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Du nouveau chez les équipementiers sportifs
Dans le monde du football, il n'y a pas que les hommes qui se vendent ou s'échangent, il y a aussi les équipementiers sportifs. Et en cette période de mercato, certaines écuries ont déjà paraphé de nouveaux contrats avec des équipementiers qu'on n'avait pas ou peu vu sur le sol français. Petite revue de ces mouvements estivaux.
Hungaria, la marque française ressuscitée
Il fut un temps où Hungaria Sport dominait largement le match des équipementiers sportifs dans l’Hexagone.
Créé par deux frangins en 1932, cet équipementier sportif est, comme son nom ne l’indique pas du tout, d’origine française. Dans les années 70, cette marque régnait en maître sur le foot français et ils sont nombreux, comme un certain Michel Platini, à avoir porté les chaussures frappées du sceau du « H » . Vendu à Adidas à la fin des seventies, l’opération n’aurait servi qu’à couler définitivement Hungaria afin de laisser le champs libre à la marque des frères Dässler. Cet équipementier fait aujourd’hui son grand retour dans le marché concurrentiel des équipementiers sportifs grâce au rachat, il y a près de deux ans maintenant, par Pierre Arcens, un ancien de chez… Adidas. Après avoir raflé la mise dans le rugby, la saison passée, en s’associant avec le RCT, Hungaria vient de réussir à mettre un premier pas dans le foot en signant des contrats avec le Stade de Reims et le Tours FC.
Déçus, et le mot est faible, du partenariat engagé avec Nike, les Tourangeaux ont décidé de ne plus travailler avec la firme américaine à l’approche de cette nouvelle saison. En effet, pour un club au budget limité comme l’est celui du TFC, la marque à la virgule n’offrait aucune réelle possibilité de personnalisation des maillots, sans parler de la gamme de couleurs en totale contradiction avec l’histoire de ce club. Un constat partagé par l’administrateur du forum « Ciel et Noir » sur le site maligue2.fr : « Avec Duarig, notre ancien équipementier malheureusement en liquidation judiciaire, nous pouvions avoir des maillots personnalisés, mais là, avec Nike, c’est peine perdue. Nous nous retrouvons avec des maillots lambda qu’une équipe de District peut acheter sur catalogue, et des couleurs qui ne sont pas les nôtres. » « Le club a fait un choix stratégique clair en prenant cette décision de quitter Nike pour ce nouvel équipementier, expliquait récemment Jean-Marc Ettori, le président du club d’Indre-et-Loire. Hungaria offre en effet la possibilité d’avoir des maillots et une collection sportswear entièrement personnalisés. Revenir à l’identité du club, cela passe par un maillot respectant l’histoire du club. »
Joma poursuit son implantation
Ayant connu les mêmes déboires avec Nike que le Tours FC, Le Havre avait lui aussi décidé, et ce, dès la saison passée, de mettre un terme à sa collaboration avec la marque à la virgule et de créer ses propres maillots sans passer par le moindre équipementier.
Gauthier Malandain, directeur de la communication et du marketing du club havrais, explicitait l’an passé les raisons d’un tel choix hors du commun : « Pour avoir un design à la demande chez Nike, il faut du poids, commander beaucoup de maillots comme peuvent le faire le PSG, l’AS Monaco, le FC Barcelone… Pour des plus petits clubs comme le HAC ou encore l’AS Nancy-Lorraine, vous devez choisir dans le catalogue team sport. » Aujourd’hui, la donne a changé et les choses sont rentrées dans l’ordre, puisque le HAC a décidé de ne pas poursuivre cette entreprise solitaire plus longtemps.
Ainsi, la direction du club normand vient de signer un contrat de sponsoring avec Joma, la marque espagnole qui avait déjà réussi une première implantation dans l’Hexagone la saison dernière en s’associant au Toulouse Football Club. Ce partenariat va permettre au doyen des clubs français de retrouver toute son identité à travers un respect total des couleurs historiques du club. Cette nouvelle collaboration répond à une stratégie claire de la marque espagnole dans le football français. « On voulait inclure dans notre projet sur la France un club historique comme Le Havre qui existe depuis 1872 » , détaillait Dioubi Med, le responsable Joma France, avant de préciser que d’autres clubs s’étaient également rapprochés de la marque pour d’éventuels futurs partenariats.
