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Doucement, Cornet n’a que vingt ans
Cible de nombreuses critiques dès qu’il rate un match, Maxwel Cornet représente une proie facile pour les supporters et les médias. Mais le jeune Lyonnais est solide mentalement et devrait sortir grandi de cette période difficile. Parce qu’il a le temps et les capacités pour.
Jeudi, en découvrant les compositions d’équipe une heure avant le huitième de finale retour de Ligue Europa contre la Roma, la majorité des supporters lyonnais n’étaient déjà pas très heureux du choix de Bruno Génésio. Maxwel Cornet plutôt que Nabil Fekir ? Encore ? 90 minutes plus tard, les doutes et les critiques avaient gonflé comme un ventre qui viendrait de subir une soirée raclette-tartiflette-croustiflette. Il faut dire que le Lyonnais venait de sortir une performance aussi dégueulasse qu’une bouteille de Villageoise. Jérémy Morel a par exemple vu son centre en retrait être totalement gâché, avant d’observer son camarade gaspiller un contre en fin de partie qui aurait permis de libérer les Gones s’il avait été mieux exploité. Pas grave, l’OL s’est qualifié. Mais la prestation de l’attaquant a énervé. Car ce n’est pas la première fois.
Un mental qui ne flanche pas
Alors, peut-on se permettre d’être virulent à l’égard de Cornet ? Après tout, l’Ivoirien évolue dans un club aux ambitions élevées et qui participe aux compétitions européennes chaque saison. Mais sans s’empêcher de remettre en cause son rendement, il ne faudrait pas oublier que le bonhomme n’est âgé que de vingt petites années et que ses progrès ne verront le jour que si on lui accorde un minimum de patience. À moins qu’il sache se nourrir de ces reproches sévères pour avancer ? C’est l’avis de Patrick Gonfalone, l’ancien sélectionneur de Cornet en équipe de France U19, qui se souvient de « quelqu’un d’assez costaud dans la tête. J’en veux pour preuve sa période noire à Metz où on l’avait mis au placard pour une histoire de contrat. Il avait décidé de tenir tête, quitte à ne pas jouer. Moi, je le prenais quand même dans mon groupe et il était hyper performant dans mon équipe. Et quand je discutais avec lui, j’étais agréablement surpris d’avoir devant moi un garçon qui faisait face malgré cette période délicate. »
Sauf qu’aujourd’hui, celui qui a intégré toutes les catégories de jeunes des Bleus n’est plus en Moselle, mais à Lyon. Une équipe beaucoup plus exposée médiatiquement, et où les moindres gestes des joueurs offensifs sont décryptés. Raison pour laquelle l’étape est plus haute que lors de son passage à Metz. « Il est dans un contexte plus exigeant, où l’aspect médiatique autour de lui est beaucoup plus important, confirme son ex-coach. Il faut donc qu’il mûrisse par rapport à tout ça, car ça reste un jeune joueur. Mais tous les attaquants connaissent des coups de moins bien de ce genre. Pour différentes raisons, Alexandre Lacazette ou Fekir ont également eu leurs soucis. » D’autant que Cornet n’a pas montré que des mauvaises choses depuis son arrivée en 2015. Avec huit buts inscrits en seize titularisations, sa saison dernière a installé quelques promesses dans le sud-est de l’Hexagone, comme le note Gonfalone : « Ce n’est pas donné à tout le monde de jouer à ce niveau-là à vingt ans, et il ne faut pas oublier ses performances précédentes très satisfaisantes. »
L’utilité de la souffrance
Aussi cruelles soient les moqueries, aussi décevant soit son apport, le petit Maxwell a en tout cas tout intérêt à prendre ce moment compliqué comme un défi à surpasser, afin que sa carrière prenne un nouvel élan. Dès lors, sa croissance footballistique pourra continuer. C’est ce que pense Gonfalone, qui n’a aucun doute sur le rebond d’un joueur qu’il apprécie particulièrement : « Il a encore tout à prouver au haut niveau. Ce que je veux dire, c’est que des moments comme ça doivent lui permettre de le faire grandir. Cette épreuve est très formatrice et très riche pour lui. Il faut qu’il utilise le manque de patience à son égard et le surplus d’exigence demandé comme des obstacles qui le rendront meilleur. Mais il n’y a pas de souci, il en est capable. On sait que tout revient par la simplicité. C’est comme un musicien, il faut revoir ses gammes pour mieux repartir. D’autant qu’il est très bien entouré. Vraiment, il a toutes les ressources pour revenir à son meilleur niveau et se parfaire. » À vingt ans, il a bien plus que le temps.
Par Florian Cadu
Tous propos recueillis par FC