- C1 – 8e – Real Madrid/CSKA Moscou
Doumbia 1, Destin 0
Débarqué de nulle part ou presque, Seydou Doumbia est devenu en une poignée de saisons en Europe un attaquant ultra coté. Il faut dire que l’international ivoirien de 24 ans a tout pour lui : adresse face au but, rapidité, spontanéité, instinct… Des grands d’Europe lui font déjà les yeux doux. A raison.
Comme c’est souvent le cas, le site web officiel de Seydou Doumbia ne permet pas d’apprendre grand-chose du bonhomme. Une info retient néanmoins l’attention : Stamford Bridge est le stade où il aimerait un jour évoluer. Alors que la carrière à Chelsea de son « grand frère » Didier Drogba commence à sentir le sapin, les dirigeants londoniens seraient bien inspirés de saisir le message. Le successeur de l’Ivoirien pourrait bien être ivoirien lui aussi et évoluer en ce moment sous les couleurs du CSKA Moscou.
Récupéré en D2 japonaise
Avec son modeste 1,78 m, Seydou Doumbia n’a pourtant rien d’un clone de l’ancien Marseillais. Il n’en est pas moins furieusement bon, possédant toute la palette de l’attaquant moderne : à la fois rapide et adroit balle au pied, lucide et instinctif, spontané, bon au duel et doté d’une vitesse d’exécution phénoménale… N’en jetez plus. Depuis son arrivée en Europe il y a quatre ans, le garçon tourne quasiment à un but par match. Il revient pourtant de très loin, le natif de Yamoussoukro, né le dernier jour de l’année 1987. Passé par l’Académie Jean-Marc Guillou, meilleur buteur du championnat ivoirien à 17 ans, il décide de saisir la première opportunité qui lui est présentée de quitter le pays et se retrouve au… Japon, engagé par Kashiwa Reysol. Pas franchement la rampe de lancement rêvée… Le champion en titre de la J-League le prête même en 2008 dans un club de D2 où, l’espace d’une demi-saison, il en profite pour refaire parler ses talents de buteurs.
Parfois aligné en milieu offensif, c’est en pointe qu’il s’exprime définitivement le mieux. Et c’est pour évoluer à ce poste que le club suisse des Young Boys de Berne, orphelin de son meilleur buteur Hakan Yakin, l’engage à l’été 2008. Son entraîneur d’alors, Vladimir Petković, a la sagesse de le laisser s’acclimater patiemment. Il passe quasiment toute la première saison sur le banc, dans un rôle de joker offensif. Ça paye, puisqu’en 32 matchs de championnat disputés mais seulement 8 titularisations, l’éléphanteau inscrit 20 buts et réalise 10 passes décisives. Son ratio est affolant : un but toutes les 69 minutes ! Il gagne ainsi forcément ses galons de titulaire la saison suivante, qu’il achève avec un bilan de 30 buts en 32 rencontres de Super League suisse. Dès le mercato d’hiver 2010, il s’engage avec le CSKA Moscou, qu’il rejoint l’été suivant.
Boudé en sélection
Quelques clubs de Ligue 1 s’étaient montrés intéressés (Saint-Etienne et Rennes notamment), mais ils n’ont pas pu s’aligner sur les 11 millions d’euros payés par la formation russe. Depuis son arrivée sur place, Seydou Doumbia justifie le montant de son transfert et continue de soigner ses stats : 30 buts inscrits en 43 matchs de championnat, 7 buts en 7 matchs de Ligue Europa et 5 buts en 6 matchs de Ligue des Champions, pour ses grands débuts dans la reine des compétitions. Elu meilleur joueur de Russie 2011, le garçon est une star en Russie, où il dispose d’une équipe à son service, avec Alan Dzagoev en pourvoyeur numéro un d’offrandes et le concurrent d’attaque Vágner Love reparti au Brésil.
Dans ce tableau quasi parfait, il n’y a finalement qu’une ombre : son rapport avec la sélection ivoirienne. Barré par l’intouchable Drogba, il n’a même pas été utilisé comme joker durant la dernière CAN, le sélectionneur François Zahoui lui préférant Wilfried Bony, le buteur du Vitesse Arnhem. Revenu frustré d’Afrique, il a peiné à retrouver son niveau de 2011, mais il vient de scorer ce week-end lors du derby moscovite entre le CSKA et le Dinamo (1-1). Un réveil juste à temps avant d’affronter Madrid ce soir, l’occasion de se montrer une nouvelle fois à l’échelle européenne et de continuer à faire évoluer sa carrière à un rythme exponentiel.
Par Régis Delanoë