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Dossevi : « Et là, les supporters nous ont fait descendre du car… »

Propos recueillis par Florian Lefèvre
8 minutes
Dossevi : «<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>Et là, les supporters nous ont fait descendre du car&#8230;<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>»

Débarqué à Metz le dernier jour du mercato estival, Matthieu Dossevi, 29 ans, est l’éclaircie dans le ciel maussade du début de saison messin. Dans un tout autre genre qu’Ismaïla Sarr, sur l’aile, l’international togolais distribue des caviars. Prêté avec option d’achat par le Standard, l’homme revient en Ligue 1 mûri par ses expériences à l’étranger. Entretien.

Mercredi dernier, tu as marqué le but décisif en Coupe de la Ligue contre le Red Star (1-0). C’était la première victoire de la saison à domicile pour le FC Metz. Quel sentiment prédominait dans le vestiaire après le match ?Beaucoup de soulagement. Il y avait de la joie, mais, évidemment, vu le contexte et ce match contre Dijon qui nous a fait mal (défaite 1-2 à Saint-Symphorien, ndlr), on avait à cœur de faire bonne figure devant notre public. Ce n’était pas évident, mais ça nous a fait énormément de bien.

Tu t’es déclaré « revanchard » à ton arrivée à Metz cet été. Tu peux nous détailler ton état d’esprit à ce moment-là ? Non, je n’étais pas revanchard, c’est plutôt la presse qui parlait de ça. Par rapport à Metz, je n’étais pas revanchard. À Liège, j’avais dit que j’étais revanchard parce que j’aurais voulu gommer la mauvaise saison que j’avais faite avant. Mais dès l’instant où je suis parti, je me projetais vers une nouvelle aventure, une nouvelle expérience.

De par ton message posté le jour de ton départ, on sent que tu es attaché au Standard, auquel tu appartiens toujours…J’ai reçu énormément de soutien pendant deux saisons. Les supporters ont été très présents. Ils m’ont lâché des petits mots, sur les réseaux sociaux ou dans la rue. Évidemment, il n’y a pas que ça, mais la grande majorité, si. Et c’est toujours difficile de quitter les coéquipiers et les personnes du club sans dire un mot, parce qu’à ce moment-là, j’étais en sélection avec le Togo. Donc, c’est ma façon de leur exprimer ma reconnaissance.

Avant de partir, Je voulais, d’une façon simple et chaleureuse, vous remercier. Vous remercier toutes et tous, pour votre accueil chaleureux dès mes premieres minutes à Sclessin, pour vos encouragements et vos nombreux témoignages d’affection tout au long de ces deux années passées. Que ce soit les joueurs, les entraîneurs, les staffs, ou les supporters, j’ai fait de magnifiques rencontres qui m’auront marqué et m’auront bonifié en tant que joueur et surtout en tant qu’homme. J’emporte avec moi, beaucoup de bons moments et de moins bons, mais cela fait partie d’un tout qui m’aura fait véritablement grandir. 3 souvenirs précieux resteront gravés dans ma memoire ; le premier avec cette victoire 3-2 à Charleroi dans un contexte tres compliqué, avec ce but dans les toutes dernières minutes, de ce derby tres chaud. Ascenseur émotionnel garanti. Quel match et quel bonheur. Le second sera bien entendu cette victoire en finale de coupe, face a Bruges, là aussi sur un but en fin de partie avec une superbe communion avec nos supporters après ce match. Une délivrance, pour tout un club, qui aura été soudé jusqu’au bout. Le dernier sera plus personnel avec la naissance de mon fils, qui nous lie, ma famille et moi, à jamais avec cette belle ville de Liège. J’ai essayé d’honorer du mieux que je puisse faire ce maillot et je mesure la chance que j’ai eue de pouvoir le porter ; je continuerai de suivre les résultats du club avec passion. Encore un grand merci a tous et à en voir vos nombreux messages, je sais au fond de moi que j’aurai laissé une trace positive de mon passage a vos cotés. Un Rouche

Une publication partagée par matthieudossevi (@matthieudossevi) le 31 Août 2017 à 10h15 PDT

Il y a presque dix ans, tu débutais en Ligue 1 au MUC 72 avec Anthony Le Tallec, Gervinho, Mathieu Coutadeur… Que retiens-tu de ces années au Mans ?De la joie. Ce sont mes premiers pas dans le monde professionnel. Mes premiers matchs, mes premières sensations. Un sentiment vraiment particulier que l’on n’a plus maintenant. Avec les années qui passent, on n’est plus fasciné, on n’a plus les grands yeux comme au début. Étant jeune, à chaque fois que tu te déplaces dans un stade, tu es toujours un peu impressionné. Il y avait un match de gala cet été avec les anciens du Mans, c’était sympa. Mais à part avec Anthony Le Tallec, je n’ai plus trop gardé de contact. On se croise parfois sur les terrains.

Les entraîneurs me demandaient : « Ce week-end, on va tomber sur le Matthieu qui est virevoltant et percutant ou le Matthieu qui va s’oublier et perdre des ballons ? »

Qu’est-ce que ça t’a fait de voir le club chuter jusqu’en DH ?Forcément, c’est triste de les voir végéter dans les divisions inférieures alors que le club avait tout pour continuer en Ligue 1 dans la durée. J’ai fait partie du centre de formation, de ceux qui ont vu le club grandir. Y a largement de quoi faire pour revenir au plus haut niveau.

