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  • L'histoire des maillots
  • Épisode 5

Du vert et du blanc pour les Bhoys

Par Gabriel Cnudde
6 minutes
Du vert et du blanc pour les Bhoys

Il est porté dans les stades, sur les terrains le dimanche, dans la cour de recré, dans la rue. Le maillot de foot est le signe de ralliement de tout supporter. Et chaque maillot a son histoire. Cette semaine, celui du Celtic Football Club.

Si beaucoup ont tendance à ne pas voir plus loin que le bout de l’Angleterre quand ils pensent au football, certains sont là pour leur rappeler qu’au-delà de Newcastle et de Carlisle s’étend une vaste terre animée par l’amour du ballon rond, qu’on appelle communément l’Écosse. Là-bas, sur les vieilles terres de l’Alba, deux clubs ont longtemps régné sans conteste sur le championnat. Ces frères ennemis résident tous les deux à Glasgow et se battront sans doute à jamais pour le contrôle de la ville. En ce moment, et grâce à un petit peu d’aide, ce sont les Bhoys du Celtic qui dominent le football écossais. Il n’a pourtant pas fallu attendre cette période faste pour que le monde entier reconnaissent ces rayures blanches et vertes.

Histoire d’un maillot

Lorsque ce ne sont pas des étudiants qui sont derrière la création d’un club de football, on peut être à peu près sûrs que ce sont des religieux. Ce sont en tout cas des ecclésiastiques qui ont décidé de créer le Celtic Football Club, le 6 novembre 1887. À cette époque, l’Écosse accueille sur ses terres 250 000 personnes d’origines irlandaises. Après le succès du premier club catholique du pays, le Hibernians (du latin Hibernia, qui signifie Irlande), beaucoup de communautés catholiques se dotent dans les années 1880 de leurs propres clubs de football. C’est ce que font les membres de St Mary’s Church, dans l’Est de Glasgow. Le frère Walfrid refuse de nommer le club Glasgow Hibernians et choisit le nom Celtic FC.

D’abord surnommés les bold boys, les joueurs de la nouvelle équipe de Glasgow deviennent rapidement les Bhoys (le h est ici ajouté pour donner un aperçu de la prononciation des Irlandais). Pour rendre hommage à leurs origines irlandaises, les joueurs adoptent le vert et le blanc ainsi que la croix celtique dès 1888. Certes, Celtic se prononçait normalement Keltik, mais les Gaéliques irlandais prononçaient Celtic, d’où le nom du club. Ces couleurs, les Bhoys ne les quitteront plus jamais, à la différence de la croix celtique, qu’ils abandonneront en 1925 en faveur du symbole qu’ils arborent encore aujourd’hui, le trèfle (à trois feuilles, puis à quatre feuilles).

Le sacrifice forcé des Edinburgh Hibernians

Lors de sa fondation, les buts du Celtic FC sont clairs. Les ecclésiastiques qui composent son conseil d’administration veulent lever des fonds pour venir en aide à la population pauvre de l’east end de Glasgow. Très rapidement, cette annonce est suivie de faits et le Celtic FC organise de nombreux matchs amicaux. Un club de la capitale, les Edinburgh Hibernians, viennent en aide au Celtic en acceptant de jouer de nombreux matchs. Le frère Walfrid a la situation en main, et son club prospère lentement pendant un temps. Jusqu’à ce qu’il perde le contrôle sur ses propres joueurs et que ces derniers causent la destruction des Edinburgh Hibernians.

John Glass, un ouvrier, et Pat Welsh, un couturier irlandais, et pas du tout gallois comme le laisse penser son nom de famille, voient d’un œil envieux le football anglais se développer et se professionnaliser. Persuadé que le football écossais a en lui le même potentiel, et attiré par les perspectives financières que pourrait dégager un club comme le Celtic FC, qui pourrait attirer 250 000 supporters potentiels, les deux compères décident de prendre les choses en main. En août 1888, dans le dos du frère Walfrid et du comité directeur, ils font signer des contrats à huit joueurs des Edinburgh Hibernians. Moyennant quelques versements en liquide, les joueurs acceptent de signer leurs contrats et, par la même occasion, la destruction de leur club d’origine. En moins de trois ans, les Edinburgh Hibernians se retrouvent au bord d’un précipice dont ils se relèveront bien plus tard, pour devenir le club qu’ils sont aujourd’hui.

