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Du 9 avec Giroud !

Par Chériff Ghemmour
7 minutes
Du 9 avec Giroud !

Meilleur Bleu hier soir, Olivier a confirmé sa très bonne prestation face à la Norvège. Il n'a pas marqué, mais il a offert des balles de but et c'est sur une de ses têtes renvoyée sur corner que Griezmann a marqué. Olivier Giroud a changé de statut : un casse-tête pour Deschamps et Benzema ?

Allons droit au but : « Oliver the Gunner » vient de disputer deux fois 90 minutes (Norvège, Paraguay) et il a été bon, voire très bon. Et là, petit problème : en deux matchs, son association avec Valbuena a bien fonctionné et il s’est installé en 9, au point que l’équipe de France est sortie de son cadre de jeu habituel où la paire Ribéry-Benzema figure devant. Ce plan B fortuit du fait des absences de Benz et Francky est plutôt rassurant puisqu’il offre une alternative offensive crédible. Mais à douze jours de France-Honduras, elle sème aussi un début de confusion que seul pourra régler le retour de Benzema à la pointe des Bleus face à la Jamaïque. Car sans Benz et sans Francky, les Bleus sont en train de bâtir un schéma de jeu certes intéressant, mais qui diffère de celui où les deux précités ont leurs habitudes. Bien sûr, Benz reste le leader d’attaque… Ceci dit, Olivier Giroud a marqué des points. Avec Valbuena, il est l’homme en forme des Bleus et il apparaît désormais comme un titulaire en puissance. En tout cas, il est plus qu’un joker qu’on fait entrer en cours de jeu.

La (grande) forme du moment…

Même si Benz était au repos forcé, ce n’est pas pour rien que Deschamps a laissé Giroud jouer l’intégralité des deux matchs amicaux contre la Norvège et le Paraguay. DD aurait pu par exemple sortir le Gunner avant la fin des matchs pour le laisser souffler et replacer Rémy dans l’axe. Mais il ne l’a pas fait. C’est donc bien le signe que DD a un bon feeling avec Olivier et qu’il prend vraiment acte de ce qu’on appelle « la forme du moment » . Et ça a payé : un doublé contre la Norvège et un très bon match plein contre le Paraguay lui ont confirmé qu’Olivier était sûrement plus qu’une doublure de Karim (noté 7/10 par L’Équipe, meilleure note avec Valbuena). Hier, dans un match plus cadenassé derrière que face aux Norvégiens, Olivier a brillé à terre dans ses appels, ses courses dans l’axe profond et son jeu en pivot (relais et déviations). Il a aussi excellé dans le jeu aérien. D’abord « dans la boîte » , avec des remises parfaites sur Rémy, mais aussi dans le rond central où il a remporté quelques duels. Pour être complet, son jeu de tête défensif a aussi soulagé les siens sur quelques coups de pied arrêtés face aux Norvégiens. Olivier a tout simplement dispensé ce qu’il a fait de très bon avec Arsenal cette saison, étalant des progrès décelables dans des situations très précises de joueur parvenu à maturité. Oubliez un peu ses remises en première intention, ses frappes et ses coups de boules… Observez-le plutôt dans la construction du jeu : il sait marquer les petits temps d’arrêt qui précèdent parfois une passe ou un dribble. Les petits temps d’arrêt imprévisibles du gars réfléchi qui attend que l’adversaire direct fasse la faute le premier (en se jetant sur lui). Et là, boum ! Sans prévenir, soit il peut dribbler en passant entre deux gars, soit il lance un partenaire dans la course. Avec les Bleus, le ballon ne lui brûle plus les pieds au point de s’en séparer rapidement.