New Balance débarque en France
Décidément, Nike n’en finit plus de prendre des claques de la part des équipes professionnelles françaises. Après avoir perdu certaines écuries de Ligue 2, c’est une équipe de première div’, Lille, qui vient de mettre un vent à l’entreprise américaine.
Comme annoncé à la fin du mois de juin, le LOSC a choisi de rejoindre un autre équipementier US, New Balance, basé à Boston, et qui chaque année poursuit son implantation dans le milieu du ballon rond. Après avoir équipé des clubs tels que Liverpool, Porto ou le FC Séville, la firme, principalement connue pour sa gamme de chaussures de running, frappe un grand coup en débarquant désormais en grande pompe sur le marché français. La marque, désireuse d’accélérer son développement à l’international, ne pouvait parvenir à ses fins sans glisser un pied dans la porte du marché hautement concurrentiel qui entoure le football pro. C’est désormais chose faite avec le club dirigé par Michel Seydoux. Un président lillois qui ne manquait d’ailleurs pas de jouer les VRP de luxe pour la marque américaine sur le site officiel du club : « New Balance a réussi son implantation et est rapidement devenu l’un des acteurs incontournables du marché du football grâce à sa volonté d’innovation. Nous avons le sentiment de nous être associés à une marque dont nous partageons la motivation, celle d’atteindre les sommets du classement. »
Kipsta, l’ami des amateurs, déboule chez les pros
Bien connue des footballeurs amateurs aux finances limitées mais aux exigences bien réelles, Kipsta, l’une des marques de Décathlon dans le domaine des sports collectifs, vient de connaître un tournant en s’associant pour la première fois de son histoire avec un club professionnel.
Et c’est à Valenciennes, à 40 minutes de route de ses bureaux situés à Roubaix, que la marque a décidé de poser ses premières valises. Une collaboration des plus logiques et qui, à en croire les deux parties engagées, coule de source tant les valeurs partagées par Décathlon et le VAFC sont similaires. « Souhaitant rester fidèle à ses origines et donc aux valeurs de la région, KIPSTA s’est naturellement tournée vers le VAFC. Des valeurs communes, une envie partagée de progresser et une volonté conjointe d’être proche de l’environnement du club(…)nous ont permis de nous unir autour d’une même passion » , assure le dossier de presse.
La proximité géographique devrait ainsi permettre aux joueurs valenciennois de devenir de véritables acteurs vis-à-vis de la cellule de création de la marque française, à travers des retours d’expérience permanents. « Ce qui est bon pour les pros doit être accessible pour le plus grand nombre » explique-t-on à Décathlon. Dans cette logique, de moins en moins naturelle dans le foot business, il faut noter également que la collection 2016-2017 du VAFC proposera les tarifs les plus attractifs du marché avec un prix n’excédant pas 50 euros pour un maillot adulte et 40 euros pour le modèle junior. On est loin, très loin, des 85 boules qu’il faut lâcher pour s’offrir la nouvelle tunique Nike du PSG version 2016-2017.
Les autres : Lotto, Burrda Sport, Umbro
D’autres mouvements ont été répertoriés à l’aube de cette nouvelle saison de foot en France avec, notamment, le retour de la marque italienne Lotto qui, après avoir longtemps été en affaire avec le Gym, a récemment signé un contrat de 4 ans avec le promu dijonnais. Du côté des disparitions, la marque qatari Burrda Sport tire sa révérence, puisque son seul et unique client français, l’OGC Nice, a décidé de ne plus faire appel à ses services. Dirigée par Laurent Platini, fils de, l’équipementier, propriété de QSI, n’aura pas réussi à s’installer durablement sur les maillots des équipes du championnat de France. Enfin, la « Nike lose » se poursuit avec la fin du partenariat avec le Stade Malherbe de Caen qui a rejoint cet été l’écurie Umbro. Quand ça ne veut pas…
Par Aymeric Le Gall