- Italie
- Serie A
- 20e journée
- Cagliari/Sassuolo
Domenico Berardi, plus sage que Balotelli ?
Le pensionnaire de Sassuolo affiche des statistiques impressionnantes malgré son jeune âge, le voilà dans la droite lignée d'un certain Mario Balotelli, que ce soit sur le plan de l'efficacité ou de l'indiscipline.
Il y a tout juste un an, Domenico Berardi détruisait le Milan à lui tout seul. Un quadruplé bien propre servi en une petite demi-heure. Allez, prends-ça dans les dents, Allegri, et va chercher ton indemnité de licenciement auprès de Galliani. Voici comment s’était présenté l’attaquant de Sassuolo à la planète football. Le plus jeune à inscrire un quadruplé en Serie A depuis Silvio Piola, le premier à le faire face au Milan. La Berardimania pouvait commencer, d’aucuns le voulaient de la partie au Mondial 2014, d’autres le voyaient rejoindre la Juventus dès cet été sur ordre d’Antonio Conte. Finalement, rien de tout ça ne s’est avéré. Mimmo est resté dans la paisible Sassuolo, le club qui l’a découvert en 2010 alors qu’il tapait tranquillement un futsal avec les potes de son grand frère étudiant. Il continue ainsi de peaufiner ses statistiques, qu’elles soient positives ou négatives, rappelant la « dangereuse » trajectoire d’un certain Mario Balotelli.
Plus prolifique que Balotelli à cet âge
Le choix de poursuivre son parcours sous les ordres d’Eusebio Di Francesco au moins encore un an est très probablement le bon. Sassuolo n’est pas un petit club de province comme les autres. Les moyens et les ambitions sont là pour construire une équipe compétitive et capable de tenir tête à n’importe quel adversaire (bon sauf l’Inter, c’est vrai). Ainsi, Berardi évolue déjà dans un contexte technico-tactique qui peut s’apparenter quelque peu à celui d’un top club. Toutes proportions gardées bien entendu. Ça joue au ballon et ça prend des risques. Il ne porte pas le poids de l’équipe à lui tout seul puisqu’il doit partager la vedette avec un certain Simone Zaza qu’on ne présente plus. On ne joue donc pas pour lui. Tant de facteurs qui font que Berardi a moins de risques de surchauffer le jour où il atterrira dans un grand club.
Il avait mis la barre très haut l’an passé avec 16 buts inscrits, et ses 5 réalisations à la mi-saison dénotent un petit relâchement. Surtout, il a l’art de les concentrer sur certains matchs, déjà un quadruplé, deux triplés et deux doublés. Cela donne tout de même un total de 21 réalisations en 44 rencontres à même pas 20 ans (qu’il aura en mars prochain). C’est mieux que quiconque depuis des années, et surtout mieux que Balotelli qui s’était arrêté à 20 en 59 rencontres avec l’Inter. Pour ne pas parler de l’apport dans le jeu, facilité par sa position sur le terrain, l’aile droite, à partir de laquelle il peut distribuer les caviars, 12 ont été transformés en but en 15 mois de Serie A. Problème, une autre statistique lui permet de s’offrir un triple double, et c’eut été évitable.
Plus indiscipliné aussi
21 buts, très bien. 12 passes décisives, très bien. Mais aussi 13 matchs de suspension cumulés. Sachant qu’il n’a jamais été blessé depuis ses débuts parmi l’élite, il a donc loupé 22% des rencontres à disposition à cause de son indiscipline. L’an dernier, il avait dû attendre la 5e journée pour faire ses débuts en Serie A purgeant les quatre matchs écopés lors de la dernière journée de Serie B, pour une embrouille avec le gardien adverse. Puis, il encaisse déjà 4 jaunes lors des 12 premiers matchs de Serie A. Nouveau match de suspension. En mars dernier, il décoche un coup de coude dans la tronche de Molinaro, seulement 50 secondes après son entrée en jeu. Bim, trois matchs. Même chose en septembre avec Juan Jesus de l’Inter. Encore trois matchs en tribunes. Quatre nouveaux jaunes et encore une suspension pour accumulation d’avertissements en décembre. En ayant reçu trois lors des quatre matchs, il est déjà de nouveau sous la menace d’une suspension… Bilan : 17 jaunes et 2 rouges en 44 matchs. Là aussi, il bat Balotelli qui avait chopé 17 biscottes en 59 rencontres de Serie A avant ses 20 ans, mais surtout aucune expulsion.
Cela dit, Berardi et Balotelli ont peu de choses en commun, déjà dans leur style de jeu, l’un tout en puissance et force de frappe, l’autre tout en finesse, mais surtout dans leur caractère. Balo est un mec qui en a après la terre entière et qui garde en lui une véritable colère. Le roi de la Ferrari, du tweet et de la Bimbo. Tout dans l’excès. Berardi est tout l’inverse, même si habiter à Sassuolo aide à garder les pieds sur terre. Discret, loin des caméras, absent des réseaux sociaux. Un garçon tranquille et bien dans sa peau. D’où l’incompréhension devant ce gros manque de discipline. Rappelons aussi qu’il avait été suspendu un an des équipes de jeunes italiennes (jusqu’en mai dernier) pour avoir refusé une convocation en U19. Bref, une énigme pour le moment indéchiffrable, mais un problème qui devra vite être réglé, sous peine de squatter les tribunes d’un top club européen d’ici quelques années.
Par Valentin Pauluzzi