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Dortmund-Bayern, le plaisir retrouvé
Pour la première fois depuis 2012, le Borussia Dortmund reçoit le Bayern en étant devant son adversaire au classement. Ce samedi (18h30), le Rekordmeister débarque au Westfalenstadion dans une posture qu’il n’a pas connue depuis longtemps : celle du challenger. Tant mieux pour le spectacle.
11 avril 2012. Il est 21h17 lorsque Robert Lewandowski dévie la frappe de Kevin Großkreutz et trompe Manuel Neuer en inscrivant le seul but du Topspiel. Quatre semaines plus tard, les hommes de Jürgen Klopp sont sacrés champions d’Allemagne. À l’époque, Lewandowski et Hummels étaient encore des Schwarzgelben, et Mario Gómez jouait le rôle du numéro 9 d’un Bayern dont l’emblématique capitaine s’appelait Philipp Lahm. Tout ça, c’était il y a six ans. Une éternité ? Oui, si l’on se base sur cette petite info anecdotique qui rappelle que le 11 avril 2012, c’est la dernière fois que le BvB recevait le Bayern en le devançant au classement. Depuis, le Rekordmeister n’a cessé de rouler sur la Bundesliga, écœurant saison après saison les aficionados de la compétition sportive concurrentielle. Autant dire que l’exercice actuel est à savourer, tant le classement actuel est inhabituel. Non seulement le Bayern ne débarque pas dans la Ruhr avec l’étiquette du favori collé sur le front, mais en plus, il ne peut même pas espérer repasser devant son concurrent en cas de victoire, puisqu’il accuse quatre points de retard sur le leader dortmunder.
Deux salles, deux ambiances
Il y a six ans, le trio Ribéry-Müller-Robben (pour ne nommer que lui) faisait déjà partie des meubles bavarois. En 2018, la situation est un peu moins mirifique. Le Bayern est devenu une équipe vieillissante et en manque d’inspiration. De plus, les difficultés rencontrées par Niko Kovač pour imposer sa patte (on pense notamment aux supposées pressions exercées par certains joueurs du vestiaire qui réclameraient son départ) n’aident en rien dans sa mission de rajeunissement de l’effectif. Évidemment, les longues blessures que connaissent Corentin Tolisso et Kingsley Coman sont autant d’épines dans le pied empêchant le Rekordmeister de se présenter sous son meilleur jour. Et c’est justement pour cela que Dortmund doit saisir sa chance.
Depuis l’arrivée de Lucien Favre, le BvB semble en effet avoir définitivement enterré la saison ratée lors de laquelle Peter Bosz et Peter Stöger s’étaient succédé sur le banc. Au contraire de Niko Kovač, Favre est un entraîneur âgé à la tête d’un groupe jeune. Mais son expérience lui confère un statut que d’aucuns qualifieraient de « paternel » , qui insuffle une bonne dose de confiance à un groupe qui brille dans tous les secteurs du jeu et particulièrement en attaque : déjà 30 buts marqués en dix journées (contre 18 pour le Bayern) dont six de Paco Alcácer qui s’est redécouvert une nouvelle jeunesse depuis sa signature en Allemagne. Exactement comme Marco Reus qui semble afficher le meilleur profil de sa carrière et sert de mentor sur le terrain aux jeunes pépites comme Jadon Sancho.
Une sacrée dose de fraîcheur aux antipodes de la peu enviable situation de Robert Lewandowski, lequel doit se demander ce qu’il continue de faire au Bayern après avoir milité un long moment pour s’envoler vers de nouveaux horizons. Lors de la dernière débâcle des Bavarois contre Fribourg (1-1), Niko Kovač n’avait même pas jugé utile de le remplacer par Sandro Wagner. Peut-être serait-il temps là aussi de se mettre en quête d’un successeur aux deux vétérans à la pointe de l’attaque.
Avantage Bayern ?
La pression est certes sur les épaules des visiteurs et de Niko Kovač, pas forcément installé dans un fauteuil très confortable et qui sait qu’un revers supplémentaire le pousserait un peu plus vers la sortie. Le BvB s’apprête donc à affronter un animal blessé qui ne fera sûrement pas dans la dentelle, tant pour l’honneur que la nécessité de recoller immédiatement au wagon de tête. Telle sera la principale difficulté des hommes de Lucien Favre : se remettre immédiatement en selle après la défaite subie face à l’Atlético (2-0) mardi dernier et ne pas trop se laisser griser par l’euphorie de la première place au classement. Autant de paramètres qui laissent penser qu’en dépit de l’inversion du rôle de favori, le match de samedi risque d’être âprement disputé de bout en bout tant il permettrait à son vainqueur de prendre l’ascendant psychologique jusqu’à la fin de l’année. Et c’est tant mieux pour le spectacle.
Par Julien Duez