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Don Vito Hilton
Aux oubliettes, les ennuis marseillais. Quelques mois après avoir quitté le Vieux Port avec une sale histoire de braquage en toile de fond, Vitorino Hilton est de retour au top avec Montpellier. Le sourire aux lèvres, le défenseur central connaît, à 34 ans, l’une des plus belles saisons de sa carrière.
Mardi 12 juillet 2011, dans la sombre nuit marseillaise, loin de New-York, loin de Corleone, loin de l’attention de Francis Ford-Coppola. Six braqueurs armés et cagoulés pénètrent dans une maison du 8ème arrondissement de la Cité Phocéenne pour faire trembler l’autre Don Vito, celui de Brasilia. La famille Hilton neutralisée, le patriarche assommé à coups de crosse, les malfaiteurs volent bijoux et liquidités avant de repartir dans un bolide : une Renault de location. En avaient-ils marre que ce bon Vitorino Hilton chauffe le banc de l’OM ? Peut-être. Le fait est que ce fait divers a eu le mérite de relancer la carrière de l’un des défenseurs centraux les plus techniques de France. En effet, l’ancien lensois, logiquement traumatisé après ce braquage, éblouit aujourd’hui les supporteurs montpelliérains. Quelques mois après son arrivée en terre héraultaise, Don Vito, 34 ans, a retrouvé le sourire, ses jambes de 20 ans et son rôle de parrain, dans un effectif aussi jeune que talentueux.
Le bain de jouvence montpelliérain
Autre exclu de l’Olympique de Marseille version Didier Deschamps, Garry Bocaly salue l’arrivée d’un joueur métamorphosé: « A Montpellier, c’est différent. Il arrive à l’entraînement avec la banane. Honnêtement, on dirait qu’il a 20 ans » . Quelques jours après avoir résilié son contrat avec l’OM, Vitorino Hilton, annoncé un peu partout en France, rebondit finalement à Montpellier, une équipe dont il savait « qu’elle avait mal terminé la saison dernière » . Acteur principal dans un remake de « Voyage en terre inconnue », le Brésilien n’a pourtant pas mis longtemps à s’adapter. « Quand il est arrivé ici, il ne savait pas vraiment où il mettait les pieds. Ca a été une très bonne surprise pour lui. Ici, l’ambiance est super bonne, son intégration s’est passée comme sur des roulettes » poursuit Bocaly. Adopté par ses jeunes coéquipiers, Vito s’est vite fait une place dans le onze de départ de René Girard.
Mis à l’aise par ses partenaires, Hilton « n’hésite pas à prendre la parole quand il sent que son équipe en a besoin » et affiche le niveau qui était le sien au RC Lens, aux côtés d’Adama Coulibaly. Associé au très prometteur Mapou Yanga-Mbiwa, Hilton se sait plus à l’aise aux côtés d’un costaud, et cela se voit sur le terrain : « A Lens, j’étais en défense avec Adama Coulibaly, qui était un défenseur plus costaud et plus physique que moi. Il me permettait d’être plus à l’aise techniquement. A Montpellier, je retrouve cela, et Mapou est même plus technique qu’Adama. Je me suis adapté à lui » . Résultat : 20 buts encaissés lors de ses 24 sorties sous le maillot héraultais, et une aisance technique, notamment à la relance, qui avait fait de lui un joueur courtisé, au moment de sa signature à l’OM. Un club sur lequel, bien aidé par la belle saison montpelliéraine, il a pu tirer un trait définitif.
« Montpellier, c’est le Brésil ! »
Car pendant que les supporters du MHSC, Louis Nicollin en tête, oublient Emir Spahic, Vito lui, s’émancipe de l’Olympique de Marseille, où il a vécu quelques saisons compliquées. Revanchard, Vito admet être « en train de montrer que s’il n’a pas joué à l’OM, c’était pas que l’entraîneur ne voulait pas » . Pas adopté par Didier Deschamps, le Brésilien a rangé l’OM dans la case « passé », et avoue « avoir fait le bon choix » sans jamais oublier de mettre une petite bastos quand l’occasion se présente. Elégant, comme toujours, Hilton confiera notamment au Parisien que « Montpellier, c’est le Brésil » et que « cela fait du bien de ne plus penser » à l’OM. Conscient de la situation qu’à pu vivre son coéquipier, Garry Bocaly donne sa version de l’histoire : « Tu sais, quand tu ne joues pas et que le football est ta passion, c’est difficile. Ici, il retrouve la joie de vivre. Il est excellent aux côtés de Mapou, mais tu sais, il a toujours été bon, c’est une question de contexte » .
Aujourd’hui, le vent a tourné et le contexte est favorable à Vitorino Hilton. Deuxième de Ligue 1 à un point du Paris Saint-Germain pendant que l’OM est à la ramasse, le Brésilien surpris, savoure : « C’est bien, parce que tout le monde disait que Marseille, Lyon et Paris étaient favoris pour le titre. Moi je suis arrivé à Montpellier dans une équipe qui avait mal fini la saison dernière, personne ne s’attendait à vivre la saison que l’on est en train de réaliser. Aujourd’hui je suis là, tant mieux, je fais partie de cette équipe ! » . Heureux comme un môme, Don Vito profite à 34 ans, de ce qui pourrait être l’une des plus belles saisons de sa carrière. Alors quand on lui demande comment il voit son avenir, celui qui n’a signé que pour un an, avec une année en option, répond comme il joue, avec le sourire : « Champion ! » . Et ce serait loin d’être un braquage.
Par Swann Borsellino