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Droits TV : DAZN retarde son arrivée française
Canal +, beIN Sports et maintenant DAZN : le service de streaming spécialisé dans le sport a lui aussi décidé de ne pas honorer le versement des droits télévisés aux différentes ligues et organisateurs. La plateforme, qui avait prévu de s’implanter en France début mai, possède notamment une partie des droits domestiques de la Bundesliga et de la Serie A.
Et un de plus. DAZN, la plateforme décrite comme le « Netflix du sport », a annoncé cette semaine aux ligues qu’elle ne paierait pas pour les droits télé des matchs non joués. L’info, sortie en milieu de semaine par les médias spécialisés SportCal et Sport Business Journal, a depuis mis en émoi ligues et organisateurs liés à la plateforme, alors que les suspensions et annulations de matchs se sont accumulés depuis le début de la crise du coronavirus.
DAZN has started telling sports leagues that it will not pay rights fees for games that have been suspensed or cancelled because of the coronavirus pandemic, sources say. DAZN is believed to be the first media company to make such a decision. Story coming in SBD.
— John Ourand (@Ourand_SBJ) March 31, 2020
Contacté par SoFoot.com, DAZN a confirmé « mettre en place une série de mesures pour permettre la survie de l’entreprise dans ce moment difficile pour revenir quand le calendrier sportif reprendra ». Une partie des salariés a même été mise en congé pour les prochaines semaines, selon un mail interne obtenu par Sport Business Journal. Après Canal+ et beIN Sports en France, DAZN fait partie des principaux détenteurs de droits de foot européen à annoncer la suspension de ses paiements. Déjà implantée dans neuf pays, l’entreprise britannique diffuse notamment des matchs de Bundesliga et de Ligue des champions en Allemagne, et de Serie A en Italie.
Négociations allemandes, lancement français reporté
« Il est normal de ne pas payer quand il n’y a pas de matchs programmés, c’est même inscrit dans les contrats en Allemagne », explique une source allemande. « Mais s’ils décident de ne pas payer quand le football revient, personne ne voudra plus travailler avec eux. C’est une question de bonnes pratiques. » Comme Sky Deutschland, DAZN est en tout cas en discussions avec la ligue allemande afin de réduire la note, les diffuseurs estimant que ces fins de saison jouées en catimini seront plus difficiles à valoriser (moins de matchs en prime time, multiplex, matchs en semaine).
Christian Seifert, le patron de la ligue de foot allemande, a affirmé début avril essayer de « trouver des opportunités[avec les diffuseurs] pour faire des offres très spéciales. Mais nous n’y sommes pas encore ». DAZN doit encore s’acquitter de 24 millions d’euros pour les neuf dernières journées de Bundesliga. Auxquels s’ajoutent les 32 millions pour le reste des matchs italiens, selon le média italien Calcio e Finanza. Autre info d’importance : la plateforme a confirmé avoir reporté sa date d’arrivée en France, prévue le 2 mai. DAZN avait annoncé le 2 mars son expansion internationale dans près de 200 pays et régions, dont la France. Avec, comme première diffusion d’ampleur, le combat entre les boxeurs Saúl Canelo Álvarez et John Saunders. Mais la suspension du combat par la commission sportive du Nevada, où devait avoir lieu le match, change la donne.
Plus d’un milliard de dollars sur la boxe
Un coup dur, donc, pour la plateforme aux huit millions d’abonnés. Lancée en 2016, l’entreprise britannique a investi des centaines de millions d’euros dans les droits télé de différents sports. Côté droits domestiques, DAZN avait notamment mis 193 millions d’euros sur la table pour remplacer Mediaset comme diffuseur de la Serie A avec l’historique Sky Italia. Mais c’est avec la boxe que DAZN cherche à percer à l’international. La plateforme a noué une série de partenariats avec les organisateurs de matchs dans des contrats à plusieurs centaines de millions de dollars.
En 2018, DAZN avait ainsi obtenu les droits télé sur huit ans de l’organisateur de boxe Matchroom Boxing pour un milliard de dollars. La même année, le service s’offrait onze matchs de Saúl Álvarez pour une somme estimée à 475 millions de dollars. Proposer ces programmes à l’échelle mondiale apparaissait ainsi comme la prochaine étape pour rentabiliser ces droits chèrement acquis. Objectif pour le moment compromis.
Par Nathan Gallo