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Drogba à la conquête de la Fédé ivoirienne
Retraité depuis un an, Didier Drogba vise la présidence de la Fédération ivoirienne de football (FIF), dont l’élection aura lieu l’année prochaine. La candidature de l’ancien capitaine des Éléphants est globalement bien perçue, alors que l’actuel numéro 1 de l’instance, Sidy Diallo, est critiqué par une partie des dirigeants de clubs.
Les 13 et 14 novembre dernier, les rendez-vous de Didier Drogba au Sofitel Hôtel Ivoire de Cocody, une banlieue plutôt chic d’Abidjan, ont au moins autant accaparé l’attention médiatique que la perspective du match Côte d’Ivoire-Niger, prévu le 16, et qualificatif pour la CAN 2021. Pendant deux jours, l’ancien attaquant de Marseille et Chelsea, 106 fois international ivoirien entre 2002 et 2014 et plusieurs fois capitaine des Éléphants, a rencontré des dirigeants des clubs de Ligue 1, Ligue 2 et Division 3, appelés à voter. « Il n’a pas fait le voyage à Abidjan pour rien. Drogba était là pour rencontrer ceux qui feront partie des votants pour l’élection, et leur exposer son programme. Drogba est un homme très occupé, dont l’agenda est minuté, on peut donc considérer que c’était une façon d’officialiser sa candidature, dont il est question depuis trois mois. Franchement, rien ne pourra être pire que ce que nous connaissons depuis des années avec Diallo » , explique le dirigeant d’un club professionnel.
« Le profil pour attirer des sponsors »
Retraité depuis un an, Drogba (41 ans) a livré quelques informations évidentes sur ses intentions. « Je veux enclencher un changement. Pas pour m’enrichir à la Fédération, car j’ai décidé de m’investir dans le football local. » L’allusion à l’enrichissement personnel, via les caisses de la FIF, n’a évidemment pas été balancée par hasard. Augustin Sidy Diallo, qui achève son deuxième mandat à la tête de l’instance, est accusé par ses détracteurs d’avoir mal utilisé l’argent récolté grâce aux différentes participations de la Côte d’Ivoire à la Coupe du monde en 2014 et à la Coupe d’Afrique des nations, qu’elle a notamment remportée en 2015. Plusieurs millions d’euros seraient sortis des caisses sans la moindre justification. « Normalement, cet argent aurait dû servir au football local. Or, rien n’est fait dans ce domaine. Il n’y a rien eu de fait, notamment pour les compétitions de jeunes. Et le niveau du championnat baisse et n’attire plus grand monde » , s’agace Alain Gouaméné, l’ancien gardien international champion d’Afrique en 1992 et président de l’Association des anciens footballeurs.
Gouaméné est donc plutôt emballé à l’idée de voir la candidature de Drogba se préciser. « Et je ne suis pas le seul ! Diallo est contesté par de nombreux présidents de club. Comment ne pas voir d’un œil favorable l’arrivée de Drogba ? Il a toujours fait en sorte de faire une bonne publicité à la Côte d’Ivoire dans le monde entier. Il a une grosse notoriété, et il a le profil pour attirer des sponsors et engendrer de nouvelles ressources. Pendant des années, la FIF s’est réfugiée derrière les bons résultats de la sélection nationale, mais là, ce n’est plus possible. Cela fait trop longtemps que rien n’est fait. Alors, il faudrait appartenir à un autre monde pour ne pas se satisfaire de voir un mec comme Drogba s’impliquer, d’autant plus qu’il ne sera pas seul. » Bonaventure Kalou, dont l’hypothèse d’une candidature à la présidence de la FIF avait circulé à la fin de l’été dernier, aurait finalement décidé de se rallier à son ancien coéquipier en sélection.
Drogba fait la tournée des popotes
Lors de ses rencontres avec une partie du corps électoral, Drogba a exposé son programme, basé sur cinq priorités : le cadre légal de la pratique du football, ses acteurs, les infrastructures, le développement de la médecine et le volet économique. Bien sûr, Drogba n’a pas que des partisans. Ainsi, Alexis Vagba, le président du prestigieux Africa Sport – que l’ex-attaquant n’a pas invité à sa petite sauterie abidjanaise – n’entend pas lui donner sa voix. Le dirigeant rappelle que Drogba est actionnaire du Williamsville Athletic Club (L1). Et que DD, selon plusieurs sources avancées par des médias ivoiriens, n’aurait pas levé le petit doigt quand l’Africa Sport l’avait sollicité pour obtenir une aide en vue d’un projet de développement.
Pour l’instant, l’actuel président n’a pas fait connaître ses intentions. Et au cas où Diallo décide de ne pas briguer un troisième mandat, le nom de Sory Diabaté, son fidèle vice-président, revient pour se lancer à son tour. « Diallo a toujours des appuis. Mais je ne vois pas l’intérêt de voter pour quelqu’un – Diabaté – qui a participé à cet immobilisme » , grince Gouaméné. Lequel avait collé une droite à Diabaté il y a quelques mois, après une émission radio où les deux hommes s’étaient balancé quelques vacheries. Au moins, on sait pour qui Gouaméné ne votera pas…
Par Alexis Billebault
Propos de Gouaméné recueillis par AB