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Downliners Sekt : « La première fois que Jacquet a entendu parler d’Iniesta, c’était grâce à moi »

Matthieu Rostac
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Fabrice et Pere, qui composent le duo franco-espagnol Downliners Sekt, ont des choses à dire sur le foot barcelonais. Enfin, surtout Pere qui, au-delà d'être fan des deux équipes, arpente chaque week-end pour le travail les stades de Liga. Où il est question de la folie des antres basques, de l'inéquité des centres de formation et du syndrome d'Asperger de Messi.

Vous supportez qui ?

Fabrice : Je vais dire l’Italie parce que je suis né en Italie et je les ai vus gagner en 1982. Ça m’a marqué pour toute la vie. Donc azzuri, azzuri ! J’ai grandi dans cette culture, j’ai pratiqué le foot pendant longtemps, d’ailleurs. Bon, je me rappelle aussi du France-Allemagne à ce moment-là. J’ai ressenti la même frustration que tout le monde, je pense. Cette scène de violence dans un sport qui était censé représenter certaines valeurs. C’était traumatisant.Pere : C’est marrant parce que cette demi-finale, c’est un de mes meilleurs souvenirs de football. Je me rappelle être dans un camping à Majorque, j’ai cinq ans et je suis entouré d’Allemands et de Français. C’est un de mes premiers souvenirs de toute ma vie, en fait.
Et donc toi, Pere, tu supportes qui ?Pere : Je suis fan du Barça depuis toujours. Mais je suis un cas un peu spécial parce que je suis supporter du Barça et de l’Espanyol Barcelone en même temps. Il y a deux cas connus dans le monde : mon père et moi ! (rires) Bon, je dois avouer que je suis plus supporter du Barça. Mais je kiffe trop l’Espanyol.

Comment c’est possible ?

Pere : Le Barça, j’ai pas choisi. Je ne me rappelle pas d’avoir dit un jour que ça y est, j’allais supporter le Barça. C’est génétique, c’est ma famille. Et l’Espanyol, c’est plus parce que j’aime l’esprit des clubs un peu losers, les underdogs, et je me suis accroché à ce club via mes potes qui sont très fans. C’est un peu une anomalie, je sais, parce que tu ne peux pas être supporter des deux. Mais bon, c’est comme ça. L’Espanyol, c’est un club qui n’a jamais eu de stabilité, mais qui, depuis quelques années, fait un vrai travail de formation. De plus en plus de familles choisissent d’emmener leurs enfants à l’Espanyol parce qu’à la Masia, on forme des joueurs pour jouer comme le Barça. Et derrière, s’ils ne s’imposent pas au Barça, ils ont du mal à faire une carrière ailleurs. Alors qu’à l’Espanyol, tu peux jouer ailleurs. La formation, c’est leur seul moyen de survivre. Ils ont perdu trop d’argent dans les années 80-90 avec un président qui s’appelait Julio Pardo. Il a fait du business horrible et ils ont été obligés de revendre l’Estadi de Sarrià, là où s’étaient joués les matchs de la Coupe du monde 1982, notamment ceux du Brésil. Ils ont eu une longue traversée du désert. Là, ils ne peuvent pas dépenser, mais ils s’en sortent. Pour te donner un exemple, en tant qu’ingénieur du son pour les matchs de Liga, quand je fais un match du Barça, il y a cent mille spectateurs et personne ne crie, donc c’est très facile de prendre ton son. Alors que tu vas au stade de l’Espanyol, ils sont vingt mille, mais laisse tomber… C’est un peu à l’ancienne, avec une architecture à l’anglaise. Cette année, j’aime trop l’entraîneur, Aguirre, le Mexicain. L’année dernière, il les a sauvés, c’était un miracle. Relégables à l’époque de Pochettino, Aguirre arrive et ils se sauvent tranquilles. Mais le problème avec l’Espanyol, c’est que dès que la presse commence à parler d’Europa League, ils se ramassent. Donc la tradition, c’est de ne pas en parler, il y a une malédiction. Mais ils ont beaucoup de mérite à exister à côté du Barça parce que le Barça est un monstre.

Tu as été ingé son pour la chaîne du Barça : t’as dû côtoyer des joueurs ?

Pere : Ouais, j’ai plus côtoyé des joueurs pendant l’époque de merde du Barça : Kluivert, Saviola, Rivaldo. Celle de Rexach, Antić, la deuxième période de Van Gaal. J’ai vécu un peu le début de toute la nouvelle génération en place. Je me rappelle très bien d’Iniesta parce que pour la chaîne du Barça, on s’occupait même des matchs des juniors, etc. Je me souviens de lui quand il est arrivé au club, à neuf ans. Il était tout petit, super timide. Mais quand il jouait, c’était autre chose. Puyol, Xavi, Iniesta, ce sont des nerds et c’est de là qu’ils tiennent leur succès, je pense. Tu les sors du foot, ils sont un peu asociaux.Fabrice : Surtout Messi !Pere : Ouais, absolument. Ils ne sont pas comme Ronaldinho, ils ne sortent pas, ils ne font pas la fête et du coup, leurs carrières sont super longues. Ils n’ont jamais eu de vices. Messi, il a un peu le syndrome d’Asperger. Je l’ai croisé une ou deux fois dans les couloirs à la sortie des entraînements et c’est limite lui qui te dit bonjour et pas l’inverse, un peu gêné, etc. Alors que c’est Dieu, quoi !

