- C1
- Quarts
- Barcelone-PSG (1-4)
Mbappé, un joueur à part
Kylian Mbappé était attendu après sa prestation fantomatique du match aller. Il a réussi sur le papier à remplir son contrat de "grand joueur" en inscrivant deux buts au Barça. Mais sur le terrain, il apparaît surtout de plus en plus étranger au cœur du jeu parisien, qui battait dans les pieds de Barcola et Dembélé.
Le post Instagram de l’attaquant parisien était attendu. Cette fois, le commentaire en dessous s’avérait parfait en matière de communication après cet inespéré retournement de situation qui permet au PSG d’accéder aux demi-finales de la C1 (un exploit sur lequel peu pariaient après une phase de poules très décevante). Sauf que l’image illustre également son statut actuel, ou plutôt comment il se voit au sein de l’effectif. Il célèbre seul un but et sur la seconde photo, il fête la victoire en l’unique compagnie de son pote Hakimi qui a le privilège d’être dans le cadre.
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Tout est dit finalement. Kylian Mbappé évolue effectivement toujours au PSG. Son club réalise un inespéré parcours européen, qui pourrait très bien aboutir à une seconde finale pour lui, le Borussia Dortmund restant à la portée des hommes de Luis Enrique (ce qui n’implique en rien que l’affaire soit déjà conclue). Toutefois, alors que son départ est annoncé, sa légende s’écrit en solitaire, et surtout dans le suivi de ses stats.
Un doublé en trompe-l’œil
Mardi soir, si l’on excepte l’exclusion de Ronald Araújo qui a clairement transformé la rencontre, la révolte parisienne a été menée par ses ailiers Dembélé et Barcola (qui provoque d’ailleurs le carton rouge), de Dembélé, coordonnée par Vitinha et assurée par un Marquinhos XXL. Certes la seule présence du capitaine des Bleus pouvait contraindre la défense adverse. Cependant, sur la pelouse de Montjuïc, son impact a été pour le moins discret, voire parfois invisible. Les deux buts ne sont pas son œuvre au sens tactique (un penalty et un ballon qui lui revient de manière assez opportune dans les pieds après avoir échoué une première fois sur Ter Stegen.) Autrefois, tout semblait découler de son rôle décisif, souvent auréolé de la gloire du sauveur. Depuis quelques matchs, il n’est plus ni flamboyant ni serein. Son doublé camoufle ce constat. Il a été certes, à l’image du reste de l’équipe, bien meilleur qu’au Parc des Princes, il serait néanmoins malhonnête d’en faire l’artisan de ce miracle.
Il a dû certainement le comprendre de lui-même ou s’y résigner. Luis Enrique compose désormais des onze types qui ne reposent pas uniquement sur l’espoir d’un deus ex machina venant de Bondy. Durant cette première mi-temps qui aurait pu tourner au cauchemar, l’âme du PSG portrait les traits de Bradley Barcola, recruté à l’OL, puis de Vitinha, tant le Portugais a réussi à se mettre dans la poche tous les sceptiques. Même Donnarumma a réussi à effacer ses erreurs du match aller pour assurer l’essentiel face à Lewandowski, et écarter le spectre d’une prolongation anxiogène.
Soigner la sortie
Quelle suite dorénavant ? En Ligue 1, le banc risque de devenir la loge VIP du futur Madrilène, tant le titre est déjà joué, sans parler du faux pas de Brest à Lyon, et sans parler du moral au beau fixe des Parisiens après leur triomphe en Catalogne. La finale de la Coupe de France lui offrira un dernier challenge national (peu de chance qu’il puisse disputer les JO à domicile), aura-t-il l’élégance de la respecter, surtout quand on sait la place qu’occupe cette compétition dans l’Hexagone et dans la jeune histoire du PSG ? Il lui reste surtout la perspective de remporter enfin une Ligue des champions, de soulever le trophée si longtemps inaccessible. Dans son projet personnel, ce sacre lui garantirait peut-être la stature de légende à laquelle il aspire clairement dans la capitale. Malgré tout, il ne s’agit plus d’un cadeau de départ que le petit génie tricolore déposerait, magnanime, dans une vitrine du côté de la Factory. Si l’issue devait être favorable aux Parisiens à Wembley, l’aventure aura été écrite par un collectif au sein duquel il n’aura cessé de se retrouver « à part », une sorte de ronin, parfois décisif, mais de moins en moins essentiel…
Par Nicolas Kssis-Martov