La suite de l’histoire, tout le monde la connaît. Saison après saison, les Bhoys promènent leurs rayures vertes et blanches dans toute l’Écosse et garnissent leur armoire à trophées : une coupe d’Écosse en 1892, 1899 et 1900 et des titres de champions en 1893, 1894, 1896 et 1898. Au tout début du XXe siècle, un changement majeur s’effectue sur les maillots des Bhoys. Les rayures, qui étaient jusqu’alors verticales, deviennent horizontales le 15 août 1903 lors d’un match face à Partick Thistle. C’est donc la deuxième fois que le Celtic change de maillots. Le tout premier était blanc, le second blanc et vert à rayures verticales et le dernier, celui que les joueurs portent encore aujourd’hui, est donc blanc et vert à rayures horizontales. Avec ces nouvelles rayures, les Bhoys raflent six titres de champions entre 1905 et 1910, ainsi que la modique somme de quatre coupes d’Écosse. Rebelote entre 1914 et 1917, avec quatre nouveaux titres de champions, avant que les Rangers ne prennent le contrôle de la ville un moment. Aujourd’hui, la rivalité perdure, mais elle est malmenée : les Rangers n’évoluent plus dans la première division…

Maillot mythique

S’il est aujourd’hui difficile d’imaginer le club de Glasgow dépasser la phase de poules d’une Ligue des champions, il fait pourtant partie du club très fermé de ceux qui ont soulevé le trophée le plus prestigieux d’Europe. C’était le 25 mai 1967, après une finale remportée à Lisbonne face à l’Inter Milan (2-1). Ce soir-là, les Bhoys ne l’avait pas volé : 49 tirs, deux sur la barre transversale, 17 déviés, etc. Dans leur tenue simple (des rayures horizontales blanches et vertes, un short blanc floqué d’un numéro vert et des chaussettes blanches), les joueurs de Glasgow réussissent, en plus de gagner la C1, une année parfaite. Ils remportent tous les titres possibles : la Coupe d’Écosse, la Coupe de la Ligue écossaise, le championnat d’Écosse, et la Coupe de Glasgow. Largement de quoi faire de cette année la plus belle du club.

Maillots extérieurs et autres maillots collectors

Quand on regarde la liste des maillots extérieurs du Celtic FC, on se rend facilement compte que les Bhoys n’ont pas souvent abandonné le blanc et le vert. Souvent, ils abandonnaient les rayures pour des maillots unis, soit blancs, soit verts, voire parfois pour des maillots (moches) à carreaux. À partir de 1970, les joueurs sont tout de même contraints d’adopter une nouvelle couleur, le jaune. Au fil des ans, le noir deviendra lui aussi une couleur privilégiée à l’extérieur.

Si, comme souvent, la simplicité a longtemps été préférée pour les deuxième et troisième jeux de maillots, la saison 1990-1991 marque un basculement des designers dans les méandres de la drogue. Cette année-là, ils pondent un maillot extérieur du plus mauvais goût avec un dégradé de vert sur tout le corps et une courbe statistique qui ferait plaisir à François Lenglet sur le journal télévisé de France 2. Rebelote lors de la saison 1994/1995 avec un maillot blanc gribouillé de vert et jaune. Heureusement, l’arrivée des années 2000 est synonyme de retour à la simplicité des maillots unis ou, dans le pire des cas, rayés de jaune et de vert. Cette année, New Balance a fait un effort pour sortir des maillots relativement agréables à la vision humaine.

Pour le centenaire du club, en 1988, le maillot est censé rendre hommage aux pionniers du club. Les rayures blanches et vertes horizontales ne bougent évidemment pas, mais le blason est lui repensé pour ressembler aux premiers écus. Le trèfle est repoussé en bas du blason par une grande croix celtique elle-même entourée des années 1888/1988 et de la mention « Celtic Football Club » . Le sponsor de l’époque, CRSMITH, reste assez imposant, mais plutôt discret, imprimé en noir sur le ventre.

Ils se sont inspirés du maillot du Celtic Football Club

De nombreux clubs autour du monde utilisent les couleurs du Celtic Football Club. Seulement, ils puisent plus leur inspiration dans leurs origines irlandaises que dans le CFC lui-même. En revanche, les Saint Louis Lions, qui évoluent en USL, aux États-Unis, sont partenaires du Celtic et évoluent avec un maillot quasi similaire. Depuis 2011, les deux clubs échangent conseils, jeunes joueurs et membres de staff en formation.

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Par Gabriel Cnudde

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