tous les risques. C’est-à-dire être président. Et là, la machine médiatique s’est emballée. J’ai compris les messages de Jean-Louis Triaud et Nicolas de Tavernost. On s’est expliqués pendant cinq heures à ce sujet. Bordeaux, je connais, c’est chez moi. C’est un club pépère, une ville pépère. Mais de temps en temps, il faut faire bouger les choses.
Comment juges-tu le championnat ?L’arrivée du nouveau PSG fait du bien. Je prends du plaisir à les voir jouer. Marseille aussi, Montpellier également. Lille, c’est un peu plus compliqué, mais ça reste costaud. Lyon, c’est moins reluisant, mais ça vaut le coup. Mais une locomotive comme le PSG, c’est forcément positif. Un bon championnat a toujours besoin d’une locomotive. Que ce soit économique ou sportive. Après, il faut savoir lutter. Ça ne sert à rien de lutter contre un pays, car on parle d’un pays, et riche qui plus est. Il faut en profiter. Faire venir un mec comme Ancelotti en Ligue 1, c’est exceptionnel. Il faut s’en servir. Sur le plan du jeu, je trouve qu’il y a, dans l’ensemble, une réelle envie de jouer en Ligue 1. Les entraîneurs sont moins frileux. Par contre, défensivement, on assiste à des fautes grossières jusque-là inhabituelles.
Tu as des joueurs frisson ?Pastore, au début. Ses dix premiers matches, je trouvais le mec exceptionnel. Nenê dans son ensemble est costaud. Rémy aussi. Giroud, Hazard. J’aime beaucoup le petit Corgnet aussi. Mais il faut arrêter d’envoyer des mecs en équipe de France au bout de six mois. Il faut le laisser grandir.
Un mec comme Amalfitano, qui se déclare prêt pour les Bleus, ça t’ennuie ?Qu’il soit prêt, c’est bien pour lui. Il reste sur deux mois exceptionnels, mais en septembre, il ne jouait pas. Maintenant, on envoie tout le monde en équipe de France après trois bons matches. Il faut du temps. Quand j’ai débuté en Bleu, il y avait Papin, Cantona, Ginola. Des mecs avec de la bouteille. Il fallait au moins deux bonnes saisons pour s’inviter en équipe nationale. C’était surtout des mecs avec de la bouteille. Aujourd’hui, c’est moins le cas. Je trouve ça dommage.
Tu es à l’aise avec les mentalités actuelles ?J’ai parfois l’impression que les jeunes joueurs sont moins passionnés par le football, que c’est plus un boulot qu’une passion. La dernière fois, j’étais avec un pote bordelais, et on cherchait à avoir des nouvelles de Julien Faubert. Quand Laurent Blanc est arrivé à Bordeaux, le mec était aux portes des Bleus. Il a fait le choix de West Ham. Avec des raisons qui lui sont propres. Aujourd’hui, il fait quoi ?
Et Dugarry entraîneur, c’est possible ?Jamais. Ça ne m’intéresse pas du tout. Ça ne colle absolument pas avec ma mentalité et mon caractère. Je suis bien où je suis. Je ne m’imaginais pas une reconversion de la sorte, mais quand t’aimes le football, t’es plutôt bien en étant sur Canal Plus. J’ai encore quatre ans devant moi. Ça fera presque dix ans au bout, après, on verra…
Propos recueillis par Mathieu Faure