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Dória, l’humour vache
Depuis deux ans, il symbolise les errances de l'OM. Un recrutement non validé par l'entraîneur, un investissement à perte, et des qualités de défenseur qui restent à prouver. Au milieu de tous les paris marseillais, Dória fait presque figure de running gag. Mais la plaisanterie n'est pas pour le faire sourire.
Épisode 1 : je te veux, si tu veux de moi. Non ?
Dernières heures du mercato d’été 2014. Vincent Labrune n’est pas peu fier. « Dória, cela fait près d’un an et demi qu’on le suit. Il n’est pas connu du grand public, mais tous les recruteurs savent que c’est un grand espoir du football brésilien. » L’OM vient donc de choper le futur Thiago Silva. Marcelo Bielsa voit plutôt un Douglão potentiel et ne s’en cache pas dans une conférence de presse restée mythique. El Loco a décidé de chier dans les bottes de son N+1 et Dória sera son instrument. Jamais utilisé en équipe première, et donc huit millions d’euros directement mis à la cave, comme si les Olympiens pouvaient se le permettre.
Épisode 2 : CFA2 et retour à l’envoyeur
Dória doit faire ses preuves en réserve, avec l’autre Brésilien Alef, arrivé en prêt. Même avec les jeunes Olympiens, le central n’impressionne pas forcément. Vient alors l’opportunité de retourner au Brésil, histoire de se requinquer à São Paulo. Bien loin de Bielsa. Sur ses terres natales, le stoppeur laisse entendre qu’il aimerait rester après son prêt. Mais l’OM place l’option d’achat à 12 millions d’euros, ce qui fait cher pour un élément placardisé. Vingt matchs plus tard, les Paulistes ne se laissent pas pigeonner par Vincent Labrune, qui se retrouve avec sa « recrue phare » toujours sur les bras.
Épisode 3 : il n’explose pas à Grenade
Bielsa se barre après la première journée de championnat. A priori, le scénario idéal pour un Dória qui va enfin pouvoir montrer ses qualités. Si c’est un futur crack, le prochain entraîneur le verra. Mais Michel n’y croit pas plus qu’El Loco et laisse le Brésilien partir en prêt à Grenade. En Liga, il enchaîne cinq titularisations en un mois. Jusqu’à ce qu’il se prenne un rouge (deux cartons jaunes) contre le Sporting Gijón. Pas totalement rassurant, il ne revient plus dans le onze type et malgré un changement d’entraîneur en février, il ne dispute que trois matchs sur le premier semestre 2016. Si le Brésilien se positionne comme favorable à un séjour plus long en Espagne, Grenade ne donne pas suite. Comme São Paulo quelques mois plus tôt en gros…
Épisode 4 : titulaire par défaut
De retour à Marseille, il n’est plus assez sexy pour trouver preneur. Mais l’OM n’est plus assez clinquant non plus pour le jeter aux encombrants. Alors Franck Passi commence la saison avec Dória comme titulaire. L’occasion de se relancer, ou de s’enfoncer encore plus, car c’est possible. Contre Toulouse, son association avec le Slovaque Hubočan tient le choc. Pas très virulent, il faut dire. À Guingamp en revanche, pour la seconde journée, elle prend l’eau. Pas forcément aidée par l’ensemble du dispositif défensif marseillais. Le Brésilien n’est pas forcément coupable sur l’ouverture du score de Salibur – il est au marquage de son adversaire direct –, mais se fait démonter sur un contrôle orienté de Briand au quart d’heure de jeu. Merci Pelé, qui sort la parade qui va bien.
Mais sur le second but breton, de Sorbon, la situation de Dória symbolise bien l’état de cohésion dans le onze phocéen : le bordel total. Hubočan sur Sorbon, Briand oublié au point de penalty, quand l’ancien de Botafogo et Sakai marquent le même joueur au second poteau… L’Auriverde s’était dit « très heureux » au micro de beIN après la première journée contre Toulouse. Il a déjà commencé à déchanter.
La chute : le retour de Bielsa ?
Propulsé titulaire en charnière centrale au sein d’un mercato à l’arrache, avec un entraîneur par défaut, et un projet sportif incertain, Dória n’a peut-être pas encore bu le calice jusqu’à la lie. La dernière rumeur en date fait état d’un rachat du club – démenti par Margarita Louis-Dreyfus – par l’homme d’affaires Gérard Lopez. Avec Marcelo Bielsa dans ses bagages. Si les supporters olympiens pourraient se réjouir d’un renouveau à venir, Dória, lui, pourrait en rire de dépit…
Par Nicolas Jucha