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Droit devant au Maracaña !

Chérif Ghemmour
5 minutes
Droit devant au Maracaña !

« Quand tu souris / Je m'envole au paradis / Je vais à Ri-o / De Janeiro… » Ce soir les Bleus jouent l'Équateur au Maracaña et tous les voyants sont au vert. Parce que c'est devant que ça se passe. Et ça se passe bien. « Quand tu souris / Je m'envole au paradis / Je vais à Ri-o / De Janeiro… »

« L’équateur terrestre est une ligne imaginaire tracée autour de la Terre, à mi-chemin de ses pôles… » (Wikipedia) La symbolique est imparable : la France affronte l’Équateur, dernier match de poule qui la verrait passer la ligne imaginaire la séparant des 8es. La France est aussi à mi-chemin du pôle de la médiocrité de 2010 (désintégration finale contre l’Afsud) et du pôle de l’excellence (les Bleus oscillent aujourd’hui entre outsiders et favoris). Autre symbolique rapportée au jeu, la France achève une suite de tests tous réussis entamée depuis les barrages de novembre dernier. Et cette épreuve équatorienne tombe à pic : « la Tri » est encore en course pour les 8es, elle a du répondant physique, elle sait marquer des buts et elle possède quelques belles individualités.

Du changement pour que rien ne change ?

Face à des Bleus quasi qualifiés, on ne peut donc que se satisfaire de se mesurer à l’Équateur. L’attaque sud-américaine devrait enfin mettre la défense française sous pression et tester notre arrière-garde jusque-là totalement épargnée par les avants honduriens et suisses. Car on peut supposer que les deux buts tardifs inscrits par les Suisses Džemaili et Xhaka sont plus l’œuvre d’un petit relâchement français que d’une mise au supplice permanente de la défense de Lloris. Et à ce propos, on peut regretter que ce soit justement cette ligne défensive qui serait la plus chamboulée ce soir. Sagna et Digne à la place de Debuchy et Évra (choix du coach) et Koscielny qui supplée Varane (choix des boyaux), ça fait trois titulaires sur quatre qui passent leur tour quand Sakho assure la permanence. Qui plus est, Cabaye étant suspendu, Mavuba devait lui succéder en sentinelle. Or, c’est le bizut Schneiderlin qui devrait jouer ! C’est donc bien tout un bloc défensif expérimental qui passera l’épreuve du feu équatorien. Dommage. On aurait aimé que ce soit la défense habituelle qui s’y colle. Mais faut-il pour autant s’en inquiéter ? Peut-être pas. Pogba et Matuidi complètent le milieu à trois et eux aussi auront à charge de fixer la ligne défensive au-delà de laquelle « on ne passe pas ! »
Et puis l’essentiel est ailleurs, c’est-à-dire devant. Depuis le début du Mondial, le jeu offensif français qui passe par l’occupation de la moitié adverse constitue le premier barrage défensif des Bleus. Devant et un peu plus bas, c’est « l’excellente capacité de récupération du ballon en phase défensive, suivie d’une projection rapide devant » très bien décrite par Lizarazu qui permet aussi de tenir en respect l’adversaire, menacé en permanence de contres létaux… C’est donc une nouvelle indication de Deschamps sur ses options tactiques ambitieuses. En effet, il a choisi de laisser sur le banc Valbuena et Giroud, pas du tout fatigués et très désireux de fouler la pelouse du Maracaña, pour les préserver pour la suite où ils devront assurer à nouveau un gros volume de jeu (attaquer et presser). Ceci dit, Giroud et Valbuena pourraient entrer en cours de match, tout comme Loïc Rémy. Car si Benzema est a priori partant en 9, ce sont Griezmann à gauche et Sissoko à droite qui devraient compléter la ligne d’attaque, soient un artiste et un joueur de devoir, mais qui devront assumer le boulot habituel de Giroud et Valbuena (attaquer et presser). On récapitule : Benzema, Griezmann, Valbuena, Giroud, Sissoko. C’est ce cinq majeur offensif qui est la base première du onze de Deschamps (sans négliger l’assise défensive milieux-arrières, bien entendu). DD entraîneur défensif ? Vraiment ?

Jamais fatigués…

En attendant d’assister à ce difficile test équatorien, mais qui pourrait à nouveau se matérialiser par un écrasement de l’adversaire des Bleus (avec un score lourd ?), on doit encore relativiser l’enflammade qui a saisi le pays, supporters mais aussi « observateurs avisés » . Quand on voit l’hécatombe de grandes nations de foot (qualificatif parfois usurpé pour certaines, l’Angleterre par exemple), on peut constater que les circonstances externes ont bien profité aux Bleus. Ces derniers ont pu débuter leur Coupe du monde avec le Honduras puis la Suisse. Pas facile-facile, mais beaucoup moins costaud que l’Espagne, livrée en pâture à l’ogre néerlandais puis aux saignants Chiliens. Les Bleus n’ont pas été non plus soumis à des trajets éreintants vers des sites lointains, très chauds et très humides, pas plus qu’ils n’ont joué de matchs à 18 heures. Or, on le répète, 18 heures ici, c’est 13 heures là-bas, soit une gymnastique physiologique pas évidente : lever vers 6h30, petit déjeuner-collation vers 7h-7h30, et départ au stade vers 10h-10h30… L’Italie a joué tard à Manaus, puis a joué tôt à 18 heures à São Paulo (voyez la distance) pour finir en jouant à nouveau à 18 heures à Natal (voyez la distance). Il fallait rappeler tous ces petits gains profitables aux hommes de Deschamps, en plus d’avoir hérité d’un groupe et d’un tableau de marche d’après huitièmes qu’on qualifiera d’abordables…

Ceci dit, si la France a été épargnée par ces désagréments (périples restreints entre São Paulo, Porto Alegre, Salvador et Rio), il n’en demeure pas moins que jusqu’à présent, elle a été l’équipe la plus affutée. C’est sans doute grâce à une préparation physique optimale à souligner, mais aussi grâce à son jeu, à son allant offensif, à son positionnement tactique et à sa faculté à marquer vite et faire le break ensuite. Mettre au repos quelques cadres dès ce soir, c’est un luxe qui permettra d’aborder la suite de la compète dans les meilleures conditions. Voilà où en est ce jeudi matin avant de boucler la phase des poules. Tous les voyants sont au vert, enthousiasme compris. On en est même à guetter le premier petit faux pas (les Bleus menés au score, par exemple) pour les empêcher de s’installer dans une douce euphorie émolliente. On parierait presque que c’est aussi le souhait caché de DD…

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