Il paraît que tu as une belle anecdote au sujet d’Iniesta, Pere ?

Pere : Ouais. Les dernières années que j’ai passées à Paris, j’ai notamment bossé pour Canal+. Je voyageais avec Alex Ruiz et un consultant. On allait au Camp Nou, à Bernabéu, à Mestalla. Ça pouvait être Paul Le Guen, Raynald Denoueix ou, parfois, Aimé Jacquet. La première fois qu’Aimé Jacquet a entendu parler d’Iniesta, c’était grâce à moi ! On était en train de bouffer autour d’une table, Frank Rijkaard commençait à le faire jouer et Jacquet ne le connaissait pas du tout. Mais bon, j’ai préféré Raynald Denoueix : il était super cool, super intéressant. On partait un week-end entier à Madrid et on ne parlait que de foot. La saison qu’il a faite avec la Real Sociedad, c’était incroyable. Ils se sont chiés à la fin, mais ils ont quand même terminé deuxièmes.

Toi qui as vu pas mal de stades espagnols, lequel est le plus fou ?

Pere : Il y a un stade qui est hallucinant, c’est celui d’Osasuna, El Sadar. J’ai fait pas mal de matchs Osasuna-Real Madrid et Osasuna-Barça. C’est infernal. Tu peux rien faire, les gens sont fous. Ils ont été obligés de protéger les cadreurs parce que les fans leur crachent dessus, leur jettent des trucs. C’est une tradition un peu bourrine. Comme l’ancien San Mamés. Tu entrais là-dedans, tout le monde fumait, ça sentait à mort la beuh. C’est drôle parce qu’alors qu’on est à la mode des stades aseptisés, les stades basques – à l’exception de la Real Sociedad parce qu’Anoeta est un gros stade – gardent cette identité.

Pour finir, votre meilleur souvenir de football ?

Fabrice : Mon oncle m’avait emmené voir un match de la Sampdoria de Gênes au milieu des années 80. En face, il y avait Zico. Incroyable. Ne serait-ce que par le public qui portait l’équipe… Mais mon souvenir le plus dingue, c’est quand je jouais dans une petite équipe à Perpignan, l’ASCOBAS. Comme on était une équipe catalane, on avait le maillot du Barça. Lors d’un match, le seul terrain libre était celui d’un asile psychiatrique. C’était un truc de malade… Et j’ai fait le match de ma vie. Mais il y avait une sorte de gêne qui s’instaurait parce que les patients commençaient à se rameuter. Encore une fois, c’était traumatisant. Quand j’étais gamin, je voulais vraiment faire carrière dans le foot ! Donc j’ai aussi joué dans une petite équipe italienne. Et mon père me disait : « Si tu marques, je te donne 20 000 lires ! » À l’époque, ça valait dix euros, le truc. Et je peux te dire qu’il faisait la gueule quand je marquais trois buts ! Pere : C’était le père à Neymar, en fait ! (rires) Fabrice : En Italie, tu sentais que dès les équipes de jeunes, l’encadrement était très sérieux. C’était vital pour eux. Ils m’appelaient Platini à l’époque, vu que j’étais français. « Oh Michel ! Oh Michel ! Cassez-lui les jambes à Michel ! » (rires) Pere : J’ai un peu ressenti la même chose au Barça parce que mon petit cousin a été pendant trois ans à la Masia à la période d’Iniesta, Valdés, etc. Il s’est fait éjecter à quinze ans. C’était horrible, atroce, la façon dont les parents de joueurs mettaient la pression sur l’entraîneur, sur l’arbitre. Au Barça, il y avait beaucoup d’influence de la part de certains parents. Mon petit cousin ne jouait pas parce qu’il ne connaissait personne et que le mec à sa place était le fils d’un influent parent. Sinon, pour revenir à mes souvenirs de football, je suis plus dans une position de spectateur. Bien sûr, je me rappelle l’époque de la Dream Team de Cruyff. Jusqu’en 1994/95/96. Quand t’es adolescent, c’est le meilleur moment pour toi. Il a changé l’histoire du Barça. Mais si je devais choisir un seul match, je dirais la finale de Paris, en 2006 : Arsenal-Barça. Surtout les quinze dernières minutes. Un match-clé pour le Barça qui a commencé super mal : ça commençait à devenir épique, il s’est mis à pleuvoir, on s’est pris un but. Ça sentait le coup du « On est favoris, mais on va perdre » comme à Séville en 1986. J’ai halluciné quand j’ai vu comme le match a changé d’un coup : le but d’Eto’o, celui de Belletti ensuite et on gagne la Coupe d’Europe. J’habitais à Paris à l’époque et le lendemain, je déménageais pour Barcelone. C’était symbolique. J’avais presque l’impression de ramener personnellement la Coupe à Barcelone !
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Le nouvel album de Downliners Sekt, Silent Ascent, sortira le 7 avril chez InFiné Le Facebook de Downliners Sekt Le site de Downliners Sekt

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