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- RB Leipzig-PSG (0-3)
Du calme, ce n’était que Leipzig
Pour la première fois de son histoire, le Paris Saint-Germain est en finale de la Ligue des champions. Le tout après avoir sorti deux adversaires largement à sa portée. Inutile de cancaner donc, le plus dur reste à venir pour espérer déloger l'OM de son sacro-saint trône de seul club français à avoir soulevé la coupe aux grandes oreilles.
Après avoir claqué des fesses face à l’Atalanta, Paris se devait d’aborder cette demi-finale avec une certaine dose d’humilité. Car oui, sur le papier, la formation française était supérieure à son homologue saxonne, mais le revers de la médaille, c’est que la bonne excuse était toute prête en cas de défaite face au onze du Wunderkind Julian Nagelsmann. Preuve en est avec cette déclaration d’Ander Herrera en conférence de presse : « Leipzig n’a pas la pression de gagner la Ligue des champions ou d’atteindre la finale. Cela peut être plus dangereux pour nous, car sans cette pression, tu joues plus libre. Il faudra être très attentif. » Bilan ? Les hommes de la capitale ont effectivement été attentifs et se sont imposés sans mal face à une équipe cinq fois moins vieille qu’elle. Bravo ! Quelle performance !
Pas de chaussettes, pas de chance
Alors, que retirer de cette demi-finale de C1, un stade que les Parisiens n’avaient plus atteint depuis un quart de siècle ? Eh bien tout d’abord, qu’il n’est pas utile de faire partie de la fashion police pour se rendre compte que l’affreux costume gris à motifs indéfinissables de Julian Nagelsmann était trop grand pour l’occasion, et que son ensemble chemise noire-cravate bleue marine-baskets sans chaussettes (le comble pour un Allemand !) a visiblement été autant travaillé que son plan de jeu. Mais aussi que si l’argent aide à marquer des buts, contrairement à ce qu’avance une expression populaire outre-Rhin, il faut un certain temps pour bien huiler les rouages. Traduction : malgré la planche à billets constamment savonnée par Red Bull, Leipzig partait avec un désavantage logique face à l’empilement de stars parisiennes, lesquelles, après s’être cassé les dents un nombre incalculable de fois, voyaient enfin les planètes s’aligner pour s’imposer dans ce duel largement à leur portée.
Du temps et de l’argent
Car oui, Leipzig, ce n’est pas un gros nom ronflant comme le FC Barcelone, Manchester United ou le Real Madrid. Faut-il rappeler que l’attaquant de pointe a été recruté en D2 danoise, alors que les Lipsiens évoluaient en D3, et ne sert aujourd’hui que de faire-valoir en attendant un remplaçant digne de ce nom à Timo Werner ? Faut-il également rappeler que Poulsen, Gulácsi, Klostermann, Halstenberg, Sabitzer, Forsberg et Orbán – tous alignés ce soir – bataillaient il y a encore cinq ans face à des calibres de la trempe du VfL Bochum ou de l’Arminia Bielefeld dans l’antichambre de la Bundesliga ? Vous pensiez vraiment qu’en cinq ans, on était suffisamment affûté pour ramener chez soi la coupe aux grandes oreilles ? Eh bien non, même après trois mois de coronavirus et même dans un Final 8 à élimination directe.
Alors quand, en face, on a un effectif qui pèse 300 millions de plus que celui de son adversaire, deux champions du monde dans le XI de départ et un Brésilien dont le montant du transfert suffirait à payer les salaires de tout le staff du RBL jusqu’à la fin du siècle prochain, encore heureux qu’il soit facile de se débarrasser d’un club en plastique détesté par tout un pays et dont le plus grand fait d’armes est d’avoir vaguement tenu tête à un Bayern en pleine transition pendant quelques semaines. Soit, qu’importe. Paris est à une marche de faire la nique aux supporters marseillais qui pourraient ne plus se targuer d’être les seuls à avoir gravé leur nom au palmarès de la C1. Mais pour cela, il faudra se confronter de nouveau à ses démons en allant tenter de faire tomber le club le plus fort du monde, à condition que de son côté, le Rekordmeister croque un OL largement à sa portée. Dans le cas contraire, on assistera à un remake historique de la toute dernière finale de la Coupe de la Ligue. Et à ce moment-là, le monde entier ne pourra que s’incliner devant la toute-puissance de la Farmers’ League.
Par Julien « Pisse-Froid » Duez