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Drone Soccer : la foire du drone
Le 15 et 16 juillet, l’équipe de France de drone soccer se rend à Séoul, pour disputer les premières rencontres internationales de la discipline. Un jeu à base d'engins à hélices qui se rentrent dans le lard, pour marquer des buts dans des cerceaux. Kamoulox ? Pas en Corée du Sud, où la chose a déjà pris une sacrée dimension.
Jeonju n’est certainement pas la métropole la plus connue de Corée du Sud. Située à environ deux heures trente de Séoul, cette cité de 600 et quelques mille habitants est surtout réputée pour le village de Hanok, son quartier traditionnel, et les qualités gustatives de son bibimbap. Mais c’est pour découvrir d’autres spécificités locales que Pascal Roignau s’était déplacé dans la métropole coréenne en 2018. Ce responsable événementiel, passionné de nouvelles technologies, était alors convié pour découvrir une discipline d’un genre nouveau : le Drone Soccer. « Je m’intéressais beaucoup à la réalité virtuelle, tout ce qui touche aux drones aussi et j’ai entendu parler de cette nouvelle pratique en Corée du Sud. J’ai donc contacté les créateurs et je suis parti à Jeonju, qui est le berceau du drone soccer dans le pays. » L’endroit idyllique pour planter le décor. Figurez-vous dix types télécommande en main, qui jouent du joystick alors qu’autant de drones s’agitent frénétiquement autour de deux cerceaux, en survolant ce qui s’apparente à un mini-terrain de football.
Hélices au pays des merveilles
Bizarre ? Sans doute, mais l’ensemble peut vite être démystifié une fois qu’on attrape quelques règles au vol. Le drone soccer se joue usuellement en cinq contre cinq. Deux drones dits « attaquants » doivent marquer des buts en passant à travers les anneaux adverses. À l’autre bout du terrain, trois autres drones défenseurs protègent leurs propres anneaux, en devant empêcher les drones attaquants adverses de faire de même. Le match est divisé en sets, une séquence de trois minutes remportée par l’équipe qui a marqué le plus de buts. La première équipe qui empoche deux sets gagne. Quel est le rapport avec le foot ? Pas grand-chose, à part le mot soccer. Mais qu’importe, ce duel télécommandé tape tout de suite dans l’œil de Roignau. De retour dans l’Hexagone, il exporte la discipline via sa société, FairePlay !, notamment en créant le site dronesoccerfrance.fr, qui vise à populariser le jeu télécommandé dans nos contrées. « Ça a été un petit coup de cœur… Le drone soccer s’apparente pas mal au Quidditch de Harry Potter, je me suis dit que ça pourrait aussi marcher en France. » Avec quelques adaptations nécessaires, néanmoins. « La grosse difficulté, c’est que le drone soccer en Corée, c’est du 5 contre 5. Les machines font 40 centièmes de diamètre, le terrain fait 20 mètres de long sur 7 mètres de large et 6 mètres de haut… Pour que ça soit plus accessible, on a très vite créé un mode de jeu en 3 contre 3 avec un drone ball et un terrain plus petit. »
Quatre ans plus tard, voilà donc la France qui se pointe à Séoul ces 15 et 16 juillet aux premières rencontres internationales de drone soccer, pour affronter des sélections sud-coréennes, japonaises, belges, chinoises et américaines. Une délégation encadrée par Roignau, dont les joueurs vont découvrir l’engouement qu’engendre la discipline dans le pays qui l’a vu naître. Diffusé à la télévision, avec sons et lumières parfois dignes d’une boîte de nuit, le drone soccer coréen est aussi chroniqué en live par des commentateurs pas loin de s’époumoner à coups de « golazo » à chaque franchissement de cerceau.
De quoi aussi donner envie de s’intéresser aux petites subtilités de la discipline. Notamment à la protection des engins volants, les drones ball, ces structures sphériques qui enveloppent et blindent contre les chocs ces machines qui atteignent les 100 km/h en quelques secondes. « Vu le nombre de collisions entre drones ball, les protections peuvent quand même casser, précise Roignau. Il y a plusieurs minutes entre chaque set, et on essaie de rafistoler ça avant la reprise du match. Ça peut arriver que le drone lui-même subisse des dommages. Là, on essaie aussi de réparer. C’est un peu comme pour un pilote de F1 qui connaît sa voiture : il faut savoir être capable de démonter sa machine, comprendre pourquoi ça a moins bien fonctionné, etc. » Le reste est une affaire de dextérité et de tactique. « L’un des deux défenseurs protège usuellement le but, quand l’autre va marquer individuellement le striker. C’est stratégique, au départ on essaie un peu de masquer quel rôle est attribué à quel défenseur… L’attaquant peut également choisir de pousser un défenseur dans son propre but, pour le faire marquer contre son camp. » Le cas échéant, ce dernier est aussi sanctionné d’une pénalité, qui l’oblige à immobiliser son drone pendant plusieurs secondes. Un jeu d’auto-tamponneuses aérien qui reste encore confidentiel en France, mais pourrait bien trouver son public, à en croire Roignau : « Je pense que ça peut notamment attirer les gens qui aiment l’e-sport, on retrouve des sensations analogues avec le joystick, la radiocommande qui fait office de manette… » La suite ? Drone Soccer France devrait créer une ligue nationale en octobre prochain, et ambitionne de créer ses propres rencontres internationales en 2024. Ce qui laisse deux ans à tout ce beau monde pour trouver des commentateurs capables d’autant s’enflammer devant un slalom radiocommandé qu’Omar da Fonseca après un raid solitaire de Léo Messi.
Par Adrien Candau
Propos recueillis par AC.