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Dubois adoubé
Transféré à Lyon cet été pour passer un cap, Léo Dubois va découvrir l'équipe de France, à 24 ans. Sans faire de bruit, comme d'habitude.
C’est un sujet qui fait toujours grincer des dents en Loire-Atlantique. Léo Dubois, figure de la formation nantaise qui réussit, restera le garçon parti à l’Olympique lyonnais pour peanuts, à l’intersaison 2018. Lui qui était devenu capitaine des Canaris à 22 ans et par la force des choses, pas forcément pour un leadership exacerbé, mais pour une régularité et des performances séduisantes dans son couloir droit, n’a pas mis trop de temps à quitter le cocon. Du point de vue carriériste, difficile de lui donner tort aujourd’hui : un an plus tard, le voilà convoqué pour la première fois en Bleu.
Match-référence face au Barça et entrée décisive dans le Chaudron
Même si le choix du Rhône avait été décidé dans le calme et longtemps à l’avance, le challenge était relevé au moment où le défenseur a posé ses bagages dans la capitale des Gaules. De par la dimension dans laquelle il mettait les pieds tout d’abord : autre niveau, autres attentes, autres compétitions, autre pression. Mais surtout de part les bouchons étrangement créés par l’OL sur ce côté droit, Rafael et Kenny Tete étant restés chez le septuple champion de France. À l’arrivée, et malgré un premier semestre un peu compliqué, c’est bien le Français qui a tiré son épingle du jeu : il n’a que très peu connu le banc depuis fin janvier (ne loupant aucune rencontre de championnat après la 20e), profitant notamment de la blessure de son coéquipier brésilien.
Surtout, avec 23 apparitions en Ligue 1 et 5 en Ligue des champions (3 titularisations) sous la liquette lyonnaise, le natif de Segré (Maine-et-Loire) a pu faire valoir toutes ses qualités, les mêmes qu’il avait développées en dix ans passés à la Jonelière. En tâchant de dérouler son jeu sobre et sans fioriture. En dévoilant ses qualités de passeur (4 services gagnants dans l’élite, tous délivrés en 2019, même total que l’an dernier), notamment un magnifique centre dans la boîte dans le derby à la 96e minute pour le coup de casque de la gagne de Moussa Dembélé, en janvier alors qu’il était entré en jeu. En répondant présent en C1, comme face au Shakhtar Donetsk où il avait permis aux siens d’accrocher le point du nul (2-2) ou comme lors du match aller face au Barça alors qu’il avait de sacrés clients à contenir, et même si la manche numéro deux ne s’est pas passée comme prévu (il avait été aligné lors des deux rencontres). « C’est un garçon qui a du tempérament, du caractère : comme ça, il fait poli, gentil, mais il sait ce qu’il veut » , souligne Samuel Fenillat, directeur du centre de formation du FC Nantes qui a connu le joueur depuis ses débuts en jaune et vert.
Oh mon dieu, il a tué Kenny
Alors que l’OL vient de s’assurer une place en C1, c’est un Léo Dubois intégré, investi et important pour le groupe que l’on observe. Il a su prendre avec audace la lumière dont il rêvait en changeant d’air quelques mois plus tôt. « En signant à Lyon, je voulais jouer des matchs comme celui contre le Barça, déclarait-il en février dans Téléfoot. Les Bleus ? J’y pense, bien sûr. J’y ai tout le temps pensé, d’ailleurs. C’est dans un coin de ma tête, et je donne tout pour y aller. Je pense pouvoir postuler une place, oui. » L’ex-Nantais avait donc vu juste, et se permet de coiffer, entres autres, Kenny Lala, qui avait pourtant connu une grosse hype. Ruben Aguilar, lui, est de toute façon sur le flanc depuis la fin du mois d’avril.
Le latéral succède à Dimitri Payet (aussi passé par le centre de formation du Havre) et Jérémy Toulalan parmi les produits du FCN ayant l’honneur de voir leur nom apparaître dans la sainte liste, mettant ainsi fin à une longue disette nantaise. « C’est une belle récompense pour lui, pour son parcours et un message d’espoir pour les jeunes du centre, en plus c’est un garçon de la région, continue Fenillat. À l’époque, peu auraient pensé le voir là aujourd’hui. C’est bien pour la personne qu’il est : ça a toujours été un bon joueur, mais ce n’est pas quelqu’un qui était forcément mis en avant, dont tout le monde parlait, et il a toujours travaillé et s’est investi, en avançant dans l’ombre. Il a franchi les étapes une à une même si c’est allé assez vite pour lui ces dernières années, et j’espère que la prochaine sera de s’imposer en équipe de France, il a toutes les qualités. Il est fiable et s’impose sur la durée, on l’a vu cette saison, il a élevé son niveau de jeu. » Joli hasard, même s’il est loin d’être sûr d’inaugurer sa carrière internationale : c’est à la Beaujoire face à la Bolivie (2 juin) que l’ex-international espoirs enfilera pour la première fois le maillot des grands. Le plus beau des retours au bercail.
Par Jérémie Baron
Propos de Samuel Fenillat recueillis par JB