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- FC Barcelone-Real Madrid (1-3)
Dragon Ball ZZ
Comme Son Goku et les héros de l'enfance qui squattent à jamais les recoins bénis de l'imagination de tout adulte à peu près fonctionnel, Zinédine Zidane est increvable. Preuve en est ce samedi, où le coach madrilène, annoncé en danger sur le banc du Real, a triomphé avec les siens d'un Barça impuissant en seconde mi-temps.
On ne sait pas si, jadis, Zinédine Zidane a invoqué le dragon Shenron, pour lui demander de lui octroyer une forme d’immortalité footballistique. La vraie vie a beau ne pas être aussi trépidante qu’un combat de Dragon Ball Z, celle de l’ex-meneur de jeu reste quoi qu’il arrive autrement plus funky qu’un épisode de Jeanne et Serge. Le Mondial 1998, l’Euro 2000 et la Coupe du monde 2006 sont loin, pourtant, mais ceux qui se sont émerveillés des prouesses de ZZ dans l’enfance puis l’adolescence – l’âge où l’on se forge ses premières idoles – entretiennent certainement un rapport d’autant plus sacralisé avec l’ex-numéro 10 des Bleus.
De fait, quatorze ans après son retrait des terrains, Zinédine Zidane est toujours là pour les accompagner et rien, absolument rien, ne semble capable de faire descendre ce bonhomme-là de son piédestal. Celui que les médias espagnols annonçaient en danger sur le banc d’un Real dernièrement fébrile en a fait une nouvelle démonstration ce samedi : la Maison-Blanche a dominé le Barça, et le Clásico a relancé sur la piste aux étoiles un type qui ne semble décidément pas près de s’écarter des sentiers de la gloire.
La force tranquille
Pour en arriver là, Zidane a fait du Zidane. Alors que le Real avait piteusement perdu face au Shakhtar Donetsk en C1 en milieu de semaine, il a fait son mea culpa tactique, en toute sobriété : « Je suis le responsable et je dois chercher des solutions. C’est ce que je vais essayer de faire… Je n’ai pas vu l’équipe comme je le voulais et quand tu ne vois pas l’équipe comme tu le veux, c’est de ta faute… Nous avons des matchs tous les trois jours, mais il n’y a aucune excuse. Je dois trouver ce qui nous amènera à redevenir forts et à gagner. »
Il est comme ça, ZZ. Un peu plat d’humilité hors du pré. Comme un super guerrier, c’est seulement quand la baston commence que son énergie commence à faire dérailler tous les indicateurs. Ses fans trentenaires, qui ont grandi devant le Club Dorothée, savent que péter des mâchoires et gagner les combats qui comptent n’est pas une affaire d’étalage rhétorique. Son Goku n’a pas mis KO Freezer en roulant des mécaniques. Mais simplement en dégageant plus de force que le disgracieux vilain. Celle qui anime Zidane n’a pas grand-chose à voir avec la concentration d’un Kamé Hamé Ha, mais elle se transmet à ses joueurs naturellement, en toute simplicité, avec une tranquillité dont l’évidence semble parfois frôler le surnaturel.
ZZ Top
Ce samedi, son Real, brillant en première mi-temps, a fait jeu égal avec un Barça tout aussi étincelant. Avant de contrôler avec malice un second acte facilité par la roublardise de Ramos, qui obtenait et transformait un penalty. La Maison-Blanche l’emportera finalement 3 buts à 1 et Zidane vainc une nouvelle fois dans un match aux allures de tournant pour sa carrière d’entraîneur. Celui qui a marqué aussi bien en finale de C1 que de Coupe du monde était déjà réputé quand il était joueur pour briller dans les grands moments. Comme coach, ZZ a semble-il exporté sa méthode : avec 3 C1 en poche, on ne l’avait auparavant jamais vu vraiment fragilisé au Real, le début de saison décevant des siens le mettant de facto face à une situation inédite, depuis qu’il avait découvert les joies du banc. Son succès dans le Clásico n’efface pas la qualité de jeu intermittente déployée par ses hommes, mais il achève de démontrer que son influence sur son groupe reste intacte. Et que, comme Son Goku, Nicky Larson et Olivier Atton, Zinédine Zidane ne perd jamais ou presque.
Par Adrien Candau