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Dortmund-Bayern, le « classico » allemand, vraiment ?
Voilà des semaines que les médias s'enflamment sur ce choc entre le Borussia Dortmund et le Bayern Munich. Mais il serait déplacé de parler de « classico » à l'allemande. Ce serait faire une insulte à l'essence du football allemand, qui compte de nombreuses rivalités...
Bonne nouvelle pour la Bundesliga : le choc entre le Borussia Dortmund et le Bayern Munich va être retransmis dans 207 pays à travers le monde. Pas mal. D’autant plus que ce match est considéré par de nombreux médias (allemands et internationaux) comme étant le nouveau « Klassiker » allemand. Très bien. Sauf que c’est aller vite en besogne. Interrogé à ce sujet, Philipp Lahm avait rapidement calmé tout le monde: le Borussia est encore trop petit pour un Clásico. « Ce duel existe depuis des décennies en Espagne [entre le Real et le Barça]. Pour que ce duel existe vraiment, Dortmund doit lutter contre nous pour le titre pendant quelques années encore » . Boum. Remballez toutes les histoires possibles et imaginables pour vendre et survendre ce match, les véritables raisons n’existent pas. Du moins n’existent-elles pas encore.
Des rivalités partout ailleurs
Et puis, de toute façon, pourquoi devraient-elles exister ? Ce que fait Dortmund actuellement, il l’a déjà fait il y a un peu plus d’une quinzaine d’années. Auparavant, des équipes comme le Borussia Mönchengladbach, le Hambourg SV et le Werder Brême l’ont fait aussi : prendre le Bayern en chasse. Et à chaque fois, sur la durée, c’est le Rekordmeister qui s’est tiré d’affaire. Au fond, ce n’est pas plus mal comme ça. Car la vérité, c’est que ce soi-disant « Klassiker » est une insulte à ce qu’est véritablement l’essence du football allemand, à savoir une multitude de rivalités locales. On n’efface pas des siècles de principautés et le fédéralisme comme ça. Alors oui, plus le temps passe, et plus le Bayern devient l’équipe la plus détestée (et la plus aimée) d’Allemagne, et plus les stades se remplissent quand les Bavarois sont de passage. Mais ce qui compte avant tout, c’est ce qui se passe juste en bas, là, devant les yeux. Exemple simple : le Borussia Dortmund peut perdre contre le Bayern et par là le titre. Ce qui importera dès lors au peuple noir et jaune, c’est que le BVB batte deux fois (si possible) Schalke 04 dans le derby de la Ruhr et/ou finisse devant en fin de saison. De même, le Bayern a beau être ce qu’il est, il n’arrivera jamais à cristalliser les émotions à Hambourg autant qu’un HSV-Sankt Pauli. Car le football allemand est riche en rivalités de toutes sortes. Et un Dortmund-Bayern aura beau être suivi par des millions de personnes, il ne sera jamais aussi marquant (pour les gens concernés) qu’un Revierderby, qu’un Werder-HSV, un 1.FC Cologne-Fortuna Düsseldorf ou encore un Hanovre 96-Eintracht Braunschweig.
De « Spitzenspiel » (duel au sommet) à « Spritzenspiel » (duel de piqûres)
Ceci étant, il ne faut pas déconner : un match comme celui-là, ça ne se rate pas. On rappelle qu’il s’agit là des deux derniers finalistes de la Ligue des champions qui avaient tout bouffé sur leur passage. Et cette saison, le Bayern continue, à sa manière, de tout écrabouiller. C’est pas toujours joli, mais c’est très efficace. Quant au Borussia Dortmund, il est vrai que le club de la Ruhr connaît un creux depuis quelques semaines, mais il reste toujours redoutable à domicile. Hambourg (6-2) et Stuttgart (6-1) peuvent en témoigner. Et qu’importe si le BVB est en galère de défenseurs, qu’importe si Ribéry et Schweinsteiger manquent à l’appel, ce match, c’est celui de deux équipes qui proposent ce qui se fait de plus beau à l’échelle européenne. Et rien que pour voir l’accueil que va réserver la Südtribüne à Mario Götze pour son retour, ce match vaut le détour. Klassiker ou pas.
Par Ali Farhat