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Donnons un Ballon d’or au collectif italien

Par Éric Maggiori
4 minutes
Donnons un Ballon d’or au collectif italien

L'Italie a donc gagné l'Euro, et cinq Italiens se sont classés dans le top 30 du Ballon d’or. Mais aucun ne soulèvera le globe doré. Et c'est finalement logique, puisque Roberto Mancini a basé son succès sur la force du collectif plus que sur les individualités.

Depuis Naples, où il s’est définitivement réinstallé après son départ de Chine, Fabio Cannavaro peut dormir sur ses deux oreilles. Quinze ans après son sacre, il demeure toujours le dernier Italien à avoir remporté un Ballon d’or, et par la même occasion le dernier défenseur (et l’on pourrait même ajouter, le dernier joueur à vocation non offensive). Cette année, plus que jamais depuis 2006, un Italien aurait pu rêver du globe doré. Parce que l’Italie a remporté une compétition majeure et que, la dernière fois que c’était arrivé, c’était justement le beau Fabio qui avait raflé la mise à la fin de l’année. Était-ce alors mérité ? Ou bien ce Ballon d’or avait-il seulement récompensé une Coupe du monde où il avait été monumental ? Quinze ans après, le débat reste ouvert. Mais ne changera rien de toute façon au verdict de 2021 : cinq Azzurridans le top 30, mais aucun qui gagne.

Quand le meilleur joueur est le collectif

Alors, oui, c’est vrai : aucun joueur italien n’a survolé le championnat d’Europe de bout en bout. Certains joueurs ont récité des partitions exceptionnelles (Spinazzola contre la Turquie, Locatelli contre la Suisse, Barella contre la Belgique, Chiellini contre l’Angleterre) sur certains matchs, mais pratiquement aucun n’a véritablement marché sur l’eau du premier au dernier match. Et c’est de toute façon ce que souhaitait Roberto Mancini : que le meilleur joueur de son équipe soit le collectif. Dès lors, Barella, Jorginho, Chiesa, Bonucci, Spinazzola, Donnarumma, Chiellini ont tous apporté une pierre à cet édifice. Tous indispensables, et à la fois tous remplaçables, à l’image de Locatelli, énorme sur les deux premiers matchs de poule, puis mis sur le banc dès le retour de Verratti. En fait, le Ballon d’or de cette équipe d’Italie victorieuse, c’est Roberto Mancini.

Le classement final du Ballon d’or respecte finalement pas mal ce que l’on a vu cet été : beaucoup de joueurs italiens brillants, mais aucun dont on se dira dans vingt ans : « Ah oui, lui, c’était l’homme de l’Italie 2021 », comme on peut aujourd’hui le dire de Paolo Rossi en 1982, de Toto Schillaci en 1990 ou de Roberto Baggio en 1994. Ainsi, Barella se classe 26e, Bonucci 14e, Chiellini 13e (toujours inséparables ces deux-là), Donnarumma 10e et Jorginho 3e. Là aussi, les débats peuvent être ouverts. Si Bonucci et Chiellini ont effectivement été impériaux pendant l’Euro, le reste de leur saison à la Juve a plutôt été chaotique. Chiellini, convalescent, n’a disputé que 17 matchs de Serie A sur l’ensemble de la saison, quand Bonucci a souvent été à la peine, avec une Juve qui a terminé seulement quatrième. À côté de ça, un joueur comme Barella a été excellent tout au long de la saison, et a largement participé au titre de champion d’Italie de l’Inter. Mais bon…

À deux tirs au but près ?

Le cas qui a en tout cas fait le plus réagir est celui de Jorginho. Le joueur de Chelsea termine donc troisième. Cela reste un petit évènement, puisqu’il est le premier joueur italien à terminer sur le podium depuis Cannavaro et Buffon en 2006. L’argument principal est qu’il est le seul joueur, en 2021, à avoir remporté la Ligue des champions (avec Chelsea) et l’Euro, en étant, dans les deux cas, l’une des pièces maîtresses de l’équipe. Est-ce un argument suffisamment solide pour décrocher le Ballon d’or en 2021 ? Cela aurait pu l’être en 2006, mais aujourd’hui, non. Et c’est aussi la preuve que les deux équipes dans lesquelles il a brillé, Chelsea et l’Italie, ont avant tout misé sur le « nous » plutôt que sur le « je ». Avec brio.

Peut-être aussi que Jorginho a manqué le coche. S’il avait marqué son tir au but contre l’Angleterre, le monde entier aurait retenu que c’était lui qui avait offert l’Euro à l’Italie, comme Grosso l’avait fait en 2006 avec son tir au but vainqueur contre la France. Toutes les photos de la victoire auraient été pour lui, l’image de la victoire azzurra aurait été la sienne. Dans l’imaginaire commun, cela aurait pu tout changer. Et puis, s’il avait marqué son penalty contre la Suisse en novembre, c’est aussi lui qui aurait qualifié l’Italie pour le Mondial 2022… Deux échecs qui, peut-être, ont pesé dans la balance au moment des votes…

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