Après Le Mans, il y a eu Valenciennes, puis l’Olympiakos et le Standard. En quoi as-tu progressé depuis ton départ de VA en 2014 ? J’ai plus de maturité et d’assurance. Ce sont les deux qualités qui m’ont souvent fait défaut dans ma carrière. Je pense que ces aventures étrangères m’ont permis de me responsabiliser un peu plus et d’être plus confiant dans mes qualités. Avant, les entraîneurs me demandaient : « Ce week-end, on va tomber sur le Matthieu qui est virevoltant et percutant ou le Matthieu qui va s’oublier et perdre des ballons ? » Cette maturité et cette assurance m’ont permis d’être plus serein dans mon jeu.

Tu t’en rendais compte par toi-même quand les entraîneurs te faisaient ces remarques ?Je m’en rendais compte. C’est clair, j’avais les qualités pour peut-être faire mieux dans ma carrière. C’est cette irrégularité qui m’a empêché d’aller plus haut. Après, je ne regrette rien.

En Grèce, à quoi as-tu été confronté ? Qu’est-ce qui t’a fait grandir ?Tu changes de dimension. Quand j’arrive de Valenciennes à l’été 2014, on part tout de suite en stage aux États-Unis. En Ligue 1, j’avais l’habitude de jouer les matchs au charbon pour le maintien. Les matchs de gala, c’étaient Paris et Marseille. Là, en pré-saison, tu joues contre Liverpool, l’AC Milan, Manchester City… Après, tu reviens, tu joues un match amical contre le Fenerbahçe. Tu commences le championnat, il y a de grosses ambiances, le derby contre le Pana… Tu es dans un vestiaire où, évidemment, on parle moins français, il faut prendre ses marques. C’est une ambiance beaucoup plus individualiste. Il faut te responsabiliser tout de suite, il faut s’imposer.

Tu as une anecdote sur la ferveur du derby contre le Pana ?À l’aller, on a gagné chez nous, au retour, on a perdu là-bas. En revenant du stade, nos supporters nous attendaient à l’entrée de notre centre d’entraînement. Et là, ils nous ont fait descendre du car pour nous faire comprendre que la défaite ne leur avait pas plu. Et pourtant, on devait être premiers avec environ huit points d’avance. (L’Olympiakos terminera champion avec douze points d’avance sur le Pana, ndlr.) Ce qui est bien, quand tu es étranger, c’est que tu ne comprends pas forcément mot pour mot ce qu’ils disent. Ils étaient une bonne soixantaine, ils nous avaient bien conspués… Que ce soit le président ou tous les employés du club, tout le monde ne vit que pour l’Olympiakos. Tu te balades à Athènes, les gens te parlent de tes performances ou des matchs qui vont arriver. Au restaurant, c’est pareil. C’est leur vie.

J’espère être celui qui fera passer la barre des dix buts à Nolan Roux !

Tu évoquais une ambiance plus individualiste dans le groupe : qu’est-ce que ça changeait dans ton quotidien de footballeur ?J’avais quand même la chance de côtoyer une confrérie francophone : Sambou Yatabaré, Éric Abidal, Delvin N’Dinga, Arthur Masuaku… Mais on sentait dans le vestiaire que tout le monde se regardait, chacun voulait jouer. Tu ne retrouvais pas cette osmose de groupe comme à Valenciennes ou au Mans. Tu n’étais pas pote avec tout le monde. Est-ce que c’est ce qui m’a poussé à partir ? Non, je serais bien resté, mais les dirigeants de l’Olympiakos m’ont fait comprendre qu’il fallait que je parte et je suis parti au Standard.

Venons-en au FC Metz. Le club est dernier de Ligue 1 avec trois points pris en dix journées. Philippe Hinschberger a été limogé après la défaite contre Dijon. C’était pesant de savoir qu’un ultimatum fixé par le président pesait sur le coach ?On ne se concentrait pas là-dessus, ça n’affectait pas le groupe. Je pense que tout le monde appréciait le coach, il n’y avait aucune animosité envers lui. C’est un ensemble de choses. Malheureusement, la dynamique collective n’est pas bonne et l’adversaire prend confiance. Contre Dijon, on n’a pas vu des joueurs qui lâchaient sur le terrain. Maintenant, on est dans l’attente de l’arrivée d’un nouvel entraîneur (interview réalisée avant la signature de Frédéric Hantz, ndlr).

Cette semaine, quels étaient les mots de José Pinot ?De rester solidaires et le plus positifs possible, même si on sait que c’est une situation compliquée. On l’a fait mercredi, on a montré de la combativité, c’est ce qu’il voulait. Il va falloir continuer ainsi.

Tu as déjà délivré quatre passes en six matchs de Ligue 1. Est-ce que tu vas être celui qui va permettre à Nolan Roux de passer pour la première fois la barre des dix buts en Ligue 1 ?Je l’espère ! C’est tout ce que je peux lui souhaiter et nous souhaiter. Moi, si je peux l’aider d’une façon ou d’une autre, je ferai tout pour.

Dans cet article :
Annecy et Metz se quittent sans but
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Propos recueillis par Florian Lefèvre

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