Il faut dire qu’avant, il n’était que le remplaçant, le joker à qui on donnait peu de temps pour briller et marquer impérativement. Trop de pression, trop de speed… C’est dans ce genre d’attitude plus posée que Giroud a marqué des points. Une fois de plus, c’est sûrement grâce à l’assurance qui lui a été donnée de jouer deux fois 90 minutes et sans subir aussi l’obligation obsédante de vite jouer sur Ribéry ou Benzema qu’il a pu s’épanouir. On l’a vu, sa relation avec Valbuena fonctionne bien parce qu’elle procède d’abord d’une interaction « équitable » . Ce n’est pas nouveau : avec Montpellier, lors de la saison du titre 2011-2012, son entente avec Belhanda avait été l’atout essentiel des Héraultais. Or, on a oublié que si Belhanda avait fait briller Giroud (21 buts, meilleur buteur), l’inverse était tout aussi vrai : Olivier avait aussi bonifié Younès et Montpellier (9 passes décisives !). On l’a bien vu, quand Olivier est parti à Arsenal et que Younès s’est retrouvé orphelin de son acolyte à faire du blues… Chez les Gunners, Olivier a aussi fait briller Rosický ou Wilshere sur des passes décisives parfois sublimes. Il faudra mieux tenir compte de l’apport potentiel que Giroud peut insuffler dans la construction du jeu. Sans omettre qu’il sait aussi jouer sur les côtés, en relais ou en dribbles, et qu’il sait placer des bons centres. Olive & Benz ?

Avec Olivier, le visage nouveau des Bleus en attaque fait qu’on parvient enfin à trouver plus de verticalité. Le jeu long déployé directement dans les 16 mètres adverses (plein axe ou sur les côtés) a offert des possibilités nouvelles. Ses prises de balles et ses enchaînements rapides créent de suite le danger. Avec lui, on dispose enfin d’un 9 dans la boîte sur lequel on peut jouer et qui a les épaules suffisamment solides pour résister à la tenaille axiale adverse. Olivier Giroud, c’est un peu la réhabilitation tardive de David Trezeguet, un super n°9 que le foot français a gâché… Giroud rompt avec Henry et Benzema, attaquants hors pair, mais buteurs fuyants qui désertent la boîte (Karim est aujourd’hui plus présent devant la cage, certes). En campant dans les 16 mètres, Giroud rapproche les Bleus des grandes nations avec buteurs-finisseurs (Allemagne, Italie, Argentine). Ses buts marqués avec les Bleus (en Allemagne 2-1, ses doublés face à l’Australie et la Norvège) comblent deux registres de finition évidents où la France a trop fait défaut autrefois : marquer de près dans la petite surface des 6 mètres et marquer de la tête. C’est précisément sur ce genre d’actions que Giroud a été redoutable avec Arsenal cette saison. Une mention spéciale pour les balles aériennes coupées de la tête avant le premier poteau. Le pire étant que même dans son jeu de tête, Olivier a encore une bonne marge de progression : en bossant plus, il pourrait approcher la perfection d’un Klose…

À son détriment, on doit souligner un manque d’efficacité qui le place toujours en dessous de Benzema. Face à l’Ukraine (3-0) et aux Pays-Bas (2-0), Karim a rappelé qu’il était bien le leader d’attaque des Bleus. Ce qui nous fait quand même deux bons attaquants… Du coup revient l’interrogation qu’on avait soldée ces temps-ci : peut-on / doit-on associer Karim et Olivier devant ? Sur les expériences passées, non. Cela n’a quasiment jamais fonctionné, les deux gars ne se trouvant pas. Qui plus est, Karim ne serait pas chaud pour s’excentrer sur un côté, même à gauche où il aime musarder… Ceci dit, la situation plus qu’incertaine de Ribéry libérerait justement ce flanc gauche que Benz peut occuper. Et puis les deux peuvent permuter gauche-axe pour jouer en 9 à tour de rôle. Rien n’empêche, comme on l’a vu hier, Valbuena de décrocher au milieu plutôt que jouer à droite (ce que Debuchy peut faire !) dans une sorte de 4-4-2. Hier, par moment, les Bleus jouaient bien à deux attaquants avec la paire Rémy-Giroud. Le dernier pourvoyant le premier en balles de but… Alors, question : est-ce que Karim est « prêt » à partager avec Olivier, s’entendre avec lui ? D’autant plus que son pote Ribéry pourrait faire l’impasse au moins en début de Mondial. Olivier, lui, donne tout aux autres, on l’a bien vu. Est-ce que Karim est prêt, lui, à l’interactivité équitable ? Dire que sans ces deux derniers matchs amicaux et sans l’indisponibilité de Benz, on ne se poserait pas toutes ces questions : ce serait Karim en 9 et point barre ! Nous voilà donc avec des problèmes de riches. Des problèmes dont on verra ou non l’esquisse d’une réponse dimanche qui vient contre la Jamaïque : DD pourrait-il associer les deux, même une mi-temps ? Only Jah knows, man !

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