- Euro 2012 – Groupe A
- Pologne/République Tchèque
Dudka, le couteau suisse
Capable d’évoluer quasiment partout en défense, Dariusz Dudka est le genre de joueur dont rêvent tous les entraîneurs. L’international polonais, qui affronte la République tchèque ce samedi (20h45), espère d’ailleurs emmener son pays en quarts de finale grâce à une frappe dont il a le secret. Avant de s’envoler, peut-être, vers la Bundesliga…
Dariusz Dudka appartient à une catégorie de joueurs à part. Celle des joueurs trop forts pour être remplaçants, mais pas assez bons pour être des titulaires indiscutables. Un statut que le Polonais doit à une (trop ?) grande polyvalence. Capable d’évoluer en défense centrale, il peut également jouer latéral (aussi bien à droite qu’à gauche) et milieu défensif. C’est d’ailleurs à ce dernier poste que Franciszek Smuda, le sélectionneur polonais, l’a aligné face à la Russie (1-1). Un choix bénéfique puisque Dudka (64 sélections) a rendu une copie très propre. Ce qui est, il faut bien le dire, souvent le cas avec le joueur de 28 ans. Car si, du côté d’Auxerre, le joueur ne laissera pas une trace inoubliable, après ses illustres compatriotes Andrzej Szarmach ou Ireneusz Jeleń, il a tout de même rendu de sacrés services.
Arrivé dans l’Yonne à l’été 2008 alors qu’il était courtisé par plusieurs clubs européens, dont la Lazio Rome, Dudka va mettre du temps à apprivoiser la Ligue 1. Positionné en milieu récupérateur, il trimballe alors quelques kilos en trop et est souvent dépassé. « J’ai eu des difficultés à m’adapter, car le jeu va plus vite en France qu’en Pologne, avouait-il la saison dernière.Mais je me suis accroché pour regagner la confiance du coach(Jean Fernandez, ndlr). » Mais au fil des blessures et des suspensions de ses coéquipiers, l’ancien joueur du Wisła Cracovie va tout de même réussir à jouer une trentaine de matchs de championnat quasiment à chaque saison, le plus souvent en tant que défenseur. Jamais flamboyant, mais très rarement désolant sous le maillot icaunais, il va conserver sa place en sélection nationale et joue donc, en ce mois de juin, sa troisième grande compétition internationale, après le Mondial 2006 et l’Euro 2008.
Les coups francs de Cristiano
Mais, après deux matchs nuls consécutifs face à la Grèce et la Russie, les Polonais sont dans l’obligation de s’imposer face à la République tchèque s’ils veulent profiter encore un peu de cet Euro à la maison. Une tâche qu’ils tenteront d’accomplir avec Dudka au milieu de terrain, s’il est suffisamment remis de sa blessure aux abdominaux. « J’ai eu cette blessure il y a deux mois avec Auxerre, mais je suis revenu rapidement, déclare-t-il. C’est revenu face à la Russie et je savais que c’était la même chose. Mais je veux jouer contre la République Tchèque. » L’occasion peut-être, pour lui, d’envoyer un coup franc surpuissant au fond des filets de Petr Čech ? Car, en plus d’être un maillon important du dispositif polonais, Dudka possède également une sacrée frappe de balle. Avec un élan droit devant le ballon et une frappe du coup du pied, le bonhomme rappelle étrangement, sur les phases arrêtées, un certain Cristiano Ronaldo. Quand ils sont cadrés, les missiles de Dudka font d’ailleurs souvent des ravages.
Alcool au volant et Bundesliga
Si toute la Pologne sera donc derrière lui ce samedi, le natif de Custrin va savourer le moment. Car, il y a neuf ans, c’est dans l’œil du cyclone qu’il se trouvait. Au volant de sa voiture, celui qui évoluait alors à l’Amica Wronki est impliqué dans un accident de la route où un piéton trouve la mort. Pas vraiment à jeun (tout comme le piéton, vraisemblablement ivre), Dudka s’en tire juste avec une suspension de permis. Suffisant pour créer la polémique au pays. Pas rancunier, celui qui arrive en fin de contrat à l’AJA devrait d’ailleurs se rapprocher un peu de la Pologne. Courtisé par plusieurs formations, il pourrait bien atterrir en Allemagne. « Après 4 ans, je vais quitter Auxerre, et probablement la France, souffle-t-il. J’aimerais essayer de jouer en Bundesliga. » Un championnat où sa frappe de balle serait sans doute appréciée à sa juste valeur…
Par Alexandre Alain