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Droits TV : La Ligue 1 ne veut pas être zappée
Les diffuseurs intéressés par les droits de la Ligue 1 pour la période 2024-2029 ont pu remettre leurs offres ce lundi. L’affaire pourrait être bouclée dès ce mardi, et ce serait une excellente nouvelle pour le foot français. Mais on a tendance à en douter.
La Ligue 1 a beau ne reprendre que vendredi, avec Le Havre-Lens, un épisode important de son avenir se joue dès ce début de semaine. Lancé le 12 septembre, l’appel d’offres des droits TV du championnat de France pour la période 2024-2029 entre en effet dans sa phase terminale. Les candidats intéressés ont pu déposer leurs offres qualitatives et leurs garanties financières ce lundi. Ceux qui verront leur dossier validé pourront ensuite enchérir sur l’un des lots confectionnés par la LFP – le lot 1 (les deux premiers choix, plus le quatrième en codiffusion) à 530 millions d’euros, le lot 2 (tout le reste, plus le quatrième choix en codiffusion) à 270 millions d’euros et les trois autres lots (des magazines) à 25 millions d’euros –, voire sur plusieurs d’entre eux. Si chaque lot trouve preneur à un montant égal ou supérieur à celui initialement fixé, alors l’affaire sera bouclée dès mardi et tout le monde sera content.
Enjeu majeur pour les clubs
À commencer par la Ligue. Son objectif de franchir la barre des 800 millions d’euros par saison rien qu’au niveau domestique serait atteint, et elle n’aurait plus qu’à habilement négocier la vente des droits à l’étranger pour toucher au sacro-saint milliard. L’enjeu est également de taille pour les clubs. À l’exception du PSG, tous sont fortement dépendants de ces droits TV, qui ont constitué, au fil du temps, une part de leur budget sans cesse croissante. La défection de Mediapro, qui avait promis monts et merveilles, puis avait mis la clé sous la porte en février 2021, soit six mois après le lancement de sa chaîne, avait d’ailleurs suscité beaucoup de remous et provoqué de vives inquiétudes chez les présidents de l’élite. En urgence, Canal+ avait racheté le tout au rabais. L’arrivée de Prime Video dans l’équation, l’été suivant, n’avait pas provoqué une hausse significative des montants. Dans ce contexte tendu, les écuries du championnat avaient accueilli avec un certain soulagement le joli chèque signé par CVC Capital Partners, un fonds d’investissement qui a sorti 1,5 milliard d’euros en échange de 13% des revenus de la LFP. Mais savoir qui diffusera la Ligue 1 et, surtout, pour quels montants, leur permettrait sans doute d’aborder l’avenir avec davantage de sérénité.
Boycott et scénario de l’invité surprise
Serein, Vincent Labrune l’est assurément. Le président de la Ligue s’est jusqu’à présent montré très confiant quant au succès de son appel d’offres. On est toutefois en droit de l’être un peu moins. Parce que Canal+, partenaire historique de la D1/L1 depuis le milieu des années 1980, a fait savoir qu’il boycotterait ce rendez-vous. Parce que DAZN, à l’ambition clairement affichée, est accompagné de quelques zones d’ombre invitant à la prudence, sinon à la méfiance. De même, on n’est pas sûr que Prime Video soit enclin à revoir son investissement initial à la hausse ou que beIN Sports, diffuseur du championnat de 2012 à 2020, ait l’intention et les moyens de revenir dans la danse. Enfin, il reste toujours le scénario de l’invité surprise (Apple TV+ ?), du genre à débarquer à l’improviste et à rafler la mise en lâchant un énorme chèque. « Il peut toujours y avoir des surprises, c’est le sens même de l’appel d’offres, concède Pierre Maes, spécialiste des droits TV. Mais des acteurs cow-boys ou kamikazes, il y en a de moins en moins sur les droits TV du sport. » Si les offres avancées ne sont pas suffisantes, la Ligue devra en passer par une deuxième phase : négocier de gré à gré avec les différents acteurs. Les montants évoqués seraient alors inévitablement moins élevés que ceux fixés au départ. Et c’est tout un écosystème, celui de la Ligue 1, qui en subirait les conséquences.
Par Raphaël Brosse
Propos de Pierre Maes recueillis par RB.